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Biodiversité : le vivant en mouvement

Coordenado por Carine Pionetti e Robert Ali Brac de la Perrière, Bédé

1998

Recueil de fiches d’expériences traitant de facettes diverses de la biodiversité, ce dossier est avant tout un pas vers l’échange d’information. Echanges d’expériences entre ceux et celles qui utilisent et gèrent quotidiennement la diversité du vivant, qui l’étudient, qui suivent les négociations internationales sur les ressources génétiques, qui sont impliqués dans des projets de conservation. Ou bien encore échange de considérations entre ceux et celles qu’elle concerne, tout simplement.

Ces expériences proposent, ici, une réflexion sur les fondations de la relation liant les êtres humains à leurs milieux naturels, aux semences qu’ils cultivent, aux forêts qu’ils habitent, aux océans qu’ils sillonnent. Là, c’est de la multiplicité des activités engendrant l’érosion de la diversité du vivant, et de la diversité des initiatives visant à freiner la dégradation des ressources dont nous nous trouvons témoins. Si certaines de ces initiatives dénotent une grande ingéniosité, d’autres sont empreintes de contradictions que les auteurs n’hésitent pas à nous livrer avec sincérité. Plus loin, c’est de la recherche et du commerce sur les ressources génétiques que l’on nous entretient, parfois avec verve, d’autres fois sans paillettes ni illusion.

Ainsi vont, s’articulant les uns aux autres, s’éloignant, se recoupant, ces textes issus d’expériences, d’observations et de cheminements multiples.

Construire un système d’information sur la biodiversité

[…]

Construire un système d’information de manière à donner des repères et permettre à chacun de trouver de l’information sur les questions de biodiversité à son niveau de connaissance et de questionnement est l’objectif principal d’un programme sur la biodiversité conduit par la Bibliothèque d’échanges de documentation étudiante (Bédé). Ce travail en chantier participe à la dynamique de l’Alliance pour un monde responsable et solidaire, réseau international de citoyens mobilisés pour faire face aux défis majeurs du XXI siècle. Dans le système d’information en construction, les notions strictement scientifiques, sans être absentes, ont cédées le pas aux questions sociales, éthiques, économiques, politiques qui constituent les réels enjeux de la biodiversité. Le programme contribue ainsi à l’aménagement d’une plate-forme d’échanges entre citoyens sur les grands problèmes globaux comme l’érosion de la biodiversité, la perte des savoirs traditionnels, la privatisation du vivant ou la diffusion massive des organismes génétiquement modifiés.

[…]

Le vivant en mouvement : quelques jalons

[…]

Les communautés rurales jouent un rôle essentiel dans la gestion de la biodiversité. Elles utilisent et entretiennent une large gamme de ressources vivantes, allant des animaux domestiques aux plantes médicinales en passant par les espèces aquatiques. Dans les pays du Sud, c’est à la fois la sécurité alimentaire, la santé, et les savoirs et traditions des populations rurales qui reposent directement sur cette base ces ressources.

L’érosion de la diversité du vivant, liée à des phénomènes multiples d’ordre local ou global, représente ainsi une atteinte réelle à l’existence de sociétés dépendant de la diversité des ressources génétiques. A la perte d’espèces animales et végétales et la disparition d’écosystèmes vient souvent se greffer une érosion culturelle des savoirs et des pratiques d’une région. Par ailleurs, l’érosion génétique compromet la capacité future des populations humaines à utiliser la biodiversité pour développer des nouveaux systèmes agricoles, de santé, ou des procédés industriels.

La conservation de la biodiversité, envisagée et développée dans les années 60 sur le mode ex-situ, est aujourd’hui re-visitée sous un autre angle. La conservation est alliée à la protection des écosystèmes menacés et des pratiques et usages traditionnels et novateurs de gestion durable des ressources. Si les banques de gènes et les aires protégées restent d’actualité, l’on insiste aujourd’hui de plus en plus sur la gestion paysanne des ressources, et sur la valorisation locale de la diversité. Cette approche promet d’être plus efficace si les communautés rurales et autochtones, fortes de leur contribution locale, accèdent aux négociations globales sur la conservation de la biodiversité.

L’utilisation des ressources génétiques dans les domaines de la recherche et du commerce est une autre facette importante de la conservation durable. La production et la commercialisation de produits issus des biotechnologies sont des activités potentiellement très lucratives dont la régulation est toujours en chantier.

