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Le logement informel à Lima

Miren LARTIGUE

07 / 1994

L’espace urbain de Lima a augmenté de 1 200 % au cours des quarante dernières années. Le développement de la ville s’est opéré de manière illégale, en marge des dispositions étatiques, voire contre elles. Les migrants, d’origine rurale pour la plupart, ont pris d’assaut une ville qui leur refusait son accès et ont enfreint la loi pour accéder à la propriété, construire des logements et développer leurs quartiers. Devant l’ampleur du phénomène, et incapable de le maîtriser, l’Etat a instauré un système légal d’exception qui reconnaît et permet de légaliser progressivement l’ensemble de ces pratiques illégales.

Les migrants ont recours à deux pratiques distinctes pour s’approprier des terrains afin d’y reconstruire de nouveaux quartiers : l’invasion et l’achat illégal de terrains par l’intermédiaire d’associations ou de coopératives. Le succès de l’opération nécessite un nombre important de participants, une masse critique minimale qui permette aux migrants de faire pression sur le propriétaire (privé ou public)et de le disssuader de chercher à récupérer son terrain.

Une invasion est progressive quand le propriétaire entretient au préalable une relation avec les premiers occupants (fermiers des haciendas, ouvriers des terrains miniers...).D’autres groupes, sans relations avec le propriétaire mais avec les premiers occupants (famille, amis...), s’installent peu à peu sur les terrains mitoyens. Une invasion est violente si aucun lien préalable n’existe entre le propriétaire et les futurs occupants. Cette forme d’invasion a essentiellement lieu sur des terrains publics. Quelle que soit la méthode d’invasion choisie, les migrants organisent aussitôt un système de résistance contre l’expulsion : négociations avec les propriétaires, résistance armée si nécessaire.

L’achat illégal de terrains par l’intermédiaire d’associations ou de coopératives s’est développé dans les années 1970 après une réforme agraire qui imposait l’expropriation des propriétés rurales pour être distribuées et cultivées par les paysans. Les propriétaires et les paysans ont alors procédé à des ventes illégales de terrain afin de déjouer la réforme agraire : les uns préférant vendre leurs terres à bas prix (mais supérieur à celui de l’expropriation), les autres préférant acheter à bas prix et pouvoir construire (plutôt que de se voir attribuer des terrains sur lesquels ils n’auront pas le droit de s’installer). Pour cela, les paysans ont créé des associations et des coopératives d’acheteurs (organes légaux au-dessus de tous soupçons)pour obtenir des droits de propriété d’apparence légale bien qu’acquis de façon illicite.

Devant l’ampleur du phénomène, l’Etat péruvien a été obligé de créer des procédures d’enregistrement officiel. Ces procédures comprennent 159 étapes administratives successives et il faut compter une vingtaine d’années pour obtenir des titres de propriétés légaux!

La municipalité de Lima elle-même a organisé une invasion violente avec 7 000 familles pour surmonter la lenteur administrative du ministère du Logement.

Palavras-chave

moradia, setor informal, direito, processo de adaptação, pressão social, Estado e sociedade civil, êxodo rural, moradia espontânea


, Peru, Lima

Comentários

Les "informels" ont construit 42,6 % des logements de Lima, d’une valeur de 8,3 milliards de dollars et abritent 47 % de la population. La vie dans les "assentamientos" est loin d’être informelle. Elle obéit à un ensemble de règles établies par les communautés.

A noter que H. de Soto est très critiqué en Amérique latine pour ses idées ultra-libérales.

Notas

Titre de l’ouvrage : L’autre sentier : la révolution informelle dans le tiers monde.

Fonte

Livro

SOTO, Hernando de, LA DECOUVERTE, 1994 (France)

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