Styles alimentaires des adolescents

Au moment de l’adolescence, bien des mères voient leur capacité de contrôle de l’alimentation de leur enfant réduite par la prise progressive d’autonomie de l’adolescent. Celui-ci s’alimente en dehors des horaires familiaux habituels et souvent du domicile.

Dans la commune de l’Ile Saint Denis, des mères de diverses origines ont manifesté au cours des réunions de l’association locale Ebullition (1)une inquiétude sur les pratiques alimentaires de leur enfant en particulier sur les horaires et les types de produits consommés hors-domicile. Cette préoccupation a conduit Ebullition à concevoir, avec le Centre International de l’Enfance, un programme de recherche dont les adolescents soient les moteurs et les acteurs principaux (2).

Appuyé sur des discussions avec les adultes, des adolescents volontaires ont cerné leurs principaux points d’intérêt concernant leurs styles alimentaires, à savoir les différents éléments qui concourent à l’organisation de leur alimentation. Un questionnaire a été élaboré avec eux. Ils ont interrogé leurs pairs sur l’ensemble de la commune et ont été associés à l’analyse des résultats.

Dans cette commune défavorisée de la banlieue parisienne, leur étude corrobore celles réalisées en d’autres lieux concernant les pratiques alimentaires à cet âge. Tout en soulignant certains comportements nutritionnellement insatisfaisants (tels que la fréquence de l’absence de petit déjeuner, la faible consommation pour certains produits laitiers, la fréquence élevéed’un grignotage, la forte consommation de boissons sucrées), l’étude montre également l’attachement de ces adolescents tant à une alimentation prise avec les pairs qu’en famille. Le besoin d’évasion pour retrouver son groupe d’appartenance n’est pas un rejet de l’alimentation du domicile.

Durant la discussion au cours de réunions parents/adolescents, si les mères ont pu être rassurées quant à leur rôle "nourricier", les adolescents ont pu exprimer diverses demandes d’information relative à l’alimentation et des critiques concernant la cantine scolaire. Ils souhaitent que leur besoin de diversification des modes de convivialité alimentaire soit reconnu et accepté. C’est surtout chez les adolescentes plus âgées que s’exprime la demande d’une plus grande autonomie, de plus de liberté par rapport au cadre familial.