Par ailleurs, comme l’utilisation de la biodiversité requiert un accès sûr et stable aux ressources génétiques, la question de l’accès aux ressources est devenue l’un des enjeux majeurs de la négociation internationale sur la biodiversité. Il s’agit d’une part de réguler l’accès aux ressources entretenues par les communautés rurales et à celles rassemblées dans les banques de gènes, et d’autre part de protéger par des droits de propriété intellectuelle des variétés ou des gènes obtenus ou isolés grâce à la recherche sur des plantes, animaux, ou micro-organismes. Deux enjeux et deux normes vivement contestées dans l’arène internationale, à mesure que l’industrie du vivant se développe, et qu’un imposant attirail juridique de propriété intellectuelle se met en place. Au rang des produits issus de la recherche sur le vivant figurent les organismes génétiquement modifiés, qui introduisent des risques écologiques nouveaux.

Quelques propositions de législations pour une gestion durable des ressources ont été aussi recueillies, alternatives pour une vision plus équitable de l’utilisation de la biodiversité.

Vers une nouvelle étape

Né d’un réseau en évolution et en mutation, ce document de travail est lui-même la première étape d’un projet sur la biodiversité s’inscrivant dans la durée. Ce document ne prétend pas aborder tous les thèmes cruciaux de la biodiversité. Peu d’expériences ont été transmises à la base dph dans certains domaines qui mériteraient d’être mieux enrichis dans le futur. Par rapport à l’acuité des enjeux, on relèvera le besoin de nourrir davantage la base sur les questions suivantes :

la conservation ex-situ : son rôle passé et présent dans la conservation des ressources génétiques et ses applications pratiques (c’est-à-dire les modes de conservation in-situ et leurs mandats respectifs). Il conviendrait aussi d’évoquer l’impasse dans laquelle ce type de conservation se trouve aujourd’hui (problèmes sur le long terme, contrôle et entretien des collections, accès limité aux ressources génétiques,…).

l’intérêt des zones protégées dans la conservation in-situ des espèces végétales ou animales (exemples de réserves naturelles ou de biosphère dans diverses régions du monde, gestion de ces zones protégées, rôle des différents acteurs impliqués).

l’organisation de la recherche agronomique dans le monde : des systèmes nationaux et internationaux existent, qui partagent des agendas communs (création de variétés d’élite, diffusion des variétés hybrides…).

Les biotechnologies : celles-ci sont amenées à jouer un rôle croissant dans l’utilisation des ressources génétiques. L’utilisation qui est faite des outils biotechnologiques, l’orientation des efforts dans ce domaine, et le contrôle du génie génétique sont des sujets capitaux. De même, l’arrivée des organismes génétiquement modifiés et la biosécurité, la montée en puissance de l’industrie du génie génétique et le rôle des lobbies la soutenant sont des thèmes qu’il serait urgent de mieux documenté.

L’implication de multinationales (telles Monsanto, Novartis…) dans l’industrie agroalimentaire et le verrouillage de la chaîne alimentaire, depuis les semences jusqu’aux herbicides, ainsi que leurs investissements propres dans la recherche (biologie moléculaire…) seraient aussi à traiter.

La notion de droit, et l’interprétation actuelle des droits de propriété intellectuelle appliqués aux ressources génétiques : l’avancée du droit des obtenteurs de variétés végétales, et le vide laissé au niveau du droit des communautés. L’importance des brevets – qui privatisent les ressources, et assoient le contrôle des groupes les plus puissants – devrait être abordée, de même que la biopiraterie et la géopolitique de l’accès aux ressources.

Enfin, les mécanismes de réglementation internationale mériteraient plus d’attention, afin de retracer l’évolution des engagements et de mettre en lumière l’imbrication des mécanismes économiques internationaux dans la gestion globale de la biodiversité.

Ainsi, ce dossier peut être envisagé comme « un appel à contribution », comme un livre inachevé d’une biodiversité en mouvement dont l’histoire est à étoffer, et dont la fin reste à inventer.

Carine Pionetti, Robert Ali Brac de la Perrière

1998, Bédé (www.bede-asso.org)

60 fiches

1-10 / 11-20 / 21-30 / 31-40 / 41-50 / 51-60

Bédé (Bibliothèque d’échange de documentation et d’expériences) - 47 place du Millénaire, 34000 Montpellier, FRANCE - Tél. (04)67 65 45 12 - Fax (04)67 65 45 12 - Franca - www.bede-asso.org - bede (@) bede-asso.org

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