Regards sur l’avenir de la planète : à propos de rencontres dans sept régions du monde, en vue de la convention préparatoire aux états généraux de la planète

La Fondation pour le Progrès de l’Homme et le groupe de Vézelay ont organisé en 1992 et 1993 des rencontres dans 7 sous-continents en vue de la Convention préparatoire des Etats généraux de la Planète. Pour le Cône Sud de l’Amérique latine, les pays du monde arabe, l’Afrique sub-saharienne, l’Amérique du Nord, l’Europe (Est et Ouest), l’Inde et l’Asie du Sud-Est, et enfin la Chine, 15 à 30 personnes diverses par leur origine géographique dans le sous-continent et par leur origine socio-professionnelle se sont réunies de deux à cinq jours pour dialoguer de l’avenir de la région et plus largement de l’avenir de la planète. Les thèmes de l’écologie et du développement social et humain en ont été les thèmes centraux.

Quelques principes méthodologiques ont structuré ces rencontres

* Les participants ont été choisi à titre personnel afin d’éviter un dialogue entre institutions;

* Chaque participant devait présenter au cours d’un long tour de table comment il conçoit pour la région dans laquelle il vit

- les déséquilibres, pénuries et risques majeurs,

- les principes et les valeurs devant guider l’action future,

- les priorités pour l’action et les réalisations exemplaires.

Le portrait qui ressort de ces rencontres est fortement préoccupant. Partout, conditions sociales et environnement se dégradent de par l’accélération des préoccupations économiques au dépend du bien être physique et spirituel de l’Homme. Et si tous les groupes ont fait le constat sévère de cette dégradation, tous ressentent aussi la difficulté de se libérer de la machine infernale du soi-disant progrès que le monde occidental impose et essaime à l’ensemble des pays de la planète. Cette impuissance, pouvant se traduire sous le terme "d’acratie" - situation où l’on sent ce qu’il faudrait faire mais où on ne possède ni la volonté suffisante ni l’idée de comment le faire- est la principale menace qui pèse sur notre planète.

Dans chacun des sous-continents, il ressort que les impératifs à court terme nous emprisonnent et nous empèchent d’établir les bases nécessaires à un développement soutenable pour le long terme; si ce phénomène peut aisément se comprendre dans les pays du sud où la survie quotidienne est une réalité pour la majorité de la population, il devient inexcusable dans les pays du nord quand on sait qu’il se maintient uniquement pour satisfaire notre avidité "la terre peut produire assez pour répondre aux besoins (needs)de chacun mais non à l’avidité (greeds)de tous".

Pour sortir de cette acratie, il est nécessaire d’abord de réinsérer l’homme dans son écosystème et de ne plus considérer qu’il est là pour "dominer" la nature (les critiques vis à vis de l’hégémonie occidental en terme de développement, mais aussi vis à vis de la religion chrétienne ont été souvent vives). Il est nécessaire pour cela de se recentrer à titre individuel et communautaire sur le développement moral, la première pollution à éradiquer étant dans l’esprit.

Le couple environnement / développement étant le mariage le plus raté - et les illustrations sont nombreuses quand on parle de l’eau, de la forêt, ou du nucléaire...-, il faut ensuite tenter de faire appliquer réellement les bonnes prédispositions des décideurs qui souvent ne les ont que pour des objectifs électoraux ou stratégiques.

Enfin, le rôle de la formation et de la sensibilisation apparait comme primordial, la connaissance "positive" devant être transmise entre les peuples et entre les générations.