Mise en oeuvre d’une série de rencontres et d’échanges avec la société civile autour des enjeux de la démocratie, de la décentralisation et du développement local
02 / 1999
L’image du"refus du développement"souvent collée à l’Afrique résulte, pour beaucoup d’observateurs, de la méconnaissance qu’elle a des règles qui régissent le fonctionnement des institutions publiques et par voie de conséquence, de la difficile maîtrise de son propre développement. A la faveur de la conférence des"Forces vives de la nation"en février 1990, le Bénin s’est engagé après 17 ans de régime dictatorial, dans la voie de la démocratie pluraliste. Pour que ne s’étiole pas l’élan de ferveur nationale qui a sous-tendu cet événement, et pour susciter une dynamique de participation populaire, l’Institut de formation et de coopération décentralisée (IFCOD)a conçu et mis en ouvre un programme d’éducation citoyenne intitulé"Gouvernance, droits de l’homme et citoyenneté".
Les objectifs sont les suivants : renforcement de la société civile dans une optique d’organisation de la communauté de base ; renforcement de l’Etat de droit grâce à la maîtrise des outils de la démocratie béninoise ; et développement de la coopération décentralisée. Le programme s’articule, dans sa mise en ouvre, autour de rencontres-débats et d’ateliers rythmés par deux phases : - 39 sessions dans un premier temps dont 35 en milieu urbain et 4 en milieu rural - puis 25 sessions réalisées uniquement en milieu rural. Au total, 6600 personnes ont été approchées. Les bénéficiaires ont été choisis en fonction de leur capacité à relayer les informations transmises (petits commerçants, élites, etc). On note une large diversification du corps social, même s’il est plus stable et plus homogène en milieu rural qu’en milieu urbain. Pour animer les débats et conduire les travaux dans les ateliers, une équipe pluridisciplinaire de quatre animateurs a été constituée : un ethno-sociologue, un juriste, un politologue et un représentant des droits de l’homme. Chaque session se divisait en deux étapes. La première comportait la projection en assemblée plénière du film documentaire"Gouvernance, droits de l’homme et citoyenneté, ou la société civile à l’école de la démocratie", suivi d’un échange avec l’équipe d’animation à partir des préoccupations exprimées par les participants. La seconde étape consistait, elle, en un approfondissement et une poursuite des travaux dans deux ateliers au cours desquels des précisions étaient apportées sur les différentes notions clés de la démocratie considérée dans le contexte sociologique béninois : démocratie, déconcentration, décentralisation, coopération décentralisée, société civile, citoyenneté. Les animateurs ont invité, ensuite, les participants à stigmatiser les obstacles que rencontre le processus de démocratisation pour s’enraciner à la base. Le principal fléau admis par tous fut l’ignorance. La sensibilisation et l’éducation à la démocratie, en direction d’une population qui a subi pendant 17 ans un régime de parti unique, ne doit en effet pas manquer d’intégrer le facteur de temps dans sa phase d’évaluation. Cette période a eu, sans nul doute, un impact psychologique et comportemental de réserve au sein de la population.
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, Benim
Le coût total du programme fut de 798 200 FF, dont 374 800 FF émanant de la Commission Européenne (CE), 265 000 FF du Ministère des Affaires Etrangères et 158 400 FF du CCFD. La ligne budgétaire de présentation du projet auprès de la CE était (jusqu’à ce jour)la ligne B7-7020 de la Direction Générale VIII, intitulée"Droits de l’homme et démocratisation dans les pays en voie de développement". Cette ligne spécifique d’accompagnement des processus démocratiques est un défi important et expérimental pour le CCFD à travers le soutien d’acteurs locaux. C’est pourquoi, l’implication du bailleur de fonds européen dans cette démarche, aux côtés du CCFD, nous a paru fondamentale en terme de reconnaissance et de crédibilité du partenaire sur le terrain.
Conformément au contrat signé entre la Commission européenne et le CCFD, un suivi strict du projet cofinancé a été mis en place. Il a nécessité un travail d’accompagnement lourd du partenaire avec, dans notre cas, la création d’outils de gestion et de programmation (d’ailleurs contractualisé entre le CCFD et IFCOD pour la durée du projet). Cette contrainte a permis de renforcer l’appui institutionnel du partenaire, de maintenir un dialogue constant avec le CCFD mais également avec la CE, notamment pour la négociation des réajustements d’objectifs, l’utilisation des imprévus... Grâce à un échange régulier de courriers et d’appels téléphoniques, l’Union Européenne a été perçue davantage comme un interlocuteur vivant et dynamique que comme un bailleur de fonds. Et ceci, d’autant plus que cette ligne budgétaire fait l’objet d’une capitalisation d’expériences.
Néanmoins, s’il fallait apporter une critique, nous dirions que ce type de financement est porteur d’un risque potentiel ; la transposition d’une certaine idée de l’Etat de droit que l’Europe tente désespéremment de faire comprendre à l’Afrique sans bien tenir compte de l’existence encore vivace des sociétés traditionnelles. Ces dernières connaissent en effet une certaine forme de démocratie à ne pas négliger.
Contacts : DUPONT, Nathalie, chargée de mission. MANSUY, Véronique, chargée d’études. Sources documentaires internes au CCFD.
[Fiche produite dans le cadre du débat public "Acteurs et processus de la coopération", appelé à nourrir la prochaine Convention de Lomé (relations Union Européenne/Pays ACP). Lancé à l’initiative de la Commission Coopération et Développement du Parlement Européen et soutenu par la Commission Européenne, ce débat est animé par la FPH.]
Outro
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