Christian SCHMITZ, Sylvie ROBERT
12 / 1999
La SIDI (1)est une petite structure qui est passée en quinze ans d’une seule personne, Jean-Paul Vigier, à une douzaine de permanents aujourd’hui. Il n’y a jamais eu de volonté forte de voir se développer la structure. La taille de l’équipe actuelle semble la bonne : elle autorise un rythme de croisière, qui permet ou non d’être plutôt activiste, ou plutôt en phase de réflexion et de capitalisation, puis de repositionnement.
A ses débuts, la SIDI avait une préoccupation qui se parlait alors assez simplement en termes de métier et d’outils financiers : il s’agissait de faire du capital-risque dans de la petite entreprise. La SIDI était l’interlocuteur, sans intermédiaire, d’entrepreneurs dans différents pays. Ce métier a très vite trouvé ses limites en termes de suivi professionnel.
La deuxième étape a été très opérationnelle : on a répliqué des petites SIDI dans les pays concernés, des sociétés locales d’investissement en capital-risque dans lesquelles la SIDI était actionnaire, qui devenaient à leur tour les partenaires des petits entrepreneurs.
Evolution de l’activité de la SIDI en parallèle avec la capitalisation
Puis la SIDI, en partenariat avec la FPH et des partenaires plus institutionnels, comme le ministère français de la coopération et le PNUD, est entrée dans une phase de capitalisation, d’évaluation, pour voir si cette deuxième tranche de vie correspondait bien à ses objectifs. Il y a eu un changement de stratégie assez lourd après cette deuxième étape. Le besoin de réflexion interne est passé par une étude de capitalisation plus orientée sur l’Afrique, mais avec des éclairages d’Amérique latine et d’Asie.
Après cette étude, il y a eu effectivement une évolution non négligeable du métier de la SIDI. Nous sommes dans la troisième étape, qui a amené encore un changement de métier. En effet, l’une des leçons tirées de cette capitalisation a été qu’il fallait changer d’instrument : la logique du capital-risque nous amenait inévitablement à des besoins financiers de plus en plus lourds, devenait de plus en plus difficile à maîtriser à l’échelle des associations. Au delà des micro-entrepreneurs, on était tiré vers les PME, vers des entreprises qui n’étaient plus très loin du secteur bancaire classique. Or, la SIDI n’avait pas vocation à devenir une énorme structure. La SIDI devenait un intervenant dans le champ des banques traditionnelles, alors que l’on voulait répondre aux besoins de financement de ceux qui n’avaient pas accès aux banques. On est passé à l’accès au crédit, au prêt, plutôt qu’à la proposition de prise de participation.
Le changement a été amorcé pendant l’étude. Pendant cette capitalisation, progressivement, pays par pays, la recommandation était faite de quitter l’outil capital-risque et de proposer plutôt du prêt aux petits entrepreneurs. Ce choix a été mis en oeuvre.
La mise en place d’un petit réseau africain d’échange de savoir-faire et de formation est une autre conséquence de cette étude Afrique, qui a catalysé les échanges (Madagascar, Ouganda, Côte d’ivoire et Mauritanie). Aujourd’hui, ce réseau existe et fonctionne. Début juin, il organise un atelier de travail à Kampala sur la consolidation des fonds propres des structures de financement en Afrique. La SIDI y participe.
En fait le processus de capitalisation, qui a duré au moins deux ans et qui a fait appel à des compétences externes à la SIDI, a constitué un matériau. Il y a eu des travaux de synthèse, qui ont débouché sur une démarche d’évaluation. C’est bien l’outil qui a été évalué, plus que l’impact.
Une démarche avant tout interne à la SIDI
La dynamique d’équipe a permis d’assumer cette période de capitalisation, et les conclusions n’allaient pas à l’encontre de ce qui par ailleurs était en cours de réorganisation. Le schéma de capitalisation concernait plutôt la mission avec nos partenaires sur le terrain, tandis que l’autre démarche était interne (SIDI et actionnaires), et n’a à la limite pas été identifiée à l’extérieur.
La FPH attendait beaucoup en retour de la SIDI suite à cette capitalisation, alors que la SIDI a eu comme première conclusion de ce travail de capitalisation, non de le restituer à la FPH mais à elle-même. Il fallait d’abord que l’on en tire nos propres conclusions, que l’on arrive à les mettre en oeuvre et puis que, si effectivement ça débouchait sur une possibilité de restitution à la FPH, on le fasse.
Aujourd’hui, il est question d’organiser la nouvelle équipe et de mettre en place une fonction que l’on qualifie ici de ’ recherche-développement ’ qui comprend ces questions de capitalisation. C’est un investissement qui n’est pas négligeable puisqu’un mi-temps y est consacré. Dans ce poste sont aussi incluses l’approche réseaux et la formation.
La démarche de capitalisation en interne est donc acquise, mais elle est peu extériorisée et c’est un peu ce que l’on nous reproche. Mais c’est aussi parce que cette fonction s’est mise en place en interne que l’on a repris contact avec différents groupes de travail en France, sur les questions d’insertion par l’économie, de lutte contre l’exclusion, parce que l’on a pris et eu le temps, qui est aussi un matériau de travail.
rede de intercambio de saberes, pesquisa e desenvolvimento, acesso ao crédito, rede de intercambio de experiencias
, Franca, África
(1)La SIDI : Société d’Investissement et de Développement International, est née en 1983. Elle a comme finalité le développement économique par l’aide financière à la création de micro et de petites entreprises dans les pays défavorisés. L’auteur est directeur de la SIDI, après avoir travaillé huit ans au CCFD (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement)comme responsable des co-financements.
Entrevista
SIDI (Société d'Investissement et de Développement International) - 12, Guy e la Brosse, 75005 Paris, FRANCE- Tél. 33 (0) 1 40 46 70 00 - Fax: 33 (0)1. 46 34 81 18 - Franca - www.sidi.fr