español   français   english   português

dph participe à la coredem
www.coredem.info

dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

Défendre les droits des femmes au travail dans les pays du Sud

Réalisé par Vanessa Gautier, Peuples Solidaires

01 / 2008

Ce dossier de 16 fiches montre les conséquences de la mondialisation sur la condition des femmes du Sud au travail. Il propose des analyses en terme de genre ce qui représente un grand l’intérêt pour l’action. On y trouve des études, des expériences d’organisations et de luttes pour la défense des travailleuses. On voit que les campagnes citoyennes d’interpellation, parties intégrantes des actions de la solidarité internationale sont indispensables pour faire reconnaître et garantir ces droits.

Défendre tous les droits des femmes

Défendre les droits économiques, sociaux et culturels, c’est donner une reconnaissance internationale à de nombreux droits fondamentaux qui sont au coeur des revendications des mouvements sociaux sur le plan international. Ce sont en effet les principaux droits touchés par les effets pervers de la mondialisation et de la libéralisation accrue des échanges. Dans la défense des droits, les droits des femmes ont une place fondamentale. Parce que les femmes sont souvent les actrices principales des systèmes de solidarité locale, elles sont essentielles pour accompagner et porter les changements sociaux et économiques.

Pourtant, le système hiérarchisé et inégalitaire entre les sexes qui prévaut dans la plupart des sociétés ne leur accorde qu’un accès limité aux ressources, à l’éducation, au crédit, etc. Il les maintient ainsi dans une situation de « vulnérabilité » économique, politique et sociale. Elles effectuent les deux tiers des heures de travail, produisent la moitié des aliments, gagnent dix pour cent du revenu total mondial, possèdent seulement deux pour cent des terres et constituent 70 % des 1,2 milliard de personnes vivant avec moins de 1 dollar par jour.

Une analyse en terme de genre et de mondialisation

Le « genre » représente ainsi un outil puissant d’analyse pour mieux comprendre la complexité des rapports sociaux qui sont au coeur du développement humain et du processus de mondialisation (fiche : La notion de genre, un outil conceptuel indispensable).

Le genre met l’accent sur les inégalités socialement construites entre hommes et femmes et détermine la répartition des rôles. Le monde du travail n’en est pas exempt. La mondialisation qui modifie les formes de travail a ainsi des impacts différents sur les hommes et les femmes et pèse plus lourdement sur les femmes (fiche : Genre, travail et mondialisation).

Une précarisation accrue

Si la mondialisation permet aux femmes d’accéder à l’emploi et donc d’être plus indépendantes économiquement, leurs conditions de travail se détériorent. A cause de pratiques d’achat de plus en plus agressives, de systèmes de gestion en flux tendu et de prix de plus en plus bas, les emplois auxquelles les femmes accèdent sont de plus en plus précaires. Le rôle émergeant des grandes enseignes de la grande distribution favorise ce phénomène (Fiche : L’impact des supermarchés britanniques sur le travail des femmes dans les pays du Sud, Une recherche d’ActionAid).

L’importance croissante des Zones Franches d’Exportation, dans les économies de plusieurs pays en développement s’accompagne souvent d’un affaiblissement de la protection des salariés, qui généralement n’ont d’autre choix que d’accepter des salaires de misère, des horaires de travail excessifs et des conditions de travail abusives. Il est fréquent que les employeurs des ZFE soient dispensés d’appliquer le droit du travail.

Les femmes qui constituent la majorité de la main d’oeuvre des zones franches, sont en outre victimes de discriminations supplémentaires en termes d’embauches, de salaires et avantages divers, du seul fait de leur sexe. Fréquemment sujettes au harcèlement sexuel, elles sont aussi parfois forcées à subir des tests de grossesse à l’embauche, particulièrement dans les « maquiladoras » usines des zones franches d’Amérique Centrale. La montée en puissance de la Chine, notamment dans le secteur textile avec la fin des quotas, renforce encore cette « course vers le bas » concernant les usines de sous-traitance.

