Le médiateur : un intermédiaire parfois indispensable pour des rencontres interculturelles
04 / 1998
Nous avions invité nos partenaires chinois à plusieurs occasions en Europe (sommet de l’alimentation à Rome et voyage en France et en Afrique pour la réunion du réseau APM au Cameroun). Les Chinois nous demandaient de connaître le réseau international. Du côté des partenaires du réseau APM mondial et de la FPH, il existait aussi des interrogations sur la nature des partenaires chinois, sur la possibilité de faire quelque chose d’intéressant en Chine. Aussi, une mission s’imposait.
Les " ateliers-visites " : une forme de rencontre enrichissante
Nous avons opté pour une mission sous forme d’un atelier-visite en Chine. Celui ci se caractérisait par des visites de terrain (exploitations agricoles, industries agro alimentaires, villages, familles paysannes, autorités locales, communes...)mais aussi par des rencontres thématiques préparées à l’avance (l’agriculture durable, les organisations paysannes, le GATT et l’OMC, ...). Nous avons constitué un groupe international de 10 personnes venant d’Europe, d’Amérique latine, d’Amérique du Nord et d’Afrique. Il y avait trois responsables paysans, trois personnes d’Ong, une personne travaillant dans l’administration, une personne dans un service public (répartition des terres), trois traducteurs. Durant le déplacement en Chine, deux Chinois ont participé à l’ensemble de ce chantier. Ce chantier-visite a été soutenu par la Fph. Il a été organisé par Chen Yue Guang, le responsable de la revue paysans chinois, l’animateur du programme sino-européen spécialement créé pour développer les relations avec le programme APM. Ce programme réunit l’Académie de la culture chinoise, le centre de développement des techniques des zones rurales chinoises, le centre de recherche des zones rurales de la cour des affaires d’Etat, l’association des chefs d’entreprise paysans de Chine.
L’idée de faire des réunions thématiques a été moyennement rentable. En effet, la plupart de celles-ci se situaient en début de voyage, à Pékin. Les membres du groupe avaient peu d’expérience et de connaissances de la Chine. Aussi les questions des membres du groupe sont restées souvent générales. Les réponses de nos interlocuteurs l’étaient aussi. Il était difficile d’aller plus loin. En fin de séjour, ces rencontres thématiques auraient été plus fructueuses.
La médiation : rôle indispensable pour des liens avec la Chine
Toute la médiation pour la préparation de ce chantier visite a été assurée par Jin Siyan. Cela était complètement indispensable pour que nos attentes soient entendues et peut être comprises mais aussi que nous comprenions le sens des demandes de nos amis chinois. Chen Yue Guang a monté ce voyage en Chine en s’appuyant sur deux soutiens. D’une part, il a mobilisé son réseau personnel à Pékin et dans les régions. D’autre part, il a cherché à ce que le voyage soit légalement enregistré et donc couvert par les autorités. Ceci, de fait, a permis d’aller dans de nombreuses entreprises, des marchés, sans prévenir à l’avance. Le papier rouge que nous détenions permettait ces entrées. Par ailleurs, le contact avec les amis de Chen permettait un accueil, une ouverture de la discussion, une curiosité mutuelle réelle. Ces réunions, ces discussions étaient de fait protégées par l’engagement de l’Etat. Cela ne permettait pas de faire n’importe quoi. Mais cela ouvrait une marge de liberté supplémentaire dans certains cas (visite d’un marché, visites de villages isolés...). Chen Yue Guang expérimentait pour la première fois le fait de mobiliser un réseau de relations dans le cadre d’un réseau administratif. Il en a tiré un bilan positif. Cela lui donnait des perspectives supplémentaires pour l’avenir. Nous avons eu deux rencontres avec le comité stratégique des affaires de l’Etat. Deux de ses membres ont été impressionnés par la variété de ce groupe et sa capacité à analyser différentes situations dans le monde. Le fait de venir avec une délégation étrangère a permis d’être accueilli avec plus d’intérêt par nos amis chinois.
L’interculturel pour des échanges plus riches
Tous nos interlocuteurs ont été séduits ou impressionnés par ce petit groupe représentant une partie du monde. Le fait de parler dans une même réunion ou entretien de ce qui se passait aux USA, au Brésil et en France, sur un même sujet, étonnait toujours. Nous sommes allés essentiellement dans trois régions. Les Chinois, qui ont peu de possibilités de se déplacer, ont pu ainsi apprécier et connaître la réalité de notre réseau international. De notre côté, nous avons pu regarder et écouter la Chine avec différents yeux et différentes oreilles. Sur les grandes questions, nous avons émis des avis concordants : la Chine est confrontée à un grand défi alimentaire, mais il nous a semblé que la situation n’était pas alarmante comme le présente Lester Brown (un prospectiviste qui a écrit le livre "Qui nourrira la Chine ? " diffusé dans le monde entier.)
Des liens forts et durables avec nos partenaires chinois
Nous avons pris des décisions constructives pour renforcer nos liens avec la Chine : organiser une réunion en Chine sur le thème de "l’alimentation de la Chine et du monde" et faire traduire en chinois différentes notes provenant des partenaires du réseau mondial. Nous avons aussi envisagé que les Chinois organisent un atelier visite dans leur pays avec essentiellement des paysans chinois, quelques techniciens et politiques chinois et quelques membres de notre réseau. Le journal Terre Citoyenne N°2 sera tiré en Chine, comme le premier. Ils participeront à la réunion de l’Alliance pour un monde responsable et solidaire au Brésil ainsi qu’à l’atelier international du réseau APM à Cascavel. Une réunion internationale du bilan du GATT (Uruguay round)est envisagée avec la possible participation d’officiels Chinois participant à une réunion avec des experts d’Ong et quelques autres administratifs possibles.
metodologia, rede de intercambio de saberes, mediação, interdependencia cultural
, China
Cette forme de chantier visite nous a semblé profitable en mélangeant temps de visite et temps formalisé de réunion. Mais il eu été plus profitable d’organiser ces réunions à la fin du séjour. Le fait de déplacer un groupe varié en Chine a permis de faire apprécier la qualité de notre réseau international auprès des Chinois.
Ce chantier visite a convaincu l’ensemble du groupe qu’il était possible de faire des choses en Chine et avec ce réseau chinois. Une confiance réciproque s’est constituée. Les Chinois comptent aussi sur nous.
Actas de colóquio, seminário, encontro,… ; Relato de experiencias
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