Georges THILL, Jean-Paul LEONIS
10 / 2001
Sur la base de l’expérience pilote de la construction de petits barrages à Apirathos, dans l’île de Naxos, un île des Cyclades, en Grèce (voir la fiche "Naxos, une initiative à effet démultiplicateur pour un co-développement durable"), le maire d’Apirathos a entendu présenter les recommandations pour une contribution techniquement efficace et socialement efficiente au développement durable de l’île. Il avait fait venir une série d’universités grecques et étrangères (suisse et allemandes) pour contribuer par l’expertise de leurs scientifiques, notamment en matière d’hydrogéologie, d’environnement, de botanique, d’architecture, à la réalisation du projet de barrages. Ces universitaires sont venus se former d’abord au contact d’expertises populaires pour pouvoir répondre aux besoins et aux attentes locales et en vue de pouvoir former efficacement les jeunes de l’endroit sur le plan technique et professionnel pour la maintenance des barrages comme sur les autres activités qui allaient en découler.
Les recommandations qu’a faites le maire d’Apirathos afin que les universités jouent un rôle pour un processus réversible de développement face à la dérégulation écologique et à l’altération sociale tournent autour de quatre axes.
D’abord, la formation et la recherche académiques. Il est indispensable que la formation et la recherche menées dans les universités puissent se reposer sur des stratégies prennant en compte l’implémentation des contenus de recherche et de formation sur le terrain et en coopération avec les sociétés et les contextes naturels et humains locaux. Dans ce cadre, les étudiants doivent pourvoir finaliser leurs travaux de fin d’études à partir de demandes sociétaires locales, et les chercheurs spécialisés doivent planifier leur travail pour répondre à ces mêmes demandes, car on ne peut envisager une efficacité technique sans efficience et régulation sociales.
Deuxième axe: la pénétration universitaire dans les sociétés. Une des manières pour les universités jouer leur rôle d’utilité sociale est d’approcher directement les sociétés, de les pénétrer et d’en assimiler les spécificités naturelles, culturelles et organiques. Pour faciliter la coopération, une démarche de popularisation des sciences, par des conférences, des débats avec les citoyens, est conseillée, tout comme une participation des universitaires à la vie sociale des îliens.
Troisième axe : incitation et encouragement de chaque activité au service du développement durable qui surgit à l’échelle insulaire. Il importe que les institutions universitaires comme leurs membres s’intéressent à toutes les activités des sociétés insulaires qui vont dans le sens d’une société soutenable et viable, que cette activité soit initiée par les autorités ou les organisations locales, pour inciter et encourager les citoyens à réussir cette activité.
Quatrième et dernier axe: création de laboratoires scientifiques et des centres de perfectionnement dans chaque île par les universités.
Quand il s’agit de programme pilote, tel que celui d’Apirathos, il importe que ce ne soit pas seulement une université ou un centre scientifique qui collabore à la conception et à la réalisation d’un projet du programme. Une coopération plurielle d’universités nationales et étrangères permet de mieux remettre en question les contenus épistémologiques et axiologiques des recherches et de valoriser des pensées métisses où s’entrecroisent pensée traditionnelle et rationalité scientifique par des métissages de cultures, des hybridations de connaissances et de techniques, grâce à la mise en réseau d’universitaires différents avec les partenaires locaux.
développement durable, mobilisation des savoirs, échange de savoirs, université, société civile, politique de l’eau, insularité
, Grèce, Naxos, Apirathos
Idées, expériences et propositions sur les sciences et la démocratie
L’expérience d’Apirathos montre à quel point le rôle de la recherche et de la formation universitaires peut contribuer efficacement à la réussite d’un projet, réussite qui doit combiner efficacité technique et efficience sociale. Elle suggère à quel point le développement durable requiert des universitaires un enracinement précis dans des territoires et des terroirs locaux. De même, elle apprend aux universitaires que leurs expertises ne peuvent surtout pas être les seules pour que le projet soit viable. Une co-expertise participative des populations concernées fait partie de la réussite du projet qui doit se mener dans une optique de citoyenneté concrète, responsable, plurielle et solidaire.
Compte rendu de colloque, conférence, séminaire,…
Manolis Glezos, PRELUDE, The role of universities in human resources valorization for social web preservation as well as for viable sustainable development, Georges Thill, 2000 (Belgique), numéro spécial hors série, p.293-297
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