Rencontrer l’autre grâce à notre désir d’apprendre et tisser tous ces désirs en un projet collectif
03 / 1996
Dans le projet des Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs, (association qui a pour objet de mettre en lien des personnes qui veulent échanger des savoirs sur le mode de la réciprocité ouverte : je t’enseigne le tricot en échange tu offres l’informatique à un troisième)l’un des principes de base est la mise en relation : La présentation de l’offreur de savoir au demandeur de ce savoir. C’est un moment important, qui permet de cerner ce qui va faire "l’objet" de la relation, quel savoir va être échangé. Les modalités de cet échange sont également abordées (c’est à dire le lieu où va se dérouler l’échange, sa durée, son rythme.)
Au cours de cette mise en relation entre personnes plus ou moins inconnues l’une de l’autre, on peut aborder l’intérêt suscité par ce savoir, ce que j’en sais déjà de vrai ou de faux ? Comment j’en ai eu connaissance ? En quoi ce savoir est intéressant dans ma vie de loisir, dans ma vie quotidienne ou dans ma vie professionnelle etc. Ces mises au point permettent à la fois de mieux connaître "l’objet de la relation", ses limites, ses contours, mais aussi de mieux cerner les attentes des personnes. Peuvent également être abordées au cours de cet entretien les méthodes d’apprentissage prévues. Comment j’ai appris ce savoir ? Comment l’autre apprend ? (Rythmes, étapes, plaisir, difficultés.)Quel temps de ma vie puis-je consacrer à cet apprentissage ? Quels moyens je me donne ? Le contenu de l’échange, comment les méthodes de transmission sont à adapter en fonction des personnes concernées. Les règles de respect simples peuvent paraître évidentes, elles demandent pourtant à être clairement exprimées au cours de la mise en relation, et devront même souvent être réexpliquées au cours de l’échange (respect des horaires, des rythmes de rencontres, prévenir en cas d’empêchement.).
De même, la nécessité d’être "acteur" dans son apprentissage, de réagir sur le contenu, les méthodes, sur l’évaluation des acquis, le droit de dire ses déceptions, sa gêne, nécessitent quelquefois des rencontres spécifiques avec un médiateur qu’il faut prévoir dès cette première rencontre. Le médiateur, tierce personne, elle-même offreuse et demandeuse de savoirs dans d’autres échanges, organise souvent ses mises en relation uniquement avec l’offreur et le ou les demandeurs intéressés par un savoir bien spécifique. Il faut une réelle volonté d’organiser cette rencontre pour le médiateur, car les disponibilités réciproques sont difficiles à gérer.
De ce fait, les mises en relation possibles s’accumulent. Le Réseau d’Evry (30 kilomètres au sud de PARIS)a donc essayé de mettre en place des mises en relation collectives. L’ensemble des offreurs et des demandeurs de savoirs pouvant être mis en relation est invité un soir de semaine. Les types de savoirs étant très diversifiés, un tour de table, pendant lequel chacun se présente avec son offre et sa demande, s’organise. Il est très important que chacun se présente comme offreur et demandeur pour plusieurs raisons : - Le savoir qui doit faire l’objet de l’échange est ainsi abordé devant tous, et questionné par tous. - Le savoir qui ne fait pas ce soir-là objet de l’échange peut susciter l’intérêt des participants, soit pour eux-mêmes, soit pour des personnes de leur connaissance. - Chacun est offreur ET demandeur, le groupe est en parité (les présentations traditionnelles en fonction de son statut socioprofessionnel sont inutiles). - Les méthodes et les difficultés de transmission peuvent être abordées par chacun (comme offreur et/ou comme demandeur). Le tour de table terminé, en général les demandeurs ont "repéré" leur offreur possible et vice-versa ; l’animateur peut aider en cas de besoin.
Les règles de fonctionnement nécessaires à l’échange sont établies par le groupe, donnant ainsi une valeur "constitutive" à ces règles préservant la vie du projet ; elles ne sont pas des "lois imposées" par d’autres. Les conditions matérielles et plus spécifiques de chaque échange sont abordées par petits groupes. L’animateur passe de l’un à l’autre pour aider à la mise en place. Le grand groupe se reconstitue, et chaque échange possible est réexprimé devant l’ensemble.
En général, les peurs, les craintes, le plaisir dû à l’engagement dans une nouvelle relation interpersonnelle, ou à la transmission d’un savoir sont aisément exprimés. Le désir de "suivre", de savoir ce qui va se passer dans les différents échanges, vient la plupart du temps spontanément. La curiosité par devers l’autre, les autres, est exprimée.
Le désir de partager ses expériences, de s’entraider, de faire le point ensemble. De même que de nouvelles offres et de nouvelles demandes sont exprimées, les personnes dans ce climat de convivialité se reconnaissent dignes d’intérêts multiples. Le plus difficile la plupart du temps étant de clore les discussions et les mises en relations qui naissent spontanément, parce qu’il se fait tard.
relação com o conhecimento, autoformação, intercâmbio do saber, rede de intercambio de saberes, rede de cidadãos, rede de intercambio de experiencias
, Franca
Si ces temps de mises en relations sont moins précis, moins "engageants" peut-être, dans les termes du contrat passé vis-à-vis de l’autre, que les mises en relation individuelles, il est important de noter qu’elles visualisent assez spontanément l’ensemble du projet mis en place par les Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs. Les personnes se voient, partagent leurs expériences. Elles perçoivent assez spontanément la nécessaire organisation de ce projet collectif.
Le MRERS est une association créée par Claire et Marc HEBER SUFFRIN en 1985 et qui fonctionne sur un mode de réciprocité ouverte, chaque participant étant à la fois offreur et demandeur de savoirs. Les fiches ont été produites dans les ateliers d’écriture de ce réseau.
Texto original
(France)
MRERS (Mouvement des Réseaux d’Echanges Réciproques de Savoirs) - B.P. 56. 91002 Evry Cedex, FRANCE - Tel 01 60 79 10 11 - Franca - www.mirers.org - mrers (@) wanadoo.fr