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L’ADIE : Association pour le Droit à l’Initiative Economique

1 - L’organisation

Claire FAUVINET

1993

L’ADIE est une association sans but lucratif, loi 1901, fondée en 1988. Elle veut promouvoir l’auto-création d’emploi comme moyen d’insertion avec, comme soutien financier, un système de crédit inspiré de celui de la Grameen Bank et se propose donc d’octroyer des prêts (sans apport ni garantie)aux personnes désirant créer leur propre emploi et n’ayant pas accès au crédit bancaire. Pour que la personne intéressée reçoive ce prêt, elle devait constituer un groupe de solidarité avec quatre autres entrepreneurs, ayant chacun un projet. L’octroi de crédit dépendait du bon comportement, en matière de remboursement, de chaque membre du groupe.

Rapidement, il s’est avéré que la méthode des "groupes de solidarité" était inadaptée au contexte français.

Il est intéressant de constater que les types de relation entre les plus démunis ne sont pas les mêmes en France et dans les Pays en Voie de Développement (PVD). La densité de potentiels créateurs d’activité est aussi beaucoup plus faible, ce qui ne favorise pas la formation de ces groupes solidaires. Monsieur PAQUETTE a pu faire cette constatation grâce à son expérience au Chili, au sein de l’association CONTIGO, qui octroie des prêts et fait de la formation auprès des publics défavorisés, avec ce même système de groupe. Cependant, au Chili, ce système s’est révélé plus efficace et viable puisque 35 % des emplois sont des micro-activités, le taux étant de 60 % dans les quartiers où intervient CONTIGO.

Les situations n’étant pas comparables entre les PVD et la France, l’ADIE a donc voulu adapter le système de la Grameen Bank à l’environnement spécifique français. Maintenant, l’octroi de prêts ne requiert plus la constitution d’un groupe.

Concernant les financements, l’ADIE était soutenue, au départ, par la Fondation pour le Progrès de l’Homme, le FEID (Fonds d’Epargne Investissement Développement), par la Fondation de France. Aujourd’hui, quatre grands groupes la financent: l’Etat, la DAS (Direction des Affaires Sociales), le Ministère du Travail, des organismes publics (Caisse des Dépôts, le FAS (Fonds d’Action Sociale), la CEE à travers le financement de trois programmes : Pauvreté 3, HORIZON, Fonds Social Européen, des fondations privées déjà citées et d’autres (France Active).

A cela s’ajoutent des dons bancaires et les ressources des collectivités territoriales. Il est utile de souligner que la part de l’Etat dans le financement a tendance à croître, alors que celle des fondations privées diminue : ce qui pourrait signifier que l’Etat entend prendre le relais pour soutenir cette action, au moment où le chômage devient une préoccupation générale.

Cependant, le financement reste un problème pour l’ADIE, qui se trouve à une époque charnière de son développement. Les demandes sont croissantes ; un article de presse ou un reportage déchaîne un déferlement de courrier. De plus, le contexte politique est de plus en plus favorable à la notion de travail indépendant et d’auto-création d’emploi. L’ADIE se pose la question de son expansion. Jusqu’ici, sa petite structure ne souffrait pas trop de ce système de financement au coup par coup, mais la décision d’élargir cette structure exigerait des moyens de financement stables pour pouvoir assurer 5000 prêts dans 5 ans. Pour cela, quelques suggestions ont été formulées.

-La première serait le versement, par l’Etat, à l’ADIE de subventions automatiques de 10.000 FF pour chaque prêt octroyé à des créateurs d’entreprises, et ceci de manière à couvrir les dépenses d’exploitation. En effet, pour l’octroi d’un prêt de 20.000 FF, il faut compter 10.000 FF de charge d’exploitation. Cette somme ne peut être couverte par les intérêts qui sont insuffisants (de l’ordre de 1.500 FF pour un prêt de 20.000 FF). L’équilibre est donc loin d’être obtenu, d’où cette demande. Monsieur Paquette souligne la différence avec son expérience au Chili, à CONTIGO, où cet équilibre était possible du fait de la plus grande expérience des créateurs et des salaires plus faibles des chargés de mission, des taux d’intérêts très élevés.

-La deuxième suggestion concerne la constitution d’un fonds de crédit par les collectivités locales et par un emprunt. Pour garantir le remboursement de cet emprunt, l’ADIE propose la constitution d’un fonds de dotation avec l’aide de dons et subventions. Mais ce fonds est le plus difficile à obtenir : pour 1993, il faudrait 8 à 10 millions, qui seraient placés et rapporteraient ainsi des intérêts.

Le fonds de crédit servirait à l’octroi de prêts aux créateurs. Les 25 % d’impayés seraient couverts par un troisième fonds, le fonds de garantie, alimenté par les intérêts du fonds de dotation et d’autres subventions.

Ce système de financement permettrait d’obtenir un équilibre financier.

Cependant, la participation de l’Etat nous a paru trop largement sollicitée pour que ces suggestions soient acceptées. A cette remarque, Monsieur Paquette a objecté que le coût moyen annuel d’un chômeur était le double du coût de création d’un emploi indépendant.

Mots-clés

association, crédit, création d’entreprise, formation, évaluation de projet, recherche et formation, éthique


, France

Notes

Fiche extraite de l’entretien avec Monsieur Paquette, le 16 mars 1993.

Source

Entretien

FAUVINET,Claire; BERTRAND, Valérie, CEDAL FRANCE=CENTRE D'ETUDE DU DEVELOPPEMENT EN AMERIQUE LATINE

CEDAL FRANCE (Centre d’Etude du Développement en Amérique Latine) - France - cedal (@) globenet.org

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