03 / 1996
L’objectif de cette session était double : faire une première synthèse des discussions qui ont eu lieu et proposer des orientations pour la suite de la réflexion.
Deux insatisfactions principales ont été relevées : l’utilisation de concepts insuffisamment définis (agriculture familiale, agriculture paysanne, agriculture de plantation, ONG)et un certain nombre de points totalement évacués ou peu abordés : agriculture moyenne ou intermédiaire, politique alimentaire, politique sociale, société civile, contrôle des décisions de l’Etat, régulation macro-économique, importance des communautés comme niveaux intermédiaires par lesquels passent un certain nombre de régulation, absence d’une anthropologie et d’une économie de la famille qui nous aurait aider dans la définition de l’agriculture familiale.
Ces insuffisances ou insatisfactions apparentes sont liées à des remarques d’ordres méthodologiques.
Le sujet de départ, qui était vaste, a été décomposé, en particulier en ramenant une grande partie des débats sur la diversité des situations entre les différents pays voir au sein d’une même région. Le sujet a été déconstruit, mais sans qu’il n’y ait eu réellement de reconstruction par la suite. La problématique de départ a évolué, mais sans qu’une nouvelle n’émerge réellement. Pour pouvoir aller plus loin dans la réflexion scientifique (qui consiste à classer, expliquer et éventuellement prédire), l’élaboration de typologies, à peine ébauchées ici, permettrait de dépasser l’idée de diversité. Si cette dernière est bien une réalité du monde rural, il faut avoir une perspective plus globale, permettant de comprendre cette diversité.
Ce travail pourrait se faire à travers la recherche-action, comme certains chercheurs le font déjà au Brésil. Une autre possibilité serait de faire par pays le point sur la question de l’agriculture paysanne. L’instauration de groupe de travail par thème plutôt que par pays a aussi été évoquée.
Bien que tout au long des discussions, l’expérience des pays du nord ait quelque peu été marginalisée (le modèle de référence étant devenu le modèle asiatique)il semble important de la maintenir pour la suite de la réflexion. Le cas des agricultures des pays du nord est intéressant, pour montrer comment s’est faite l’insertion de l’agriculture familiale dans des économies qui se développaient.
Deux grands thèmes ont largement été abordés, amenant en partie des consensus mais laissant des questions sans réponses et ouvrant de nouvelles voies pour la suite de la réflexion.
L’économie de marché étant une réalité, la question est de savoir quelles sont les conditions données aux paysans pour se positionner sur le marché, et plus particulièrement quel doit être le rôle de l’Etat ? Deux affirmations semblent alors s’opposer : d’un côté la préservation de l’autonomie paysanne et donc la critique de l’interventionnisme de l’Etat ; de l’autre, la nécessité de l’Etat, dans son rôle de protectionnisme, de régulation et de services publics : faciliter les coopératives, promouvoir l’éducation, réguler l’utilisation des ressources, mise en place de nouvelles formes de crédits, de marché, ......... Jusqu’à quel point l’Etat doit-il intervenir ? Quelles sont les stratégies d’accompagnement de l’autonomie paysanne par l’Etat ? Quelle en est sa capacité et à quel coût ? Il ne faut pas oublier que l’Etat n’est pas une entité abstraite supra-sociale mais renvoie à la notion de bloc au pouvoir, pour lequel la paysannerie est un besoin politique. L’agriculture paysanne doit donc tirer profit de ses capacités de résistance et d’adaptation, et mettre en place des structures autonomes permettant de faire pression sur l’Etat.
La capacité d’adaptation et de résistance des paysanneries est globalement présente dans l’ensemble des pays, tout du moins au regard du nombre de paysans qui augmente. Pourquoi sont-elles si puissantes, ont-elles pu résister au temps ?. Quelles sont les formes de résistance? S’agit-il de formes de survie précaire à brève échéance, ou au contraire des formes d’adaptation durables ?
Aujourd’hui, les conditions sont de plus en plus difficiles. Dans certains cas, l’augmentation quantitative de la paysannerie ne s’accompagne pas d’un accroissement de leur viabilité. Dès lors, de quelle manière la sécurité alimentaire sera-t-elle assurée dans les prochaines années ? On pourrait s’interroger sur les atouts des petites agricultures face aux autres. Cependant, il ne faut pas négliger l’importance de la question d’échelle. S’agit-il de la sécurité alimentaire du petit producteur, de la région, du pays ou du monde ? Dans certains cas, la sécurité alimentaire peut s’opposer à l’indépendance alimentaire d’un pays, selon les choix qui sont faits. De plus, selon l’échelle considérée, certains acteurs exclus jusqu’à présents peuvent devenir prédominants. Il peut s’agir de d’autres formes d’agricultures, mais aussi des consommateurs. Comme il a été rappelé, la sécurité alimentaire se définit sous quatre termes : disponibilité alimentaire, accès physique à l’alimentation, accès économique à l’alimentation et acceptabilité des aliments par la population. Ceci renvoie au problème de la consommation et plus largement au problème de la pauvreté du monde rural mais aussi pauvreté de la nation. Quels sont les moyens, les méthodes et voies d’intervention ou d’action pour tenter d’alléger le problème de la pauvreté ? Il ne faut donc pas se focaliser seulement sur les petits producteurs, mais tenir compte des relations qu’il peut y avoir entre les différentes catégories d’acteurs (producteurs ou consommateurs).
intervenção do Estado, soberania alimentar, pobreza, consumação, agricultura camponesa, Estado e sociedade civil
, África, América Latina, Ásia, Europa
L’intérêt des communications présentées et des débats réside dans la grande diversité des situations qui ont été évoquées à travers les différents continents. Mais cette richesse d’informations a parfois rendu difficile une mise en perspective plus globale des questions soulevées.
Colloque "Agriculture paysanne et question alimentaire", Chantilly, 20-23 février 1996.
Actas de colóquio, seminário, encontro,…
Responsables : COURADE, Georges et HAUBERT, Maxime
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