Les propositions d’Habitat et Participation en Belgique
06 / 1999
Définition de l’interculturel
L’interculturel est un thème fort à la mode qui embrasse une telle diversité de situations que l’on finit par ne plus savoir de quoi l’on parle. Il existe donc une certaine méfiance ou tout au moins un flou évident lorsque l’on utilise ce terme. Contrairement au titre de ce paragraphe, je ne tenterai pas de donner une définition de ce terme, mais seulement de baliser un peu le cadre dans lequel cette réflexion se déroule. Littéralement, il s’agit de comprendre ce qui peut exister, être le lien entre deux ou plusieurs cultures. La difficulté, c’est que le mot culture peut englober la totalité de nos actions. Par exemple, on parle d’habitudes culturelles en matière d’alimentation et de l’a-culturation des fast-food (qui se trouve devenir de facto une nouvelle culture alimentaire). Bref, puisque le vocabulaire employé est vague, je me propose de raconter notre expérience à Habitat et Participation, petite association belge travaillant dans le secteur de l’habitat, au cours d’un cycle de formation à l’échange d’expériences. Je définirai donc cette interculturalité au niveau le plus micro, c’est-à-dire que lorsque je raconte mon expérience à quelqu’un d’autre, il a toujours l’impression qu’un fossé « interculturel » nous sépare car les contextes sont toujours différents.
Eléments interculturels du groupe de travail
Habitat et Participation anime des cycles de formation à l’échange d’expériences destinés à des groupes de personnes travaillant dans des quartiers à problèmes, dits quartiers d’initiative. Chaque quartier se voit octroyé une somme par la Région wallonne (il existe trois régions en Belgique) pour lancer un programme de rénovation urbaine, après enquête sociale, et aussi pour mettre en place une régie de quartier où se déroule la préformation des stagiaires issus du quartier. Ces formations que nous leur proposons se heurtent dès lors à des « cultures » différentes :
- composition hétéroclite du quartier
- rythmes de vie différents (fêtes, marchés, potentiels économiques,…)
- méthodes d’action très variées des différents partenaires politiques et administratifs (la Région finance, mais ce sont les villes qui gèrent les budgets et décident des actions et des acteurs locaux dont dépendent ces travailleurs)
- des habitudes différentes d’interagir, de négocier avec les associations locales en présence (cultures participatives,…).
Ces différences (voire ces divergences) rendent cette formation à l’échange d’expériences extrêmement difficile. D’autant que tout ceci est encore exacerbé par l’autorité supérieure du bailleur de fonds, la Région wallonne, qui a parfois bien du mal à tenir un discours homogène aux divers acteurs en présence.
Propositions d’Habitat et Participation
Ces propositions émanent de notre expérience et peuvent se révéler insatisfaisantes ou inefficaces dans d’autres contextes, mais nous pensons néanmoins qu’elles peuvent aider d’autres groupes qui chercheraient à dépasser l’interculturalité inhérente à l’échange d’expériences :
- Ne pas travailler sur le plus petit dénominateur commun, mais tenter de découvrir ce qui unit à un niveau supérieur. Cela doit émaner d’une volonté du groupe et ne peut lui être imposé.
- Travailler sur les variétés culturelles qui pourraient modifier les politiques, les conceptions, les mentalités des autres participants. On ne cherche pas à nier ces différences, mais on les met « à plat », on visualise : on réalise, par exemple, un « tableau des acteurs », tableaux différents d’un groupe à l’autre qui doivent permettre de s’informer et de comprendre mieux le cadre référentiel de l’autre, mais ne doivent en aucun cas être des tableaux « alibi » pour comparer les cadres de travail de chacun. C’est un dangereux écueil en formation qui entraîne les participants à sombrer dans la morosité, pensant que l’herbe du voisin est toujours plus verte ! …
- Arriver à impulser une dynamique qui permet au groupe de passer du stade « cette différence culturelle est une donnée immuable » à la prise de conscience que ce cadre de référence peut être soit un atout, soit une difficulté sur lesquels on a des prises (améliorer sa compréhension, parfois même son action face au cadre).
- Admettre non seulement les conceptions marquées par des cultures différentes, mais aussi - et parfois surtout - les modes de fonctionnement qui en découlent. L’on se trouve finalement beaucoup moins dérangé par des idées que par des actions. Il faut admettre, par exemple au niveau de la participation des habitants, que certains n’aiment pas venir à des réunions, mais veulent participer par d’autres moyens. Il faut donc leur proposer des formes qui puissent être reconnues ensuite.
- Tenter de trouver un équilibre dynamisant entre l’envie de comparer son cadre à celui de l’autre et l’attitude extérieure consistant à interroger purement et simplement l’expérience de l’autre pour elle-même. Il faut que les participants arrivent à interroger leur pratique personnelle suite à l’exposé d’une autre pratique. Il s’agit alors non plus d’un simple dialogue au niveau de l’interculturel, mais de la construction de sa propre pratique dans l’altérité (connaissance et compréhension du point de vue de l’autre dans son cadre de référence).
Déroulement actuel
Nous avons opté pour la formule suivante : chaque journée se déroule dans un des quartiers qui est visité le matin. L’après-midi, des thèmes sont développés avec des personnes-ressources. La méthode employée se veut différente des exposés « ex-cathedra » habituels : primo les personnes se présentent succinctement, secundo un « brainstorming » est entamé d’une part sur des expériences (en cours) ainsi que sur des questionnements concernant le thème en question, tertio des personnes-ressources présentes au brainstorming répondent aux questions et le débat s’installe. Nous avons par cette méthode la volonté d’empêcher les participants à rester trop passifs face à des « invités » qui accaparent la parole pour parfois parler de choses qui ne sont pas en rapport direct avec les préoccupations du groupe.
réhabilitation de l’habitat, formation, acteur social, dialogue interculturel
, Belgique
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