Imaginer des formes de production et de diffusion de la recherche au service du bien-être collectif
07 / 2001
L’économie connaît actuellement une grande mutation. Elle est de moins en moins matérielle et de plus en plus "immatérielle". L’activité tertiaire ainsi que l’activité intellectuelle ont pris de plus en plus d’importance, y compris dans les activités industrielles.
Isaac Minian remarque que dans l’industrie automobile, le fournisseur doit fabriquer un produit avec les qualités requises, soumises à un contrôle strict, les composants arrivent trois fois par jour à la fabrique de voiture... : on a donc plus à faire à une technologie de l’organisation qu’à une technologie de la production. Ce sont l’information et l’organisation qui sont en jeu. Partout, il s’agit actuellement de gérer des savoirs de plus en plus complexes.
Les nouvelles technologies de l’information et de la communication sont l’apanage de ce que l’on nomme couramment la nouvelle économie.
En ce qui concerne "l’économie du savoir", ce sont les Etats-Unis qui ont le plus évolué - beaucoup plus que l’Europe - et qui ont le plus investi, surtout dans le domaine de l’électronique. Dans les années 90, ils ont beaucoup investi dans le domaine de l’industrie de la connaissance qui recouvre les biotechnologies, la production de la matière, les nouvelles utilisations de la matière, l’industrie pharmaceutique....
Ce secteur est de loin le plus dynamique : c’est celui qui a le plus exporté ces dernières années, qui présente les meilleures perspectives de profit, celui où il y a le plus d’investissement...Ce secteur exige une main d’oeuvre très qualifiée. Beaucoup de pays sont confrontés au problème d’ajustement entre la formation et la demande de main d’oeuvre.
Or, dans le domaine de cette production nouvelle qu’est la connaissance, les processus de recherche et de production sont de plus en plus privatisés. La question qui se pose alors est la suivante : comment garantir que la connaissance demeure un bien public ?
Nous pourrions envisager certaines formes de partenariat entre l’Etat et les entreprises. Dans un contexte de privatisation accrue, l’Etat ne doit pas agir contre mais avec le secteur privé. Il ne s’agit pas d’éliminer les processus de recherche car si on ne paie pas la recherche, celle-ci prend fin. Si l’Etat peut difficilement financer ce secteur - en cas d’échec, c’est l’argent public qui est en jeu -, il pourrait par contre partager les résultats de la recherche. Il pourrait récompenser l’entreprise pour l’inciter à pratiquer des prix plus équitables ou payer une partie de la recherche a posteriori et participer à la diffusion du produit en aval en opérant une massification de la production. Ce processus permettrait d’une part de garantir un profit à l’entreprise privée, et d’autre part de faire baisser l’incidence du coût fixe sur la production.
Dans le cas de l’industrie pharmaceutique par exemple, une fois le médicament trouvé, il n’est pas très coûteux de le produire en grande quantité. On pense ici aux médicaments génériques contre le sida par exemple.
Si une telle collaboration est envisageable, il reste à analyser les mécanismes par lesquels elle peut être mise en place.
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Fiche rédigée par Delphine Astier (5 rue Boisset, 38000 Grenoble - Tél : (33) (0)4 76 43 39 72 / 06 76 84 96 02 - delphine.astier@ifrance.com) dans le cadre de la préparation de l’atelier Etat et développement de l’Alliance pour un monde responsable, solidaire et pluriel. Pour plus d’informations, on peut consulter le site : www.alliance21.org/fr/themes/pol-dev.htm.
Entretien avec MINIAN, Isaac, professeur d’économie à l’Universit
Entretien
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