Le cas du partenariat de la Fédération des ONG sénégalaises -FONGS-
10 / 1998
Madame Ndeye Sarr, Présidente de la FONGS (Fédération des ONG sénégalaises): "Maintenant, nos partenaires c’est "le consortium". Il y a 5 ONG du Nord, l’UE et la coopération publique suisse qui, ensemble, financent la FONGS. Nous faisons nos programmes à deux niveaux. Les programmes des associations sont faits puis négociés au niveau de la base. Et il y a un programme au niveau de la FONGS qui concerne le fonctionnement de l’ensemble. Et puis, la FONGS fait la récapitulation des programmes et on organise des tables rondes avec les bailleurs de fonds. Les négociations, c’est très dur. Pour vendre les programmes aux bailleurs de fonds, c’est très dur. Il faut discuter, il faut poser des questions, il faut répondre. Même maintenant qu’ils nous connaissent. Ils ont raison parce que l’argent on ne le donne pas comme cela. C’est cela le partenariat. Le partenariat, il faut que chacun tire de son côté, il faut que chacun essaie de voir clair, il faut que chacun se sente responsable, il faut que chacun soit engagé. Et une fois que toutes les questions sont posées et que toutes les choses ont été clarifiées, le programme proprement dit de la FONGS est négocié avec le consortium de bailleurs de fonds.
Auparavant on pouvait demander un financement à tel bailleur de fonds et aller le demander aussi à un autre. Quand on a un consortium, une sorte de regroupement de nos bailleurs, on a un programme unique; il coûte tant. Il est sur la table. Chaque bailleur du consortium dit: "Moi je prends cela", et ce sont les bailleurs qui s’arrangent entre eux pour prendre ensemble tout le programme de la FONGS. C’est une collaboration plus franche. Ils savent que la FONGS est leur partenaire et qu’ils doivent appuyer ses programmes. Une fois qu’on est tombé d’accord, chacun dit: "J’interviens sur le tout ou sur tel domaine pour tant de francs". Et finalement, le programme de la FONGS est pris en compte par les partenaires en totalité. Puis on fait la programmation année par année. Les difficultés en ce qui concerne l’obtention des fonds, c’est quelquefois le retard. Par exemple au début de mon premier mandat, comme il y avait des changements, on a attendu jusqu’à l’assemblée générale pour négocier le programme. Présenter un programme et le négocier, cela prend du temps. Ce qui veut dire que pendant le premier mandat on est resté 13 mois sans avoir de fonds des bailleurs. Mais on s’est forcé. Il y avait les reliquats des financements antérieurs, qui avaient, pour certains postes, doublé parce qu’on avait eu la dévaluation. Si l’argent est bloqué si longtemps en Europe, c’est que l’on doit réunir l’ensemble des signatures; on doit se rencontrer, or tel monsieur est en vacances, etc.
Il n’est jamais resté un surplus d’argent donné par un partenaire. Quelquefois même, à la fin d’une activité, on aurait envie de continuer et on se dit que l’on aurait dû demander plus. En tout cas, l’argent que tu as reçu pour ceci, tu ne peux pas l’utiliser pour autre chose.
La FONGS est en parfait partenariat avec ses partenaires. Mon premier mandat de présidente a connu un peu de problème au début. C’était dû au départ de l’ex-président, au changement, c’était une phase de mutation. On a couru derrière les financements, je l’ai dit, pendant 13 mois. On faisait des évaluations, des audits. La FONGS a fait une vraie traversée du désert avec les partenaires. Il y a eu plusieurs audits. Certains voulaient rester, d’autres n’avaient pas confiance parce qu’ils avaient des craintes après le départ du président. On ne savait pas ce qu’allait devenir la FONGS. Mais on a tenu. Le président est parti, il ne nous a pas laissé. Il a quitté le siège mais on travaille avec lui, il conseille, il travaille avec nous. Certains bailleurs posaient des questions, d’autres ne posaient pas de questions et on était mal tombé parce que la CEE devait payer presque le tiers de notre programme, et c’est elle qui posait certaines questions, qui demandait certains éclaircissements. On était même arrivé à recevoir l’audit de KPGM, qui est je pense le troisième ou le quatrième cabinet mondial. Ils ont vu qu’il y avait des problèmes, mais ceux-ci étaient là bien avant que nous ne soyons là. Il y a des problèmes de non-justification des dépenses et des problèmes de non-remboursement de crédits au niveau des associations. Mais ces problèmes-là on les a trouvés (en devenant présidente)et on avait le courage de les affronter. Pour les crédits qui n’étaient pas remboursés, on a mis en place une politique de remboursement auprès des associations.
Et maintenant tout est bien réglé. Je ne peux pas dire que tous les fonds prêtés aux membres sont désormais remboursés, c’est difficile. Par exemple, les fonds qui ont été injectés dans les associations en 1985, ces fonds-là en 1998 !! Finalement, tout est devenu clair et s’est mis en ordre et on travaille. On reçoit les fonds. On a instauré la transparence, on fait l’évaluation quand il le faut, on fait des études, on donne des comptes-rendus, on donne des justifications".
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, Senegal, Thies
Obtenir le cofinancement d’un programme par un consortium de bailleurs, cela aide à la transparence et à l’engagement à long terme des partenaires du Sud et du Nord. Mais sa mise en oeuvre concrète, et en particulier la trésorerie d’une fédération sans guère de ressources propres, n’en est pas résolue pour autant ... "13 mois sans argent !" Ne crions pas trop vite : "Vive le consortium" !
Entretien à Bonneville, septembre 98
Entretien avec SARR, Ndeye
Entrevista
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