Le système éducatif "classique" n’est pas adapté aux besoins sociaux des bidonvilles. Ce constat s’applique au bidonville de Mathare Valley, à Nairobi.
L’école ne constitue ici bien souvent qu’un préalable au chômage, l’accès à l’éducation est fortement inégalitaire du fait des contraintes financières et l’utilité sociale de l’école est remise en cause. C’est dans ce contexte que l’auteur, membre d’Undugu, un programme d’éducation en Afrique orientale, expose son idée "d’école de la vie" qui remonte à 1976 :
Cette école, gratuite, a pour but "d’aider les jeunes à développer des techniques leur permettant de modifier leur milieu et de le rendre productif et susceptible d’améliorer leur vie", l’éducation étant plus généralement considérée "comme un instrument utile pour gérer sa propre vie dans le milieu spécifique où l’on vit".
L’originalité de cette démarche peut s’observer dans le contenu et la finalité des enseignements. En effet, si les matières enseignées sont les mêmes que dans une école classique (mathématiques, cours professionnels, histoire, sciences sociales), elles trouvent leur support dans le milieu de vie des écoliers et fournissent des connnaissances directement exploitables. Il s’agit d’une "école vivante, faite d’expériences vécues qui sont analysées pour comprendre comment transformer le milieu et le rendre plus vivable".
Le petit commerce étant une activité généralement développée dans les bidonvilles, l’enseignement de mathématiques utilise comme support la gestion d’un mini-bar vendant du thé à certaines heures. Le capital nécessaire à l’achat du sucre, du thé, du charbon, des tasses en plastique et des ustensiles pour faire le thé, a été collecté grâce aux élèves, qui sont devenus actionnaires de ce bar à hauteur de cinq shillings par personne. Les élèves en assurent la gestion et la comptabilité pour une semaine au sein d’une équipe de quatre élèves, qui rend un compte-rendu comptable et l’argent à l’enseignant de service. A la fin de l’année, le capital et les bénéfices sont répartis entre les élèves. Le but de cette expérience est à la fois d’amener les élèves à comprendre l’utilité des mathématiques, et de leur inculquer des notions de base (addition, soustraction, multiplication, division, pourcentage). Sont en outre abordées les notions de capital, de profit, de perte et, "en considérant les avantages et les risques de ceux qui prêtent ou qui empruntent de l’argent, celle de l’usure qui est très répandu parmi les pauvres".
Autre activité importante, l’artisanat. Il fait l’objet de nombreux enseignements (menuiserie, couture, cours sur le travail du métal et sur les techniques de construction, connaissance des matériaux, assainissement). Outre le fait que ces matières sont directement exploitables, elles permettent d’aborder les notions de mesure, de poids, de proportion.
Grâce à la culture d’un jardin potager, les élèves reçoivent des notions d’agriculture, d’irrigation, de géographie physique.
L’enseignement de l’histoire s’appuie sur l’histoire de la famille, du village.
Les sciences sociales, également enseignées, sont étudiées grâce à l’analyse des problèmes sociaux que rencontrent les élèves. La violence est analysée à partir de l’exemple d’un acte violent commis dont on recherche les causes et les moyens d’éviter qu’il ne se reproduise.
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, Kenya, Nairobi
L’auteur estime que le problème principal qui se pose à la généralisation de ce type d’expérience est de trouver des enseignants suffisamment compétents et motivés pour réaliser un projet d’éducation alternative.
Articles et dossiers
DALLAPE, Fabio in. COOPERAZIONE, 1993/09, N°129
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