10 / 2001
La réserve naturelle de Popenguine (Sénégal), d’une superficie de 1009 ha, est connue aussi sous le nom de keur Cupaa, du nom du génie tutélaire de la zone Coumba Cupaam. Elle est entourée par un chapelet de 8 villages où vivent près de 40 000 personnes qui s’adonnent à une exploitation effrénée des ressources. Par le décret du 21-5-1986 la forêt classée de Popenguine est érigée en réserve naturelle. En 1987, les femmes du terroir, organisé par le conservateur de la réserve et quelques éléments du corps de la paix (Peace Corps), décident de participer à la gestion communautaire de la réserve.
Le 25 décembre 1988 est né sous l’instigation de Woulimata Thiaw le RFPPN (Regroupement des Femmes de Popenguine pour la protection de la Nature), avec pour objectif la restauration de la réserve naturelle, pour éviter la disparition programmée de ce site de biodiversité du fait d’une intensification de l’action anthropique. Un collectif dit COPRONAT (Collectif des Femmes pour la Protection de la Nature), regroupant 1555 femmes, est créé en 1995 pour la gestion de l’espace naturel communautaire. La personnalité du leader qui a su impulser la prise en charge des activités de restauration sans l’attente d’un encadrement quelconque a facilité l’appropriation du processus par les femmes.
Les activités de gestion sont diversifiées : reboisement, clôture de la réserve par des barbelés pour éviter les divagations de bétail, réhabilitation de la mangrove, cordons pierreux, amélioration et exploitation des potentialités touristiques, formation aux techniques de gestion de la réserve naturelle, assainissement, amendement des sols, programme de vente de gaz à usage domestique pour éviter l’exploitation du bois de combustible dans la réserve, plantation de bois villageois, ouverture d’un part feu de 6m de large autour de la clôture de la réserve longue de 12km, aménagement d’un lac de retenue pour les oiseaux migrateurs, chemins dans la réserve, lutte contre l’érosion par la mise en place de cordons pierreux, traitement des déchets et compostage.
La RNP (Réserve Nationale de Popenguine) a servi de modèle expérimental pour la mise en oeuvre de l’approche participative dans la gestion des parcs et réserves au Sénégal. Un protocole d’accord portant sur la gestion de la réserve de Popenguine est signé depuis le 3 juin 1996 entre le RFPPN, le COPRONAT et la Direction des parcs nationaux du Ministère de l’Environnement du Sénégal consacrant une prise en charge politique d’une initiative à la base. La présidente du RFPPN est l’une des deux femmes présidentes du Conseil rural au Sénégal. Son élection à la présidence de ce Conseil est liée en partie au rôle qu’elle a joué dans la conservation de la réserve naturelle. Grâce à son influence, le Conseil rural accorde une part active aux questions de genre et d’environnement. Par exemple l’accès des femmes et des filles à la propriété foncière, les procédures traditionnelles d’héritage excluant les femmes à ce droit.
Notons que, dans la réserve de Popenguine, les femmes et les filles, une fois formées par les ONG, participent elles-mêmes à leur formation. Les unes sont formées par les autres. Cette formation concerne la gestion durable de la réserve, la protection de l’environnement en général et les procédés utilisés dans l’entretien et l’exploitation forestière, tels que les techniques d’élagage et d’éclaircie. Ceci leur permet de travailler ensuite selon un point de vue écologique et économique. Pour cela, les femmes réparties en groupes et à travers une écriture communautaire, à l’instar de la cartographie participative, suivent l’évolution de la réserve. Cette activité justifie une action éducative horizontale des femmes en environnement. Ceci permet de comprendre comment la dévolution des responsabilités aux populations dans le cadre des gestions de ressources naturelles participe à une bonne appropriation des politiques de protection de l’environnement.
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Source : Rapport de l’atelier sur le renforcement des capacités dans l’analyse et l’influence des politiques de Décentralisation et de gestion des ressources naturelles au Sahel
Rapport
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