A Sâo Paulo, fin 1991, dans cette ville de onze millions d’habitants réunis en une seule municipalité, des projets de toutes sortes émergent à la fois de la société civile et de l’administration municipale. La ville est gérée par le PT (Parti des Travailleurs) et le maire, une femme, Luiza Erundina, tente avec son équipe de réduire les inégalités. Les inititiatives ne manquent pas, les tensions et les conflits non plus…
Au sein de l’Association pour le Développement de l’Intercommunication (ADI), une idée prend forme. Il s’agit de créer une « Université Mutuelle » ouverte à tous : des lieux où des personnes détenant des connaissances et disposant d’un peu de temps acceptent de les transmettre à d’autres.
De passage à Sâo Paulo, Henryane de Chaponay (CEDAL) passe à Stella Whitaker (ADI) le dernier livre de Claire et Marc Héber-Suffrin : « Echanger les savoirs » et lui parle du Mouvement des Réseaux d’échanges réciproques de savoirs (MRERS), dont ils sont les fondateurs. C’est le déclic… En février 1992, Stella est en France et prend contact avec Claire. Elle décide de suivre une session de formation d’animateurs de réseaux du MRERS. « C’est, dit Stella, la notion de réciprocité qui m’est alors apparue, un des apports essentiels du MRERS et a éclairé le nôtre.
Des textes choisis sur la démarche du MRERS ont été traduits en portugais et circulent au sein de plusieurs associations et personnes, au Brésil.
Le projet d’Université Mutuelle s’est développé et grandit peu à peu sur la base d’échanges réciproques de savoirs très différents. L’Université Mutuelle devient alors membre du Mouvement des Réseaux d’échanges réciproques de savoirs. La réflexion que suscite cette expérience, confrontée à d’autres initiatives de l’ADI, est en partie véhiculée par Intercarta, outil de divulgation de diverses réalisations qui surgissent dans la ville, dont le numéro de septembre 1992 présente l’Université Mutuelle:
« Nous l’appelons Université parce qu’elle est ouverte à tout type de connaissance et à toutes les personnes intéressées, sans discrimination ni hiérarchisation… Il s’agit d’une autre manière d’enseigner, d’apprendre, de vivre qui se différencie de l’enseignement formel, personne n’étant seulement élève ou seulement professeur, mais à tour de rôle l’un et l’autre… Ces échanges sont gratuits et reposent sur le principe de la réciprocité. La relation entre offreurs et demandeurs est assumée par des animateurs de réseaux… C’est ainsi que se forment des citoyens actifs et créatifs, agissant collectivement, conscients de leurs savoirs et à la recherche constante de nouveaux savoirs… » Tout cela nourrit un renouvellement de la pensée sur la citoyenneté, la formation, la pratique politique.
Aujourd’hui Claire, invitée par l’Université Mutuelle, est allée à Sâo Paulo et d’autres villes du Brésil où des personnes souhaitent échanger leurs pratiques et réflexions avec elle. Elle retrouvera d’autres Brésiliens d’équipes qui ont visité le MRERS à Evry (CEDAC, SAPE) avec la collaboration du CEDAL, pour partager et lui faire découvrir leurs activités et échanger préoccupations et réflexions. Cette nouvelle dimension internationale de la démarche des Réseaux d’échanges réciproques de savoirs est en construction, elle s’inscrit dans les initiatives en cours, dont une dynamique européenne. Elle s’enrichit de nouvelles expériences, d’autres savoirs et cultures et d’une commune préoccupation d’élargir au quotidien la notion de citoyenneté active.
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, Brasil, Franca
Gouverner les villes avec leurs habitants
Artigos e dossiês
Des savoirs qui circulent : une éducation qui se repense in. COMUNICANDO, 1994/05/00 (France), N°25
CEDAL FRANCE (Centre d’Etude du Développement en Amérique Latine) - Franca - cedal (@) globenet.org