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Le responsable du Collectif des Associations du Yatenga -CADY- au Burkina Faso dénonce le caractère artificiel de certains groupements paysans créés à la demande des bailleurs qui en font une condition pour recevoir l’aide

Naaba Ligdi S. KAGONE, Maryvonne CHARMILLOT, Séverine BENOIT

12 / 1998

Naaba Ligdi S. KAGONE, chef de service de l’alphabétisation au Yatenga et responsable du CADY (Collectif des Associations Du Yatenga) : « Le mouvement associatif, même si les gens disent que cela a démarré il y a très longtemps, en fait il y a beaucoup de créations nouvelles, de groupements nouveaux, d’associations. Tout est pratiquement nouveau et tout le monde démarre en même temps. Ce que les gens ont comme information c’est qu’il faut s’organiser pour avoir l’aide. Souvent les paysans sont organisés en groupements. Ce sont des groupements comme cela mais si on analyse au fond, cela ne va pas. L’idée de groupement, c’est pour être écouté de l’extérieur et pour avoir des sous. C’est cela la vérité. Et ceux qui viennent donner l’argent, ils incitent à se regrouper puisqu’ils sont sûrs qu’ils ne peuvent pas toucher chaque individu. C’est la logique même de toute stratégie. On ne peut pas chercher chaque paysan dans sa case. Cela coûte plus cher. Donc il vaut mieux tout faire pour que les gens soient réunis.

Sans cette incitation extérieure, l’Etat n’avait pas besoin que les gens se réunissent. Si l’Etat veut tout le monde, on dit au chef du village de rassembler tous les villageois. Si on dit : « Sortez les femmes », les femmes sortent. Les villages étaient organisés. On n’a pas besoin de réorganiser les femmes à part ou autres groupements par catégories. Par exemple, l’expérience traditionnelle en pays mossi dite du Naam, était une association de jeunes. Elle existait dans chaque village, elle avait une vocation globale et pas économique seulement. Ses activités s’étendaient sur une année. Les gens, pour les avoir, c’était facile. Mais les bailleurs, ils veulent ce que j’appelle du filtré. Ils veulent du sélectif. Alors dans ce cas-là il faut effectivement un minimum de réorganisation. Donc les gens s’organisent.

Au début chaque groupement se battait, à lui seul.. Après, l’information est venue de par nos gouvernements, disant aux groupements de se rassembler en associations beaucoup plus larges. Si vous touchez une personne, il faut que tout le monde soit touché aussi. Tout cela c’est de la stratégie de bonne guerre, c’est logique. Je sais qu’ici les personnalités de l’Etat nous ont demandé de nous associer et de leur envoyer les dossiers. Nous savons qu’ils sont incités à cela par un peu plus haut. « Tant que vous n’organisez pas vos paysans, on ne vous donnera plus rien », leur disent les Aides. Alors ils sont obligés de venir nous dire : « Rassemblez-vous en groupements plus grands ». Mais tout cela vient d’en haut, cela vient d’ailleurs. Ce ne sont pas des initiatives des associations ou des groupements. Mais ils sont contraints aussi, ils sont forcés par le haut niveau. C’est une dynamique extérieure ».

Palavras-chave

organização camponesa, clientelismo, agência de fundos


, Burkina Faso, Yatenga

dossiê

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Comentários

Notre interlocuteur constate que les organisations coutumières au village, en pays Mossi, étaient vivantes. Mais aujourd’hui, les agences d’aide veulent « du filtré » ; alors l’Etat accepte cela et agit pour que les groupements se fondent, puis s’unissent au niveau villageois jusqu’au niveau national. On peut penser autrement : la poussée des organisations comme la Fédération des Unions de Groupements Naam (active dans cette même région depuis 1976) a, elle aussi, forcé l’Etat et les Agences à adopter cette démarche opposée à celle qu’il suivait avant les années 90.

Fonte

Entrevista

Entretien avec Naaba Ligdi S. KAGONE, à Ouahigouya, août 1998

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