Le choc de l’interculturel et le dépaysement
07 / 1994
Préparation et réalisation d’une rencontre au Brésil en novembre 1993
Sous la dénomination de "Plate-forme d’éducation populaire et interculturalité", quatre équipes se sont mises d’accord pour confronter leurs pratiques et méthodes de recherche-action en éducation populaire : CIDE (Centro de Investigación y Desarrollo de la Educación)du Chili, IDH (Instituto del Hombre)d’Uruguay, SAPE (Serviços de Apoio à Pesquisa em Educaçâo)du Brésil, et le CEDAL (Centre d’Etude du Développement en Amérique La-tine)à vocation régionale et internationale.
Pour ce deuxième séminaire nous avons pu, peu de temps avant, nous rendre sur le terrain des uns et des autres, subissant le dépaysement culturel et celui du contexte général. Ces quelques visites furent essentielles pour mieux connaître le projet étudié et l’institution d’accueil. La "convivência", l’observation et l’échange sur le terrain ont mieux permis de situer l’action menée dans toutes les dimensions de l’espace physique, humain et social. Le non-dit est parfois plus révélateur que l’énoncé.
Beaucoup de questions nouvelles sont alors apparues pour compléter la compréhension du travail des équipes visitées. La connaissance mutuelle s’est affermie en comprenant mieux les conditions dans lesquelles les uns et les autres travaillent. Pour cette opportunité, nous avions convenu que chaque équipe préparait un document pour présenter spécifiquement la pratique à soumettre à l’analyse et au questionnement des autres : base théorique de référence, méthode utilisée et résultats obtenus. L’on avait alors décidé de soumettre chaque texte à la lecture critique d’une autre équipe donnant lieu à un second document, celui de l’observateur extérieur. C’est ainsi que le CEDAL était scruté par SAPE, le CIDE par le CEDAL, SAPE par IDH et IDH par le CIDE. Cette méthode se révèla très stimulante pour engager une réflexion générale ensuite. Etant dans un climat de confiance, de recherche et non de compétition ou d’enjeux de pouvoirs, les questions étaient bien reçues et permettaient un jeu de miroir. Une évaluation, menée à chaud aussitôt après, permit de réfléchir sur la variété des attitudes en fonction des sensibilités et du niveau des expectatives de chacun.
A la suite des débats suivant chaque exposé d’un binôme (l’expérience et l’observateur), de nouveaux thèmes apparaissaient, tels que l’influence de l’éducation populaire sur l’éducation formelle, les subtilités de la langue (différence de structure d’un pays à l’autre)et de mêmes concepts ayant des sens différents, l’éducation politique à la citoyenneté, le langage du corps et le problème des différentes formes d’expression. Tout a été consigné et sera peu à peu traité et diffusé sous forme de fiches.
L’étape suivante consista en un exercice pour chaque équipe qui, en fonction des observations et des questions, réfléchissait à ce qui lui semblait le plus utile à prendre en compte pour retravailler avec sa propre institution.
En fin de parcours, l’on se répartit en trois commissions :
1. Le thème de la prochaine rencontre et la méthode de travail proposée.
2. La manière de rendre compte et communiquer ce qui fut vécu et produit pendant la rencontre.
3. Quelles stratégies de survie pour continuer à produire et coopérer dans un environnement international de moins en moins favorable à des recherches inscrites dans le temps et la complexité.
Le prochain séminaire aura lieu en novembre 1994 au Chili. Le thème central sera d’observer comment nous produisons chacun des connaissances à partir de notre pratique, comment nous les élaborons, les socialisons et les utilisons. Pour cela, chacun sera pendant la rencontre tour à tour animateur et membre du groupe, acceptant d’être soumis à l’évaluation du groupe. La rencontre sera préparée par 4 mini-séminaires, réalisés tour à tour sur le terrain de chaque équipe par un représentant de chacune des trois autres. Chaque mini-séminaire donnera lieu à la production d’une fiche par visiteur-chercheur qui servira à accumuler des observations pour la rencontre de novembre. Ceci permet des regards croisés et différents sur un même objet d’étude et donc de mieux faire apparaître la spécificité du regard de chacun.
Ainsi, nous nous rendons déjà compte à quel point il est difficile de communiquer à d’autres ce que nous vivons et découvrons. Dans le domaine de l’éducation, le processus de production et sa transmission de connaissances est un champ ouvert toujours à défricher car la terre, les plantes et les outils ne sont jamais exactement les mêmes.
educação popular, metodologia, comunicação, interdependencia cultural
, Brasil
Artigos e dossiês
CEDAL FRANCE=CENTRE D'ETUDE DU DEVELOPPEMENT EN AMERIQUE LATINE, Des savoirs qui circulent : une éducation qui se repense in. COMUNICANDO, 1994/05/00 (France), N°25
CEDAL FRANCE (Centre d’Etude du Développement en Amérique Latine) - Franca - cedal (@) globenet.org