11 / 1994
Lima est une des plus grandes villes du Pérou : elle a subi des invasions successives de migrants venus à la ville pour échapper à la pauvreté des campagnes et depuis 1980 à la menace de la violence intérieure due à l’affrontement entre l’armée et les guerrilleros de Sentier Lumineux. Ne pouvant pas s’installer au centre-ville, ces migrants ont construit des agglomérations à la périphérie : les bidonvilles abritent ainsi aujourd’hui un tiers de la population de Lima, qui compte environ 6 millions d’habitants.
L’histoire d’un de ces quartiers spontanés illustre le processus d’organisation de ces exclus, mais néanmoins acteurs. En effet, en 1964, un groupe d’habitants a organisé une occupation clandestine d’un terrain où ils ont construit leurs maisons, grâce à l’entraide ("minka" en langue quetchua). Une junte administrative élue par eux s’est chargé d’exiger de l’Etat l’installation d’équipements et de services élémentaires (électricité, eau potable). Pour payer le coût de ces services, ils ont eu recours à "l’épargne communale".
Dans les années 80, le Pérou a vécu la crise économique la plus noire de son histoire. Outre l’inflation qui parvint à 3,040% en 1990, il connaît le chômage, la violence, la dénutrition. Pour lutter contre la faim- le problème majeur des habitants des quartiers pauvres- ceux-ci ont organisé des "comités de verres de lait" destinés aux enfants et des cantines populaires pour tous ceux qui n’ont plus les moyens de se nourrir. Une grande partie de l’aide internationale alimentaire est distribuée à travers ces cantines, lesquelles ont pris une telle importance dans le pays qu’elles ont formé une fédération. C’est sur l’initiative des femmes, les principaux acteurs de ce mouvement, qu’a été promulguée par le Parlement National la première loi obtenue sous la pression populaire dans l’histoire du Pérou, reconnaissant ces organisations de base (1990). Des institutions caritatives et des ONG ont apporté leur soutien à cette mobilisation populaire.
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, Peru, Lima
La communication montre comment des groupes sociaux défavorisés peuvent parvenir en s’organisant à résoudre aussi bien le problème du logement que celui de la nourriture, lorsqu’ils sont animés par une dynamique culturelle et sociale interne qui, en stimulant la participation populaire, finit par faire reconnaître comme un droit ce qui a été réalisé pour répondre à des besoins essentiels. Le rôle des femmes dans cet engagement est particulièrement souligné.
Intervention au colloque "Transformations sociales : processus et acteurs", Perpignan, 1994, organisé par l’ARCI et l’Université de Perpignan.
Actas de colóquio, seminário, encontro,…
GUTIERREZ, Blas; ESPINOZA, L.
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