Bien que la capitalisation de l’expérience comprenne de nombreux et parfois très intenses processus personnels ou en équipe, bien que les auteurs soient souvent les premiers bénéficiaires en s’autoformant grâce à leur réflexion de la pratique, bien que l’action locale s’enrichisse elle-même avec les fruits de cette révision, c’est autour de la diffusion (dans notre cas, en général la publication imprimée) que se cristallise tout le processus de capitalisation.
Dès l’abord, c’est l’idée de publication qui motive cet effort exceptionnel, par le besoin de s’affirmer ou de se réaffirmer, par l’envie de partager et d’entrer au dialogue, au débat.
Que reprendre de l’expérience ? Que choisir dans cet ensemble de faits et d’apprentissages ? C’est en fonction de la diffusion que se prennent les décisions. On révise l’expérience pour préciser des publics éventuels et imaginer des types de produits pour l’échange.
D’où les deux questions de base que nous avions posées, au tout début de la capitalisation du Priv de Cochabamba, en Bolivie, sur la vulgarisation agricole, aux candidats à auteurs :
« Qu’ai-je (qu’avons-nous) appris dans l’expérience du Projet qui puisse être utile à d’autres ? »
« Quels faits, anecdotes ou vécus serviraient le mieux à bien exprimer ce que j’ai (nous avons) appris et les réflexions que j’en ai (nous en avons) tiré ? »
Autour de ce style de questions, la publication se fait alors motivation et pression et dynamise tout le processus.
C’est le défi du produit final à être diffusé qui stimule à approfondir l’expérience et à enrichir ses enseignements : il faut aller au-delà des banalités, il faut que le jeu en vaille la chandelle ! C’est lui qui fait pression pour affronter des blocages ou des négligences : si l’apport ne se justifie pas il ne sera pas diffusé ! C’est l’obligation de produire quelque chose de partageable qui souvent aide le mieux à mettre fin à certains débats ou atermoiements (qu’il ne faut pas confondre avec les nombreux « sauts » qui gèlent le processus à un moment ou à un autre).
C’est également l’exigence d’un produit utile et accessible qui aide et oblige à dépasser les anciens modèles d’écriture et à faire l’apprentissage d’une expression plus chaude, plus apte au dialogue.
Puisque la capitalisation de l’expérience s’inspire de l’idée et de l’envie de partage, sa méthodologie prend pour axe la diffusion, elle s’en sert pour mobiliser, dynamiser et orienter.
méthodologie, capitalisation de l’expérience
, Bolivie, Pays andins, Cochabamba
Il y a dans ce rôle de la diffusion un danger énorme à ne pas oublier : si l’on part d’une vision rigide des produits de diffusion, ceux-ci peuvent à leur tour frustrer l’effort, brider la capitalisation, éteindre les apports les plus intéressants.
D’où l’importance de pouvoir compter sur des circuits et canaux de diffusion plus que sur des modèles de produits.
D’où la nécessité d’une attitude sans cesse créative pour que la diffusion enrichisse le processus de capitalisation et que les travaux de capitalisation contribuent à rénover les formes de la diffusion.
Le PRIV : Proyecto de Riego Inter-Vallesest réalisé à Cochabamba entre l’Etat bolivien et la Coopération Allemande. Le livre de la capitalisation en vulgarisation agricole : « Del paquete al acompañamiento », Hisbol-Priv, La Paz 1994, 204 pages.
Fiche traduite en espagnol : « Capitalización: La publicación como presión y motivación »
Ce dossier est également disponible sur le site de Pierre de Zutter : p-zutter.net
Version en espagnol du dossier : Historias, saberes y gentes - de la experiencia al conocimiento