Il n’y a pas de conditions professionnelles indispensables à la capitalisation de l’expérience, mais on pourrait parler de conditions désirables. Et il ne s’agit pas tant de celles de l’auteur de capitalisation sinon de son entourage.
C’est là une réflexion qui, pour moi, s’est réaffirmée avec force au cours des capitalisations du Pput au Paraguay, puis lors de la préparation du deuxième livre du Priv à Cochabamba - Bolivie, lorsque j’aidais à la reprise de l’expérience en « vulgarisation agricole » : dans la capitalisation on confronte les acquis de l’expérience avec les connaissances préalables que l’on avait; cette confrontation est beaucoup plus porteuse lorsque l’on peut avoir comme interlocuteurs pour réfléchir de bons spécialistes de la branche ou du métier que l’on exerce.
De bons spécialistes cela veut dire des gens qui ont une connaissance poussée de leur matière, qui peuvent expliquer aussi bien le contenu d’un savoir que le contexte dans lequel il a surgi et s’est transformé, ainsi que ses relations avec d’autres savoirs et avec d’autres producteurs de savoirs. C’est là une des clefs d’un bon travail de terrain: pour ses prises de décision le paysan a plus besoin d’interlocuteurs qui l’aident à choisir et à intégrer que de vendeurs de produits tout faits. C’est aussi là une des clefs de la capitalisation: pour améliorer son élaboration de l’expérience en connaissance, l’acteur-auteur a besoin d’interlocuteurs qui l’aident à approfondir et à mieux comprendre la portée de ses acquis.
L’action de terrain amène toujours à se confronter à d’autres domaines, à d’autres matières que celles où l’on s’est spécialisé. C’est là sa richesse car la confrontation entraîne bien des interpellations et des remises en cause. Un des attraits de la capitalisation c’est de pouvoir référer ces questions au corpus de son métier, de sa spécialité, et de les y réfléchir.
On peut bien sûr formuler ces questions dans les produits de la capitalisation pour qu’elles soient ensuite reprises par d’autres ou avec d’autres. Mais lorsqu’il est possible pendant le processus de capitalisation d’avoir un interlocuteur pointu en la matière, cela aide à mieux formuler les questions, à reprendre des éléments de l’expérience qui offrent des pistes, etc.
recherche et développement, décloisonnement des disciplines, formation professionnelle, capitalisation de l’expérience
, Bolivie, Paraguay, Pays andins, Cochabamba
Que les capitalisations d’expériences soient le fait des acteurs eux-mêmes, voilà un but vers lequel nous devons ou nous voulons tendre. Mais il y a dans ces besoins de confrontations un indice qui pourrait permettre de retrouver des complémentarités entre terrain et chercheurs au cours du processus de capitalisation et non seulement avant ou après.
Le PPUT : Proyecto Planificación del Uso de la Tierra est réalisé au Paraguay par la GTZ allemande et la DGP del MAG. Le PRIV : Proyecto de Riego Inter-Valles est réalisé à Cochabamba entre l’Etat bolivien et la Coopération Allemande.
Fiche traduite en espagnol : « Capitalización: Las condiciones profesionales »
Ce dossier est également disponible sur le site de Pierre de Zutter : p-zutter.net
Version en espagnol du dossier : Historias, saberes y gentes - de la experiencia al conocimiento