Georges THILL, Jean-Paul LEONIS
04 / 1995
Dans le contexte de la création du sous-réseau PRELUDE « Pharmacopée humaine », en décembre 1988 au Rwanda, le Dr Van Puyvelde, ayant habité ce pays pendant 20 ans, nous transmet son expérience.
Conscient des problèmes de santé et du manque de médicaments occidentaux, un noyau de quelques chercheurs de la Faculté de Médecine et ensuite de la Faculté des Sciences, et de l’Institut d’Agronomie de Butare a initié les premières recherches sur la médecine traditionnelle rwandaise depuis 1978. Ce petit noyau s’est instauré en 1977 en groupes interfacultaires de recherche qui ont permis de lier diverses pharmacopées aux connaissances et savoir-faire de certains tradipraticiens rwandais.
L’Université Nationale du Rwanda, remarquant l’importance de ces travaux et le développement qu’il fallait en tirer, institua en 1980 le CURPHAMETRA, Centre Universitaire de Recherche sur la Pharmacopée et la Médecine Traditionnelle, comme centre de recherche autonome, avec l’aide de l’Université de Gand et de l’AGCD (Administration générale de la Coopération belge au Développement), et ayant pour mission l’étude de l’exploitation de la médecine traditionnelle; la recherche phytochimique de médicaments à partir de plantes médicinales et d’autres produits d’intérêt économique à partir de matière première locale; la contribution à la recherche de la pharmacopée rwandaise.
Six programmes de recherche ont été élaborés: promotion de la médecine tradionnelle rwandaise; études botaniques de la flore médicinale rwandaise; recherche sur les plantes médicinales utilisables contre les maladies infectieuses; étude des plantes médicinales utilisées dans la lutte contre les pathologies non infectieuses ; étude et exploitation des plantes aromatiques et des huiles essentielles au Rwanda; mise au point des technologies de production de médicaments, de pesticides et d’autres produits d’intérêt économique à base de matières végétales locales.
Au bout de ces quelques années d’effort de recherche, le CURPHAMETRA a obtenu quelques résultats appréciables et a pu mettre sur pied un dispensaire où des tradipraticiens soignent, en toute liberté selon la méthode ancestrale et dialoguent avec les médecins. Ces échanges ont permis de démontrer la valeur thérapeutique de plusieurs plantes utilisées en médecine traditionnelle rwandaise. Le Centre a produit six thèses de doctorat, de nombreux mémoires de licence, ainsi qu’un grand nombre de publications dans différentes revues internationales; avec l’aide de l’ONUDI (Organisation des Nations Unies pour le développement industriel) du gouvernement belge, le Centre s’est doté d’une usine pilote de production de médicaments à partir des plantes, ce qui lui a permis d’abord de maîtriser certains procédés et ensuite de produire des médicaments nouveaux à partir de plantes locales ou importées déjà décrites dans diverses pharmacopées. Ces médicaments ont été livrés aux hôpitaux, aux centres de santé et aux dispensaires ainsi qu’aux pharmacies publiques et privées. Plusieurs médicaments nouveaux ont été développés et certains ont été commercialisés.
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, Ruanda
Biodiversité : le vivant en mouvement
Idées, expériences et propositions sur les sciences et la démocratie
Actuellement, les médicaments qui ont été commercialisés dans diverses institutions du Rwanda (hôpitaux, centres de santé, dispensaires et pharmacies privées) n’ont plus un approvisionnement assuré. Entretemps, la violence qui s’est abattue sur ce pays à détruit le développement de la production.
Au Rwanda, comme dans d’autres pays en développement, environ 80% de la population recourent à la médecine traditionnelle qui regorge d’une masse importante de connaissances secrètes qu’il faudrait sauver de la disparition. Les populations qui ont survécu à ce génocide atroce en ont besoin. Il importe aussi de noter, comme ce fut un des enjeux du symposium PRELUDE DE Ouidah en mars 1995, que l’investissement de la recherche doit dépasser, comme un CRUPHAMETRA, l’identification des plantes, la vérification de leur efficacité et de leur non toxicité pour aller jusqu’à la production, au développement, à la commercialisation, manière privilégiée de favoriser l’autonomie des populations.
Actas de colóquio, seminário, encontro,…
VAN PUYVELDE, Luc, PRELUDE, Presses Universitaires de Namur, 1991/06/01 (Belgique)
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