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dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

Un processus de rencontres autour de la loi cadre contre l’exclusion sociale

Une animation adaptée et des participants motivés, des objectifs et un suivi de rencontre à la mesure de l’enjeu : les conditions majeures pour des résultats efficaces

Lydia NICOLLET

10 / 1998

Le Président Chirac, au cours de sa campagne présidentielle, avait proposé une loi cadre contre l’exclusion. Le temps a passé et elle n’arrivait toujours pas. Or la question restait vraiment d’actualité, et beaucoup attendaient cette Loi Cadre. Nous avons donc décidé, au sein du programme Lutte contre l’exclusion sociale de la FPH, de lancer un appel en octobre 1995, qui s’intitulait "Une loi cadre, pour quoi faire?", afin d’entamer éventuellement un processus de débat autour de cette question. Nous avons alors reçu un très grand nombre de signatures. Le processus était lancé, il fallait continuer.

L’objectif de ce processus de rencontres était d’aboutir à des propositions concrètes afin de les diffuser parmi les parlementaires qui étaient en plein débat sur le sujet. Cet objectif devait aussi se renforcer d’une publication. La problématique recouvrait huit thèmes majeurs. Nous avons donc décidé d’organiser successivement huit réunions d’une journée, chacune traitant de l’un des thèmes. Nous avons formé un noyau dur d’animateurs pour chacune des réunions. Ils furent rassemblés plusieurs fois lors de pré-réunions pour constituer la liste des participants, affiner le choix des thèmes et ébaucher une série de premières propositions. Le choix de l’animateur est vraiment clé : il doit savoir gérer l’équilibre entre objectif de production collective et objectif de créativité, laisser cours aux détours pendant les débats, à des questions d’intérêt très divers selon chacun, tout en sachant toujours recentrer le débat au bon moment et revenir aux questions clés, au thème de travail principal, à l’objectif de départ.

Nous avons choisi des participants ayant des profils très variés. Nous voulions que se rencontrent à la fois des acteurs associatifs, des élus, des conseillers techniques, des chercheurs et des chefs d’entreprise, afin qu’ensemble ils dépassent leur propre expérience et analyse et accouchent de propositions substantielles. Nous avons limité le nombre de participants à 10/15 par réunion.

Nous avons rédigé la problématique à partir des éléments constitués lors des pré-réunions avec les animateurs. Elle fut envoyée aux participants avec les premières propositions. Puis nous leur avons demandé de nous envoyer leur réactions et des propositions complémentaires, s’ils en avaient.

Le projet était le suivant : le matin, les participants donnaient leurs réactions sur la problématique. Puis dans un deuxième temps, ils donnaient leurs propositions. Ensuite venait le repas, pendant lequel deux personnes faisaient un diagnostic et une synthèse des propositions. En début d’après-midi, la synthèse était soumise aux participants, une discussion démarrait pour amender puis valider collectivement un plan de synthèse de propositions. Cette méthode a été suivie avec plus ou moins de rigueur selon les réunions, en fonction des animateurs et des participants. Car malgré toute la préparation avec les animateurs, on ne peut imposer aux gens une méthode totalement dessinée, et même s’il y a accord collectif, son application dépend de chaque animateur, de ses compétences et modes de fonctionnement propres. En revanche, un canevas méthodologique est indispensable, même si on sait qu’il ne sera pas totalement respecté, car il donne des repères aux animateurs, permet d’éviter les dérives et essoufflements. La méthode d’animation appliquée l’après-midi à partir des synthèses du matin était très efficace, même s’il n’était pas toujours facile de faire la synthèses des réunions dont les diagnostics n’étaient pas structurés.

Nous avons voulu utiliser l’Abaque de Réigner pendant les réunions : cet outil permet de lire sur un écran les résultats d’un vote pour des prises de décision ou des avis sur des questions diverses. Nous l’avons utilisé autour des propositions : les participants ont donné leur point de vue sur chacune d’elles. Les réponses s’affichent à l’écran par un jeu de couleurs, une fois tous les avis additionnés. Cet outil permet de dégager des consensus et il peut être un élément intéressant pour animer des discussions autour des propositions. Mais ça n’a en fait pas donné les résultats espérés car les participants ne connaissaient pas suffisamment l’outil et les animateurs n’ont pas su l’introduire dans la réunion avec efficacité. De fait, au lieu d’enrichir la discussion, l’Abaque de Reigner n’a permis que de faire un constat, une statistique. La méthode fut donc utilisée lors du premier débat uniquement.

Après la rencontre, nous avons rédigé la synthèse que nous avons envoyée à l’ensemble des participants afin qu’ils valident le texte par une signature. Pour la rédiger, il était important d’être deux : l’un prenait la plume, l’autre interviewait les participants sur certains points à éclaircir avant de les mettre noir sur blanc. Concrètement, cet envoi nous a demandé de faire beaucoup de relances, de rappels. Nous avons rediscuté et retravaillé la synthèse en fonction des réactions écrites, puis nous l’avons publiée. C’était un travail fastidieux, mais très utile.

Après la rencontre, le travail a continué. Après la publication du résultat, nous avons maintenu une dynamique d’après rencontre, d’une part en envoyant la synthèse aux parlementaires afin de les sensibiliser sur la question de la Loi Cadre, et d’autre part en soutenant les participants qui souhaitaient, après les réunions, organiser des débats localement sur ces mêmes thèmes. Et il y en a eu deux, un à Valenciennes, l’autre à Carcassonne. Le processus a par ailleurs donné lieu à des échanges intéressants avec quelques Hommes politiques.

Ensuite, nous avons profité du fait que l’événement de la loi cadre soit à nouveau médiatisé pour faire une large diffusion médiatique.

Mots-clés

méthodologie


, France

Commentaire

Dans une rencontre, le choix de l’animateur est essentiel. Son rôle est primordial, autant que la qualité des participants invités. De même, la méthode d’animation a toute son importance : par exemple, un animateur qui utilise une nouvelle méthode, l’Abaque de Reigner, doit savoir manier cet outil, sans quoi le risque de faire un " flop " est trop grand. De plus, l’opportunité de son utilisation dépend beaucoup du type de réunion, des objectifs et des participants.

Notes

Fiche réalisée à partir d’un entretien avec Laurent Fraisse. On peut le consulter à l’adresse suivante : ADSP/CRIDA - 76, rue Pouchet. 75017 Paris tel : (33)01 40 25 10 79 courrier-e : fraisse@iresco.fr

Entretien avec FRAISSE, Laurent

Source

Entretien

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