A leur retour en France, deux coopérants ont voulu continuer à agir en faveur du village andin du nord du Pérou, Huariaca, où ils venaient de passer deux ans à oeuvrer à la mise en place d’un dispensaire et d’une cantine populaire. En ravivant leur réseau d’amitiés, ils ont ainsi trouvé de nombreuses personnes prêtes à s’engager dans une action de solidarité. Aujourd’hui ce réseau très dynamique, regroupé au sein de Bretagne Solidarité Pérou, comporte environ 80 adhérents et un noyau actif d’environ 20 membres.
L’association Bretagne Solidarité Pérou a pour ambition, d’une part, d’informer la population bretonne sur la situation des pays du Sud, et d’autre part de soutenir des projets de développement dans les domaines sociaux et éducatifs, soit dans les quartiers défavorisés des zones urbaines soit en milieu rural.
Le réseau de l’association en France a donc un rôle de témoignage et d’information. Cela peut prendre la forme de diaporamas, de récits de voyage et d’expériences dans les écoles. Mais c’est surtout lors des manifestations telles que les repas ou les rallyes, qu’elle organise pour récolter des fonds, que BSP sensibilise le public présent.
Des thèmes majeurs à l’Amérique latine sont également abordés par l’association, qui s’est inscrite à un collectif (Coordination Europe Pérou). Son journal rend compte des problèmes liés à la dette des pays du Tiers Monde et ceux des droits de l’homme au Pérou et en Bolivie, grâce au travail de la commission "Dette-Droits de l’Homme" qui rédige des textes et des BD. Informer la population pour pouvoir faire pression sur les gouvernements au sein du collectif est l’un des axes fondamentaux de BSP. Toutefois, le collectif s’engageant principalement sur la question des droits de l’homme, BSP va suivre ces orientations en traitant de la question de l’impunité. Le journal semestriel relate également les nouvelles des projets menés au Pérou et en Bolivie.
Au Pérou, deux projets sont soutenus financièrement par BSP, l’un en milieu rural à Huariaca, l’autre en milieu urbain à la Ensanada. Ils sont rattachés aux organisations populaires péruviennes existantes. A Huariaca, il s’agit de pérenniser le fonctionnement de la cantine populaire, que le couple d’instituteurs avait élaboré auparavant au profit des enfants dénutris, qui malheureusement représentent un pourcentage élevé (environ 35%)dans ce village. En finançant une centaine de repas quotidiennement et le salaire de la cuisinière, BSP intervient ainsi auprès des enfants les plus nécessiteux, qui ont été repérés par l’équipe péruviennes gérant les cantines. Il existe une pratique de roulement des bénéficiaires. A la Ensenada, le domaine de l’amélioration de la nutrition est également abordé par le financement de repas. Mais il est complété par une action de conscientisation auprès des mères de famille. Une diététicienne française réalise cette action de formation et a mis au point un matériel pédagogique sur le thème des repas équilibrés. Elle a ainsi formé plusieurs groupes de femmes, dont certaines sont devenues à leur tour formatrices. Grâce à cette multiplication de formatrices et à la diffusion du matériel pédagogique auprès des ONG de la Ensenada, ces actions de conscientisation font tache d’huile.
Des promoteurs de santé issus de la communauté locale sont à l’origine d’un botiquin (pharmacie populaire), qui comble les insuffisances du dispensaire d’Etat. BSP a décidé d’aider ces promoteurs en facilitant leur approvisionnement en médicaments et surtout en permettant la formation d’une infirmière, en finançant ses études.
Depuis 1993, l’action de BSP s’est élargie à la Bolivie. Le couple de coopérants à l’origine du projet, étant reparti dans les altitudes boliviennes à El Alto, une aide plus personnelle leur est fournie par BSP pour leur permettre de mener à bien leur actions en faveur des femmes et des enfants.
Soutenant auparavant les ateliers d’artisanat des tuberculeux de l’Ensenada, cette activité s’est élargie à la coopérative des femmes boliviennes de la Pachamama. BSP assure en France la vente de l’artisanat réalisé par ces femmes, lors des manifestations ponctuelles de l’association et par l’intermédiaire des magasins Artisans du Monde. A ce propos, BSP s’est beaucoup investi, avec d’autres associations bretonnes, pour la création d’un magasin en Bretagne.
L’un de ces coopérants, déçu par les programmes classiques des ONG sur les enfants des rues en Bolivie, a choisi de mettre l’accent sur la prévention de la délinquance par l’intégration de ces enfants à un système d’enseignement pour les 6-16 ans. Il porte également ses efforts vers des populations vulnérables d’alcooliques et de prisonniers.
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, Franca, Peru, Bretagne
Ces projets ne sont pas toujours faciles à mener. Des contraintes liés à la situation politique et économique de ces pays, viennent entraver leur déroulement. Par exemple le travail dans les prisons n’est pas toujours bien perçu par les autorités boliviennes. Mais c’est surtout le problème du terrorisme avec Sentier lumineux qui entraîne des difficultés notamment dans l’approvisionnement du village de Huariaca. Aujourd’hui cela s’est atténué mais n’a pas totalement disparu.
La croissance rapide de BSP, particulièrement au niveau financier (environ 10 000 F par mois à ces projets), a atteint un stade que pour le moment les membres de l’association ne veulent pas dépasser. Ils préfèrent privilégier les engagements pris auprès des partenaires.
Bien qu’il y ait des comptes rendus approfondis annuels après des visites des membres, il n’y a jamais eu d’étude sérieuse de l’impact des actions sur la population. Les projets, plutôt privilégiés, sont ceux présentés par des amis, certes des gens de confiance mais sans réelle définition de priorités. Sous la forme de soutien financier dans des domaines divers soit dans le financement des études, de repas, de médicaments, de salaires, le risque de tomber dans l’assistanat est fort. Des réflexions plus approfondies sur la pérennisation pourraient être plus systématiques. Cependant BSP prend ces orientations. Une prise de conscience des membres de l’association sur la nécessité de réfléchir sur les projets, les objectifs, les relations avec les partenaires est apparue au fur et à mesure de la croissance de l’association. Ils se sont engagés dernièrement dans un processus de réflexion, notamment par l’adhésion à la coordination des associations de solidarité (la CASI), qui leur fournit un cadre théorique, un appui technique. Ils veulent responsabiliser les partenaires et leur demandent de plus en plus un retour d’informations pour une meilleure compréhension mutuelle et un meilleur suivi.
Contact : Bretagne Solidarité Pérou, Le champ Corbin / 35800 St Briac-sur - Mer. Tel 02.99.88.00.68
Consultation du journal de l’association, entrevues avec la présidente, C. Le Yaounanc, et des adhérents, M. et Mme Henry.
Entretien avec LEYAOUNANC, C.
Entrevista ; Documento interno
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