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Au Mexique, les populations indigènes des villes en quête de reconnaissance

Araceli Noemí BARRAGAN SOLIS

04 / 2001

Florentina Santiago Ruiz est la coordinatrice des organisations indigènes de la ville de Mexico. Ces organisations regroupent des personnes ayant émigré depuis les zones rurales du pays vers la capitale, et qui résident à présent dans le centre. Elles travaillent avec les indigènes qui se consacrent à la médecine traditionnelle et à la vente d’herbes médicinales, ainsi qu’avec tous les partenaires qui appuient les demandes de logements pour les indigènes.

La présence de Florentina à l’Assemblée mondiale des habitants, organisée dans la ville de Mexico du 2 au 6 octobre 2000, s’explique par son souhait de rendre public le besoin de reconnaissance des indigènes mexicains. C’est pourquoi elle a participé à la table-ronde intitulée « Une ville inclusive ».

La coordinatrice des organisations indigènes de la ville, qui fait partie d’une organisation de vendeurs d’herbes médicinales, nous raconte que c’est seulement l’année précédente que diverses organisations civiles se sont unies et ont commencé à se coordonner, après qu’une première alliance ait fini par disparaître après une série de problèmes. Depuis que Florentina a pris en charge la Coordination des organisations indigènes de la capitale, celles-ci ont recommencé à travailler de manière coordonnée.

Les indigènes de la capitale ont commencé à s’organiser avec un objectif simple : se soutenir mutuellement pour faire face aux problèmes qu’ils rencontrent, comme le commerce informel et la recherche de logements.

Il est connu que dans la ville de Mexico il est très difficile d’acquérir des terrains pour construire des logements et que, de plus, les autorités ont proclamé haut et fort qu’il n’y avait plus de terres pour de nouveaux logements. Les occupations illégales constituent dès lors le seul expédient auquel diverses organisations doivent recourir pour pouvoir se ménager un espace de vie. C’est le cas des organisations que coordonne Florentina Santiago Ruiz, qui affirme que cela concerne la majorité de la population indigène vivant dans la capitale, et particulièrement dans le centre historique. « Nous occupons des terrains vagues pour nous y installer, et si nous voyons que nous ne sommes pas expulsés, nous commençons à rechercher les moyens et les appuis pour acquérir le terrain. »

A cette organisation participent, entre autres, des handicapés, des commerçants (parce qu’ils travaillent pour la plupart sur la voie publique), des artisans, des marchands ambulants, des tepiteros (vendeurs du grand marché de contrebande et de marchandises falsifiées de Tepito). L’organisation des vendeurs d’herbes médicinales est parvenue notamment à ce qu’on les laisse travailler sur la voie publique, comme c’est le cas de Florentina qui travail dans la zone de la Merced. Pour y parvenir, il a fallu se confronter à « beaucoup de choses », par exemple la discrimination, l’absence de ressources pour obtenir un lieu et la prétendue « régularisation » des commerces sur la voie publique.

La régularisation des vendeurs sur la voie publique pose un problème complexe, parce que les autorités déclarent que l’on ne peut pas faire crédit aux indigènes, parce qu’ils ne sentiront pas obligés de rembourser, et dès lors ces derniers se trouvent exclus du programme. Comme le dit Florentina, « on nous traîne toujours dans la boue ». Même si les indigènes sont parvenus à mettre en place et gérer des marchés commerciaux, « ils nous les enlèvent toujours au final, sous prétexte qu’on ne peut pas faire crédit aux indigènes, et nous devons laisser la place à ceux qui ont de l’argent ». Pourtant, ils ont obtenu des logements – elle ne dit pas combien ni où, mais elle assure qu’ils ont réussi à obtenir des terrains pour leurs logements.

Malgré les difficultés auxquelles ils sont confrontés, ils imaginent un avenir prometteur pour leur organisation, car ils ont pour perspective de tisser davantage de liens entre eux, « connaître davantage d’organisations qui font face aux mêmes problématiques, afin que nous appuyions mutuellement comme communauté, comme indigènes. Car dans cette coordination il existe différentes ethnies. Il y a des Otomi, il y a des Zapotèques (je suis zapotèque), il y a des Masahua, qui représentent la majorité ici dans le centre historique. Continuer à nous renforcer, voilà notre perspective. Pour les autorités, pour le gouvernement, nous demeurons invisibles ; nous luttons pour être visibles et conserver nos traditions, nos racines, car ils nous traitent encore pire que des étrangers. », déclare Florentina, qui poursuit par la réflexion suivante. « Quand je suis arrivé à la capitale et que j’ai vu les mauvais traitements subis par mes frères, je me suis fixé un but. Celui de me former pour défendre mes frères, d’autant plus qu’en majorité nous ne savons pas lire ni écrire ni même parler espagnol quand nous arrivons dans la capitale. C’est pour cela qu’il faut se former et avoir beaucoup de courage, car la zone où nous arrivons pour la plupart, celle de la Merced, est très conflictuelle. Personnellement je me sens très satisfaite de mon travail parce que j’ai aidé de nombreux camarades à leur arrivée. »

Pour Florentina, il est fondamental que les habitants s’organisent sous tous les aspects, parce que grâce à l’organisation, on fera attention à eux. Elle souhaite faire part à ceux qui liront cette fiche de son intérêt fondamental : « que nous nous unissions tous et que finisse la discrimination, car beaucoup de gens ont été interviewés sans que cela donne beaucoup de résultats, je recommanderais que nous nous regroupions et que nous nous unissions tels que nous sommes chacun. »

Palavras-chave

medicina tradicional, povos indígenas, construção de moradores


, México, La Merced, México, D. F., México, D. F., Ciudad de México

dossiê

Povos indígenas

Notas

La présente fiche est issue d’un entretien réalisé par Martha Patricia Barragán Solís et Araceli Noemí Barragán Solís avec Florentina Santiago Ruiz, coordinatrice des organisations indigènes de la ville de Mexico.

Fiche originale en espagnol : En la búsqueda del reconocimiento de los indígenos mexicanos. Traduction en français par Olivier Petitjean.

Voir aussi, sur un thème proche (le quartier de la Merced à Mexico et le marché traditionnel de Sonora), la fiche (en espagnol) : Entre lo sagrado y lo profano: un mercado de brujos en la ciudad de México.

Fonte

Entrevista

COPEVI (Centro Operacional de Vivienda y Poblamiento) - 1o. de Mayo No. 151, San Pedro de los Pinos, México, D.F. 03800 MEXIQUE Phone: 52 55159627 - México - copevi (@) laneta.apc.org

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