Nafissatou GUEYE, Benoît LECOMTE
03 / 1998
Nafissatou Gueye, formatrice au GRAIDE (Groupe de Recherche et d’Appui aux Initiatives de Développement, Guediawaye, Sénégal) : « A l’intérieur de cette mutuelle, nous sommes en train de développer un programme de formation en alphabétisation fonctionnelle des responsables de GIE (Groupements d’Intérêt Economique). Ces responsables vont être formées en gestion du crédit et d’une mutuelle d’E/C (Epargne/Crédit) pour qu’elles puissent bien gérer leur GIE. Car à la base les GIE sont bien gérés, le crédit sera aussi bien géré et au niveau de la mutuelle, il n’y aura pas beaucoup de problèmes de gestion.
Actuellement le GRAIDE bénéficie d’un programme d’alphabétisation financé par le projet « Priorité-Femmes ». Maintenant on aimerait, dans le cadre de ce projet qui a programmé une ouverture de 10 classes d’alphabétisation (avec 30 à 45 femmes maximum) que celles-ci constituent une source, une pépinière pour intégrer la mutuelle. C’est à l’intérieur de la Commission " Appui aux Activités Socio-Economiques " du GRAIDE, dont je suis chargée, qu’est née la Mutuelle (COFDEC : Collectif des Femmes pour le Développement de l’Epargne et du Crédit). Donc, maintenant on veut travailler avec ces femmes dans le domaine du crédit, leur donner le maximum d’informations pour les aider à mieux intégrer la mutuelle. Cela par le biais de la formation car il y aura aussi des thèmes fonctionnels sur la gestion, sur la santé et sur la mutualisation.
Les formations en alphabétisation nous permettent de former les femmes en gestion du crédit, gestion de l’épargne, gestion de l’activité, gestion de l’organisation. L’alphabétisation est la porte d’entrée parce que la plupart des femmes n’ont pas un niveau en français assez élevé qui puisse leur permettre de mener ces formations. Donc on passe par l’alphabétisation pour faire ces formations.
Au sein de cette mutuelle, on est aussi dans un milieu difficile : en effet le programme « Propêche » s’occupe maintenant d’appui aux mutuelles d’E/C (volet émergence et formation) et a ouvert des caisses d’E/C dans notre zone (département de Pikine-Guediawaye). Cela pose des problèmes. Et puis d’autres projets d’aide internationale déboulent de tous les côtés pour ouvrir des caisses d’E/C dans le département de Pikine ! Cela ne nous a pas empêchés de survivre jusqu’à obtenir notre agrément et de tester des outils dans le domaine de la gestion. A l’heure actuelle, on est en train de foncer pour donner le maximum de formation aux femmes. C’est aussi le moment où la mutuelle s’ouvre aux autres femmes du milieu qui aimeraient l’intégrer.
De la concurrence au niveau de l’alphabétisation, il y en a aussi ! Actuellement pour ce projet Priorité-Femmes, il y a beaucoup d’opérateurs sur le plan national. Dans le département de Pikine où nous sommes, il y a des opérateurs auxquels sont accordées des classes pour 18 mois ; ce qui veut dire qu’il y a de la concurrence avec les monitrices (les femmes qui doivent tenir les classes d’alphabétisation). Il faut développer une stratégie pour les retenir. En ce qui concerne les auditrices également, il faut développer une stratégie pour les retenir dans les classes d’alphabétisation afin d’atteindre les objectifs qui sont visés dans le cadre du projet. C’est pourquoi on aimerait amener ces auditrices des 10 classes à intégrer ensuite notre mutuelle qui peut constituer un lien commun pour elles. Parallèlement à la réalisation de ce programme d’alphabétisation, on va approfondir nos réflexions pour voir quel projet de post-alphabétisation nous devons mettre sur pied en fonction des réalités qui vont se dessiner dans les 10 classes ».
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, Sénégal, Dakar, Guediawaye
Deux traits de la stratégie d’une formatrice en milieu urbain : elle promeut l’alphabétisation des femmes comme « porte d’entrée » de la bonne gestion de leurs activités ; elle incite les participantes aux classes d’alphabétisation à faire partie d’une mutuelle d’épargne et de crédit pour qu’elles s’épaulent entre elles. Sa difficulté c’est l’excès d’offres d’aide dans ces deux domaines à la mode aujourd’hui (alphabétisation de la femme et épargne/crédit). Cet excès provoque l’instabilité des monitrices d’alphabétisation et la concurrence entre divers projets d’épargne/crédit.
Le travail de l’ONG GRAIDE, dans le Grand-Dakar à Guediawaye a déjà fait l’objet de fiches GRAD. Notre interlocutrice est à la fois une formatrice et une gestionnaire, en particulier au sein de l’UOPFGC (Union des Opératrices de Pêche des Femmes de la Grande Côte).
Entretien avec GUEYE, Nafissatou, réalisé à Dakar en 1998.
Entretien
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