La demande est forte de la part des jeunes bacheliers pour une formation dans un secteur qui a un parfum de vacances Il n’est pas sûr que les formations offertes soient adaptées aux besoins et à l’éthique du tourisme
08 / 1997
Dans une société qui ne parvient pas à résorber le chômage, le problème de l’emploi des jeunes est devenu une priorité. Alors que beaucoup de secteurs voient se multiplier la disparition d’entreprises, celui du tourisme semble ne pas devoir connaître de ralentissement. Il est en pleine expansion et aucun indicateur ne laisse entendre un ralentissement de cette activité, tout au contraire. Un grand nombre de lycées publics et d’écoles privées en France assurent la préparation d’un BTS Tourisme, qui est la formation de base pour de nombreux métiers du tourisme. Le programme, fixé par l’Education Nationale et étalé sur deux ans, est très lourd, car il doit aborder de nombreuses matières, la maîtrise de l’informatique, et la pratique de langues étrangères. Il s’agit donc surtout d’un survol qui rend insatisfaits à la fois le corps enseignant et les élèves. D’un autre côté, les métiers du tourisme étant appelés à évoluer très rapidement, du fait des nouvelles technologies, on peut se demander si l’apprentissage d’aujourd’hui sera adapté à la demande dans peu d’années. Par exemple le métier d’agent de comptoir, exercé par de nombereux salariés dans les petites agences de voisinage, présentes dans les agglomérations les plus reculées, disparaîtra sans doute dans le raz de marée de la mondialisation, dès que l’habitant du village français le plus reculé pourra acheter sur Internet à une mutinationale japonaise un voyage en Afrique au meilleur prix. Néanmoins le problème le plus préoccupant posé actuellement par les écoles de tourisme publiques ou privées est que la surcharge des programmes laisse peu de place à une réflexion critique sur le tourisme et sa place dans la société actuelle. Il n’est traité la plupart du temps que comme une marchandise comme une autre. Si la géographie est abordée, c’est pour ses paysages. Si l’histoire est abordée, c’est pour les vieilles pierres.
Il est vrai qu’un certain nombre de professeurs et d’élèves se préoccupent de voir oblitérer la dimension humaine. Dans un certain nombre d’écoles publiques ou privées de préparation au BTS Tourisme, des cours hors programme sont organisés, sur la suggestion des enseignants ou à la demande des élèves eux-mêmes. Y sont abordés la question du tourisme durable et celle de l’éthique du tourisme, de l’impact du tourisme sur l’environnement. Ils n’ont pas seulement pour effet de proposer de nouvelles connaissances, mais de soumettre les connaissances acquises à une nouvelle grille de lecture et d’encourager les élèves à ne pas entreprendre une carrière tentante dans n’importe quelles conditions.
Au niveau supérieur, de nombreuses universités ouvrent à des métiers du tourisme ou à la recherche. Mais l’industrie touristique reproche à l’enseignement universitaire de n’être pas assez proche des besoins réels des entreprises. On peut espérer que enseignants comme étudiants pourront faire évoluer l’enseignement des matières touristiques vers une sensibilisation de plus en plus grande des questions relatives à l’environnement et à la durabilité.
éducation, enseignement technique, formation professionnelle, université, politique de l’éducation, réforme du système éducatif, éducation au développement
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Les textes, les chartes, les codes de conduite, les conférences internationales et les colloques ne manquent pas pour tirer la sonnette d’alarme sur les aspects négatifs et parfois destructeurs du tourisme. Les préoccupations qui y sont exprimées ne transparaissent guère dans les programmes des écoles qui préparent aux métiers du tourisme, et encore moins dans la presse spécialisée qui devrait apporter aux professionnels une formation permanente. Il apparaît que la plus grande partie de l’enseignement concerne la gestion du profit. Les consommateurs, pour la séduction duquel s’organisent et évoluent les produits touristiques ont un rôle à jouer dans l’évolution du marché. On peut espérer que les enseignants et les élèves eux-mêmes participeront à une évolution des mentalités en vue d’un tourisme fondé sur une meilleur respect des populations d’accueil. Il appartiendrait aux pouvoirs publics et à l’Education Nationale de veiller à l’évolution des programmes er des méthodes pédagogiques.
Les informations données dans le numéro 9 du bulletin d’information interne de l’association Transverses sont données par des enseignants et des élèves, et sont complétées par des thèses et des mémoires d’élèves.
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