Ainsi, partout dans le monde, ce sont souvent les mêmes problématiques. On les retrouve :

Flexibilité et informalité

Les travailleuses doivent être disponibles en fonction de la demande et ont donc un revenu non seulement faible, mais aussi variable et irrégulier, ce qui les pousse parfois à effectuer des travaux annexes, souvent dans l’économie informelle. Sur ce sujet, dans les zones franches, et dans la sous-traitance d’une manière générale, cette question est massive mais elle se pose également dans les travaux agricoles. La question de l’accès à la terre est en effet fondamentale pour la dignité des femmes au travail (Fiche: Défendre les droits fonciers des femmes et reconnaître leur rôle dans le travail agricole).

Des campagnes citoyennes pour appuyer les luttes

Heureusement nombreux sont les exemples de mobilisations citoyennes et de luttes sociales. En Europe, la Clean Clothes Campaign relayée en France par le Collectif Ethique sur l’étiquette (Fiche : Le Collectif Ethique sur l’étiquette, relais en France de la Clean Clothes Campaign), s’attache à défendre les droits des travailleurs dans l’industrie du vêtement où les femmes sont majoritaires. Ce réseau européen a d’ailleurs adopté une approche « genre » prononcée, avec notamment la publication du livre « Made by women », également disponible dans une version francophone (Fiche : « Fabriqué par des femmes », un livre sur les travailleuses de l’habillement).

Certaines luttes coordonnées au Nord et au Sud et qui ont fait se rejoindre des organisations de différents horizons ont trouvé une issue satisfaisante pour les Droits des femmes au travail, par exemple un combat qui a porté ses fruits : Fiche Les « Gaciliennes » au Burkina Faso.

 

D’autres luttes méritent un travail de plus longue haleine tant les responsabilités des entreprises est difficile à démontrer. Heureusement, des structures travaillent d’arrache pied parfois en lien avec des structures partenaires au Nord, comme le Workers’Assistance Center aux Philippines (Fiche : Mouvement social d’appui aux Philippines, le WAC dénonce les violences faites aux travailleurs et travailleuses), Globalization Monitor (Fiche Globalization Monitor : dénoncer les dérives de l’ultra-libéralisme à Hong-Kong et ses conséquences sur les conditions de travail) ou encore la fiche : SACOM en Chine. SACOM est une organisation d’étudiants chinois qui dénonce les entreprises sous-traitantes de Disney à Schenzen, mêlant habilement défense des droits des femmes et promotion des droits des travailleurs.

Mais ces mobilisations ont besoin d’être renforcées, appuyées. De nouveaux réseaux et synergies entre les différents mouvements sociaux doivent être impulsés. Et il ne faut pas perdre de vue non plus les outils juridiques existants au niveau international (Fiche : Droits des femmes au travail à l’international : les fondamentaux, indispensables pour mieux défendre les droits des femmes au travail et pour dénoncer les violations).

En France, le Réseau-Solidarité de Peuples Solidaires a été créé en 1981 pour défendre les Droits de l’Homme et particulièrement les Droits Economiques, Sociaux et Culturels. Les membres du Réseau-Solidarité soutiennent les hommes et les femmes qui se mobilisent pour faire respecter leurs droits en relayant l’information et en faisant pression sur les décideurs par le biais de campagnes de lettres. Le Réseau-Solidarité rassemble aujourd’hui près de 10 000 membres, il a lancé près de 300 appels. 7 fois sur 10, les campagnes contribuent à faire évoluer voir à débloquer des situations.

Vanessa Gauthier, Peuples Solidaires, janvier 2008

16 fiches

1-10 / 11-16

Peuples Solidaires - 2B rue Jules-Ferry, 93100 Montreuil, FRANCE - Tél. : 01 48 58 21 85 et 10 quai de Richemont, 35000 Rennes, FRANCE - France - www.peuples-solidaires.org - info (@) peuples-solidaires.org

mentions légales