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L’expérience de MATRACA avec les enfants de la rue à Xalapa, Mexique

09 / 1997

Le soutien aux enfants de la rue se déroule dans un contexte difficile, à cause de la crise sociale, politique et économique du pays. Les politiques appliquées par le gouvernement mexicain devant la crise diminuent les possibilités d’avoir une vie digne, surtout pour les classes moyennes et basses de notre société. En plus des pressions économiques, le chômage augmente, les prix des produits les plus indispensables augmentent aussi, ainsi que les impôts.

Toutes ces circonstances ont des effets sur les chefs des familles, mais elles se traduisent en violence, pression et exploitation des enfants qui sortent à la rue avec l’espoir de ramener chez eux un peu d’argent pour soulager le poids de la charge économique. De cette façon la crise conditionne les conduites, la dynamique, les processus personnels et familiaux des enfants que nous accompagnons.

Les enfants subissent les pressions chez eux, et dans les rues ils doivent faire face à une augmentation de la compétition non seulement avec d’autres enfants, mais aussi avec des adultes qui, de même, doivent chercher à vendre quelque chose pour gagner un peu d’argent.

Devant cette situation, le besoin principal des enfants est de type économique et éducatif. Le support et les services offerts par Matraca aux enfants (accueil, soutien)sont importants et séduisants, mais ils n’arrivent pas toujours à être plus forts que leur besoin économique: ils savent que, s’ils arrivent chez eux sans un peu d’argent, ils peuvent subir la violence.

La consommation de drogues est de plus en plus forte chez quelques groupes d’enfants travailleurs, ce qui les fait de plus en plus "de la rue", avec le risque de rompre les liens familiaux.

Notre projet ne réussit pas à developper nos objectifs comme nous le voudrions, aussi bien en ce qui concerne le nombre d’enfants que dans la qualité des services offerts. Nos ressources humaines et matérielles son limitées et notre pratique éducative nous mène à une spécialisation dans les différents aspects que nous travaillons.

En ce moment, nous avons une maison d’accueil et un Club. Nous donnons du soutien à 25 enfants des rues, à 15 enfants qui vivent dans la Maison Matraca (Casa Matraca), 10 qui habitent dans la prison, 250 enfants qui travaillent dans la rue et près de 20 familles d’enfants travailleurs et de la rue.

Nous offrons du soutien médical, judiciaire, psychologique, dentaire, hygienique, culturel, sportif, récréatif (loisirs), alimentaire, de vêtements et de défense des Droits de l’Homme, dans la mesure de nos possibilités.

Le processus educatif est lent, difficile, et plein de circonstances qui le font plus compliqué qu’il ne l’est en lui-même.

QUELQUES SUCCES

Souvent, les enfants n’ont pas les documents exigés par le Ministère de l’Education ou ils dépassent l’âge correspondante au degré où ils doivent s’inscrire. Le seul fait d’être travailleurs est une raison pour être stigmatisé par les autorités et professeurs, un synonyme de délinquance, d’oisiveté et de danger. En dépit des difficultés, nous avons réussi à inscrire des enfants travailleurs de la rue dans des écoles publiques, sous la tutelle de Matraca.

Dans le cas des mineurs incapables de satisfaire les exigences des écoles, nous avons entrepris dans les installations de MATRACA un projet d’ Alphabétisation de l’Institut National d’Education pour Adultes, pour les enfants de 10 à 14 ans n’ayant pas fini leur école primaire. Cette petite école travaille trois jours par semaine, les après-midis, mais beaucoup d’enfants décident de continuer à travailler dans leurs carrefours, au lieu d’aller en classe.

Conduire le processus éducatif n’est pas facile, puiqu’il s’agit d’une lutte avec les parents ou membres de la famille de l’enfant, les professeurs, les autorités, et les enfants mêmes, qui devant tant de difficultés et une situation économique très difficile, préfèrent souvent déserter. Ainsi, notre travail avance petit à petit, au rythme marqué par les acteurs et leurs circonstances.

Nous avons actuellement un atelier d’expression culturelle, conduit par un professeur de la faculté de théâtre. Grâce à l’intérêt qu’il a éveillé, quelques artistes et groupes culturels nous ont invités à participer de façon gratuite à des spectacles et évennements.

Parallèlement, dans nos bureaux un autre atelier de sérigraphie s’est organisé pour les garçons de la rue et leurs familles. Le gouvernement donne des bourses pour deux mois, ce qui leur permet de couvrir quelques dépenses personnelles.

Actuellement, la politique de la commune et des programmes gouvernementaux a un but: retirer les enfants travailleurs des carrefours où ils travaillent. Ils pressionnent de différentes façons: des ordres judiciaires, des menaces de prison pour les parents ou les enfants et la menace (réalisée)de leur enlever tout ce qu’ils vendent, ou les objets qu’ils utilisent.

Nous avons exprimé notre inconformité, ensemble avec les enfants, et nous avons mis au courant les enfants et les familles quant au caractère illégal de ces politiques et pratiques.

Il est vrai que les enfants ne devraient pas travailler. Mais la réalité de notre ville et notre pays oblige beaucoup d’enfants à aller dans la rue pour chercher de quoi vivre, à travers un travail informel. Dans nos différentes activités éducatives et récréatives, lors des fêtes réligieuses ou civiques, nous sommes en train de promouvoir l’organisation des enfants pour se défendre des agressions de la police et des autorités communales ou syndicales qui exigent le paiement d’une cotisation (sorte d’impôt pour travailler dans la rue)ou essaient de les incorporer dans un groupe syndical qui leur vend de la protection.

Nous avons organisé avec les enfants la Troisième Rencontre des Enfants Travailleurs, où l’on a réflechi sur les risques et dangers qui existent dans la rue, ainsi que sur la façon de faire connaître à la société les circonstances de vie de ces enfants. A la fin de la rencontre, nous avons décidé de rédiger avec les enfants un manifeste qui recueille nos conclusions.

En ce qui concerne notre proposition de Loi pour la Protection des Enfants de Veracruz, nous avons fait, avec les enfants, une petite démonstration dans la Chambre des Députés, en démandant aux députés qui finissaient leur période de passer cette proposition aux nouveaux députés. Notre initiative a trouvé quelque support de la part de certains députés.

Grâce à une fondation espagnole appellée "Mains Unies", nous avons acheté un terrain avec une maison, où nous avons installé nos bureaux et le Club Matraca.

Le défi continue, et il va continuer tant que dans notre société continuera le présent système économique. Pourtant, et de façon paradoxale, nous savons aussi que les enfants sont un espoir réel car leur vie et leur exemple, même s’ils ne le savent pas, sont une alternative avec une signification, dans un monde qui les a oubliés et marginalisés.

Mots-clés

enfant de la rue, ONG, législation, droits des enfants, travail des enfants, enfant


, , Mexico, Xalapa

Notes

Traduction: G. Alatorre

Source

Texte original

MATRACA, 1997 (México)

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