01 / 1994
Ce n’est plus seulement du Paraguay même que des projets, des institutions, des groupements paysans envoient leurs membres visiter le Centre de Promotion des Paysans de la Cordillère (CPCC)au Km 57 de la Route 2, c’est maintenant d’Argentine et de Bolivie. Bientôt de plus loin encore. Pourquoi?
Il y a dans l’expérience du CPCC (reprise et racontée, mais pas par les paysans eux-mêmes, dans un livre de décembre 1993)de quoi alimenter tous les appétits et abreuver toutes les recherches.
C’est la structure organisative elle-même qui est originale. Le CPCC a les apparences d’une ONG et est en fait une véritable organisation paysanne. Les années de dictature obligèrent à adopter bien des couvertures et à supporter bien des parrainages. Mais l’évolution ainsi vécue est tellement illustratrice de contradictions normalement plus cachées: entre des conceptions organisatives, entre des visions sur le rôle des paysans dans les luttes sociales, entre les savoirs professionnels et les savoirs paysans, entre les perspectives de carrière et de vie de ces deux groupes et les possibilités de partage, etc. Ce combat pour l’autonomie paysanne est riche en leçons.
C’est le projet paysan lui-même qui étonne. Non pas tant par sa formulation actuelle puisque l’agroforesterie, l’agroécologie, le développement durable et d’autres termes à la mode pourraient plus ou moins l’exprimer (sans en manifester cependant les dimensions politiques, c’est-à-dire la vision de société qui l’inspire). Mais par le parcours qui y a conduit. Raconter la genèse d’une conception de développement, d’une politique de travail et de programmes d’action depuis les paysans eux-mêmes est très utile pour que d’autres puissent dynamiser leur propre processus.
Ainsi, les préoccupations du début étaient plutôt syndicales et productives. Premier saut: la pratique amena à se pencher (avant l’heure, avant les politiques nationales)sur la diversification productive agricole. Deuxième saut: il fallut inclure la foresterie pour protéger et améliorer et déboucher ainsi sur l’agroforesterie. Troisième saut: les nouvelles orientations cherchèrent à s’affirmer dans une vision globale qui guide toutes sortes d’activités, ce fut le développement agroécologique. Quatrième saut: la rencontre avec les indiens permit de retrouver la forêt en tant qu’inspiratrice et protectrice de la vie sous les tropiques, donc de dépasser l’opposition agriculture-forêt, et surtout de découvrir le besoin et la possibilité d’une vision encore plus globale, qui allie l’économie au culturel et à l’écologie et au spirituel...
Enfin, mais il y aurait plus, le CPCC, si acharné dans la construction et la défense de son autonomie, est sans doute l’une des institutions les plus ouvertes du Paraguay. Elle accueille des visiteurs de toutes parts et explique et raconte et partage. Elle organise même souvent ces retrouvailles. Elle travaille avec toutes sortes d’agences qui acceptent de respecter ses normes. Elle s’insère dans divers regroupements nationaux et internationaux, qui vont depuis ses relations avec les indiens au Paraguay jusqu’à sa participation au Conseil Latino-Américain de Développement Agroécologique - CLADES, dont elle est la seule organisation paysanne membre. Etc.
autonomía, desarrollo rural, diversificación de la producción, ecología, historia del desarrollo, interdependencia cultural, ONG, organización campesina, técnico y campesino
, Paraguay, Caacupé
Le CPCC n’est pas seulement un interlocuteur intéressant pour ses voisins proches. Il est pour tous ceux qui oeuvrent au développement rural un partenaire riche en expériences et avide de réalisations cohérentes, un organisme-ressource.
Non pas à la manière d’une institution super-programmée. A la manière d’une organisation paysanne avec ses conflits, ses réticences, ses trouvailles, son vécu, ses rythmes.
Ce vécu mériterait justement à présent une vraie capitalisation de l’expérience par les paysans eux-mêmes.
L’adresse du CPCC,Centro de Promoción Campesina de la Cordilleraest: CPCC - Ruta 2 Mcal. Estigarribia, Km 57 - Caacupé - Paraguay - Tél.: (595)511 - 728.
Presentación de organismo ; Libro
FRETES ESCARIO, Arnulfo; KOHLER, Alois; DE ZUTTER, Pierre, PPUT=PROJET PLANIFICATION USAGE DE LA TERRE, De la organización campesina al desarrollo rural sostenible; las experiencias agroforestales del CPCC, PPUT, 1992/12 (PARAGUAY)