La découverte des trajectoires de chacun, préalable nécessaire
Sous la dénomination de « Plate-forme d’éducation populaire et interculturalité », quatre équipes se sont mises d’accord pour confronter leurs pratiques et méthodes de recherche-action en éducation populaire : CIDE (Centro de Investigación y Desarrollo de la Educación) du Chili, IDH (Instituto del Hombre) d’Uruguay, SAPE (Serviços de Apoio à Pesquisa em Educaçâo) du Brésil, et le CEDAL (Centre d’Etude du Développement en Amérique Latine) à vocation régionale et internationale.
Pour concrétiser la décision de confronter leurs pratiques, les quatre équipes se retrouvèrent en Uruguay en novembre 1992.
S’embarquer ensemble, se connaître et se respecter mutuellement pour pouvoir travailler en profondeur, en confiance, sans esprit de compétition, dans le seul but de mieux évaluer les processus éducatifs tels qu’ils sont vécus par les différents acteurs, ce n’est pas évident.
En nous retrouvant pendant une semaine pour une première phase de travail en séminaire fermé, le premier objectif a été de créer ce climat pour savoir d’où chacun parlait, à partir de quelle histoire personnelle et dans quel contexte. Dans un groupe de neuf personnes, c’était possible.
Les deux premiers jours furent dédiés à cette découverte mutuelle, chacun racontant son histoire et explicitant ce qui l’avait amené à se consacrer à ce travail de formation.
Nous posant réciproquement des questions, chacun fut amené à exprimer ses propres doutes et inquiétudes, en même temps que ses convictions. Ce fut un temps de liberté sans notes ni enregistrement, qui créa d’entrée un climat fertile pour la réflexion. Mais, contrairement à ce que l’on peut penser, cet exercice fut épuisant. Il nous a fallu une demi-journée de travail indivividuel pour resaisir ce que chacun avait retenu de plus significatif dans les convergences ou différences d’approches et qui complétait ou questionnait sa propre démarche. Notant les questions et les thèmes que ce premier travail avait fait émerger, nous avons alors procédé à leur organisation.
Les thèmes qui émergèrent avec force dès ce premier moment furent :
1) Le concept même de l’éducation populaire. L’influence des processus politiques et du contexte général dans lesquels s’insèrent les pratiques et les méthodologies élaborées. La nécessité d’une formation et auto-formation permanente des équipes de travail, pour développer des méthodes de récupération de la totalité de la dimension humaine.
2) Les rapports entre le projet spécifique de recherche-action et l’institution : forces et faiblesses de l’institutionnalisation de nos projets et pratiques. L’importance de prendre en considération les différents acteurs impliqués dans toute action et leurs sous-cultures d’appartenance.
3) Les rapports de coopération internationale dans l’échange d’expériences et la réflexion qui l’accompagne. Il s’agit de prendre en considération le contexte mondial et les nouveaux défis auxquels nos sociétés sont confrontées rechercher les formes de coopération possible entre tous les acteurs sociaux du nord et du sud qui sont à la recherche d’alternatives de société.
Dans tout cela, nous avons retenu l’importance de la culture et des sous-cultures. La culture envisagée au niveau le plus quotidien et dans toute sa complexité comme référence essentielle pour le développement de la recherche-action. Entendant par culture non seulement les productions culturelles mais la matrice à partir de laquelle se pense, se représente et se valorise la réalité sociale.
L’histoire et le fonctionnement de sa propre institution ont été présentés par chaque participant, afin d’y situer le programme ou projet spécifique dans lequel il travaillait, et de vérifier comment cela s’insère dans le cadre plus large de cette initiative de Plate-forme d’éducation populaire.
A la fin de ce séminaire, il y eut accord entre nous pour poursuivre cette confrontation et réflexion de façon systématique afin d’en tirer le maximum de connaissances utiles à chacun et méritant d’être socialisées. Pour ce faire, nous avons opté pour une méthodologie non linéaire qui accepte les tâtonnements et les rythmes de sa propre croissance, s’inventant et se reformulant dans la marche. En fait, nous nous embarquions dans une recherche action sur nous-mêmes, dans nos institutions, et dans notre rapport avec les autres formateurs, chercheurs dans la relation avec les secteurs de la population concernée par chaque programme.
Nous décidions la réalisation d’une première petite publication présentant la démarche entreprise, ainsi que la présentation des quatre institutions et les perspectives de travail. Nous avons alors décidé de nommer cette recherche : « Aprendiendo de lo nuestro », c’est-à-dire, apprenant nous-mêmes de ce que nous faisons et vivons.
educação popular, metodologia, formação, desenvolvimento cultural, interdependencia cultural
, Uruguai
Artigos e dossiês
CEDAL FRANCE=CENTRE D’ETUDE DU DEVELOPPEMENT EN AMERIQUE LATINE, Des savoirs qui circulent : une éducation qui se repense in. COMUNICANDO, 1994/05/00 (France), N°25
CEDAL FRANCE (Centre d’Etude du Développement en Amérique Latine) - Franca - cedal (@) globenet.org