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Le foyer pour personnes âgées Hetong : la cristallisation d’un modèle à suivre

Entre public et privé émergent en Chine des dynamiques sociales originales : les organisations à but non-lucratif dont l’avenir semble prometteur mais qui cherchent encore leur identité.

Christoph EBERHARD

04 / 2000

Partout les retraites perçues par les personnes âgées constituent les ressources principales leur permettant de se payer une place dans une maison de retraite. Ainsi c’est le niveau des retraites qui détermine de manière générale le niveau des prix pratiqués. Or, on constate que si la population chinoise est en train de vieillir, le niveau des salaires et des retraites reste très bas. Ceci rend prohibitif l’accès aux maisons de retraite pour une grande majorité de la population âgée, pour encore au moins les dix années à venir. Le défi consiste donc à trouver des modes de gestion permettant d’allier une politique de prix abordable, un service de qualité et l’augmentation des places disponibles. L’expérience du foyer pour personnes âgées de Hetong semble à cet égard instructive. Ce n’est ni une institution étatique, ni vraiment une entreprise privée, mais un foyer géré de façon privée par une organisation à but non lucratif (Non-profit organization - NPO). A l’origine, le foyer Hetong pour les personnes âgées a été construit grâce à l’investissement privé de la Tianjin Leiben Industrial and Commercial Company for Scientific and Technological Development et au support de nombreux secteurs de la société. Il a aussi bénéficié d’aides publiques. Les droits de propriété ne sont pas détenus par une seule personne et ne peuvent être cédés à une autre institution. La nature non lucrative de la NPO et son objet d’aider les personnes âgées ne peuvent également pas être changés. L’intérêt de gérer de façon privée cet organisme à but non lucratif devient évident lorsqu’on compare son efficacité à celle des services rendus par l’Etat. Si dans une institution étatique une personne âgée ne paye que 300 RMB par mois, le véritable prix auquel revient une place tourne aux alentours de 1000 à 1200 RMB en moyenne (mais peut aller jusqu’à 1650 RMB) - et ce prix continue à augmenter avec les hausses de salaire. C’est l’Etat qui paye la différence et la charge budgétaire qui pèse sur lui devient de plus en plus lourde. En comparaison, à Hetong la place revient a 540 RMB par mois tout en garantissant un accueil d’une bonne qualité. En effet, inspirés par la réussite de Hetong, on a assisté à toute une éclosion d’entreprises privées qui s’inscrivent avant tout dans une logique commerciale où l’appât du gain prime le bien-être des pensionnaires. Des prix compétitifs sont proposés au détriment d’un accueil et d’un suivi de qualité des pensionnaires. Si Hetong se trouve en concurrence avec d’une part l’offre étatique et d’autre part l’offre privée, il semble cependant qu’il illustre une dynamique à approfondir pour le futur, alliant gestion efficace et esprit de "service public". L’expérience de Hetong est d’ailleurs concluante : initié avec la mise en place d’un foyer avec cent soixante lits, Hetong compte aujourd’hui cinq foyers offrant cinq cent places. Il a aussi mis en place un service de publication, un service d’aide aux personnes âgées résidant à leur domicile et une formation d’aides soignants. C’est devenu la plus grande institution d’accueil pour les personnes âgées de Tianjin et l’initiative, copié dans le secteur privé, est aussi appréciée et encouragée par des leaders politiques aux différents niveaux.

Mots-clés

personne âgée, service social, Etat et société civile, développement alternatif, secteur privé, secteur public


, Chine, Tianjin

Commentaire

Cette expérience nous invite à sortir des schémas dichotomiques public/privé et à nous engager dans l’invention de nouvelles formes pour répondre à des besoins sociaux spécifiques. S’il faut trouver des moyens de gestion plus efficaces que ceux de la machine étatique, le dévoiement de l’initiative de Hetong par des entreprises privées purement commerciales met en garde contre une "privatisation" ou une "commercialisation" pure et simple de "services publics". Par rapport à l’expérience de Hetong il a semblé primordial de définir clairement son statut, ce qui n’a pas manqué de susciter toute une réflexion sur ce qu’est, ce que doit être et comment doit se gérer une organisation à but non lucratif (NPO). Plus largement nous sommes interpellés par l’émergence possible de nouveaux partenariats entre "public" et "privé" dont les NPO sont une cristallisation prometteuse possible.

Notes

Cette fiche a été rédigée dans le cadre du Pôle de médiations entres les villes européennes et chinoises. Ce pôle est piloté par l’Aitec, Association Internationale de Techniciens Experts et Chercheurs, 21 ter rue Voltaire, 75011 Paris - Tél : 01 43 71 22 22 - Fax : 01 44 64 74 55 - aitec@globenet.org - www.globenet.org/aitec

Source

Compte rendu de colloque, conférence, séminaire,…

TUAN, Yang, Chinese NPOs Viewed from the Study of the Experience of the Hetong Home for the Elderly, 19 p

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