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dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

Stratégie de la paysannerie tribale, intégration au marché et politiques étatiques dans le nord-est de l’Inde

Marguerite BEY

11 / 1993

Le paysage agraire de l’Inde est marqué par une très grande diversité, à la fois dans le climat et la topographie, et dans les types d’exploitations existantes. On rencontre aussi bien des exploitants capitalistes que des petits paysans utilisant des méthodes traditionnelles de culture ou bien encore une masse d’agriculteurs de toutes tailles. Chaque fraction de la paysannerie se caractérise par des intérêts, des stratégies, des modes d’exploitation et de répartition du travail et du capital très différents suivant le groupe d’appartenance. Pour expliquer ce phénomène, il faut se référer à la structure sociale existante et au système de castes, qui déterminent en grande partie les réactions du groupe face aux politiques de l’Etat et au marché.

Les groupes tribaux étudiés vivent dans le nord-est de l’Inde. Cette région est relativement isolée et est constituée d’une population à 90% rurale vivant de l’agriculture sur un territoire égale à 7% de la superficie totale de l’Inde. Autrefois, l’économie des tribus étaient basée sur l’agriculture itinérante par coupe et brûlis, complétée par l’élevage, la cueillette de produits forestiers, la chasse et la pêche. Elles pratiquaient le troc pour satisfaire les besoins non couverts par leur propre économie. Le fonctionnement de la tribu s’organisait autour de conseillers élus qui détenaient le pouvoir de décision et d’exécution sur les affaires du village. Le rôle de l’argent y était négligeable jusqu’à la mise en place de projets de développement gouvernementaux après l’indépendance.

Le système agraire traditionnel va se transformer sous la pression des programmes de développement, mais aussi de la pression démographique. On passe ainsi de la propriété collective des terres à la propriété individuelle, d’un système de coopération fondée sur la réciprocité à un système d’échanges marchands, et d’un type de culture itinérante à un type de culture sédentaire en terrasses. La pression démographique a provoqué une diminution du cycle de rotation des terres (de 20-25 ans on est passé à 5-7 ans), génératrice d’une baisse de la productivité des terres. De plus, ce phénomène a induit une intensification de l’exploitation et une extension des terres cultivées dans des zones marginales en haute altitude.

Cette modification du régime agraire et des techniques culturales s’est aussi accompagnée d’une transformation du type d’économie agricole. Les rapports à la terre et à l’argent vont être les facteurs prédominants du mode d’intégration au marché national et international. L’agriculture n’a plus à assurer l’auto-suffisance alimentaire, elle devient marchande et l’argent est un moyen d’accumulation de richesses et de capital. L’intégration au marché international se fera par la demande qui résulte de l’évolution des structures de la consommation et de l’investissement, et par le développement des marchés inter et intra-tribaux. Elle se fera aussi par la vente de produits tels que le thé, le coton et le café. Du travail communautaire, les sociétés tribales sont passées au travail salarié et les mécanismes de marché sont intégrés dans les décisions liées au mode de gestion et de production.

Mots-clés

agriculture, politique de développement, développement rural, marché intérieur, marché mondial, propriété foncière, système agraire, marché agricole, économie rurale


, Inde, Inde Nord Est

Commentaire

On peut dire que les programmes gouvernementaux ont connu un certain succès: la généralisation de la propriété privée des terres a permis le développement de nouveaux types de cultures. Le système des castes n’est cependant pas remis en cause.

Source

Articles et dossiers

MISHRA, S.N., UNESCO in. REVUE INTERNATIONALE DES SCIENCES SOCIALES, 1990/05 (France), N°124

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