Une réorganisation sociale de la ’société totaliste’ à la ’société post-totaliste’
03 / 2000
Le projet Hope est un projet de vaste envergure lancée par la Fondation du développement de la jeunesse chinoise (China Youth Development Foundation - CYDF) dont le but principal est de collecter des fonds pour permettre la scolarisation des enfants défavorisés. Les stratégies de mobilisation de ressources dans ce projet sont emblématiques des changements de mentalités et des circonstances qui s’opèrent en Chine. Elles illustrent le passage d’une société totaliste (totalist society) où tout était géré de manière centralisée par l’Etat et son appareil, à une société post-totaliste (post-totalist society) où on voit émerger des attitudes plus décentralisées et des initiatives plus indépendantes des grandes structures étatiques. Cependant malgré ces changements, il est intéressant de noter qu’on ne se retrouve pas tout d’un coup dans un environnement de "marché libre" et de "démocratie à l’occidentale", mais qu’on assiste bien à une transformation progressive de la société totaliste en autre chose. Tout d’abord le fait même de lancer une campagne de mobilisation de ressources est significatif. En effet, avant, lorsque la grande majorité des ressources étaient encore sous le monopole étatique, il n’y avait pas beaucoup de ressources libres à mobiliser. Ce n’est qu’avec le désengagement de l’Etat dans de nombreux secteurs que des ressources non-étatiques importantes ont commencé à apparaître et qu’il paraissait utile de les utiliser pour mener à bien certains projets sociaux. Mais la manière de le faire peut nous sembler à nouveau très "totaliste", bien qu’en fait on y constate aussi de nombreuses évolutions. A première vue le projet Hope ressemble beaucoup à une campagne classique de charité lancée par le gouvernement. Outre son lancement par la CYDF, le programme bénéficie des infrastructures administratives et même des canaux médiatiques du gouvernement tels que journaux, radios et télévisions pour assurer sa publicité. Ce support n’est pas uniquement technique mais aussi symbolique. Ainsi les invitations à donation publiées dans le "People’s Daily", qui est un organe du Comité central du Parti, sont plus que de simples publicités : elles ont l’aval de l’autorité ce qui leur confère une grande légitimité. Mais en même temps le fait de se lancer dans une campagne de publicité dans les médias est vécu par la plupart des protagonistes comme une véritable révolution : avant pour ce genre d’annonces on procédait par envoi de centaines de milliers de lettres individualisées. De plus la CYDF laisse une grande liberté d’initiative aux responsables du projet Hope pour mener celui-ci à bien de la manière la plus efficace, ce qui inclut la mise en place de sa symbolique autonome. Dans la conscience populaire, si le projet a eu un grand succès et est tout de suite identifié, peu sont ceux qui savent qui est à l’origine de ce projet. On a ici un bel exemple du jeu entre "système" et "autonomie" autant quant aux ressources mobilisées que quant aux stratégies mises en place.
Etat et société civile, jeune, projet de développement, innovation sociale, vie associative, changement culturel
, Chine
Cette fiche a été rédigée dans le cadre du Pôle de médiations entres les villes européennes et chinoises. Ce pôle est piloté par l’Aitec, Association Internationale de Techniciens Experts et Chercheurs, 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris - Tél : 01 43 71 22 22 - Fax : 01 44 64 74 55 - aitec@globenet.org - www.globenet.org/aitec
Compte rendu de colloque, conférence, séminaire,…
LIPING, Sun; JUN, Jin; JIANGSUI, He, Socially Recognizing Social Resource : Study on the Process of Project Hope's Resource Mobilization, 13 p