Quelques orientations pour la formation de communautés scientifiques véritablement autonomes dans les pays en voie de développement
03 / 1998
Dans sa conclusion d’un article qu’il consacre à la difficulté de la naissance de communautés scientifiques dans les pays en voie de développement, Jacques GAILLARD souligne les points suivants. "Des efforts considerables ont été déployés, notamment depuis les années 60 et70, pour stimuler le développement des potentiels scientifiques de beaucoup de pays en développement. (...)Mais le degré de dépendance de la plupart de ces pays à l’égard de l’Europe et des Etats-Unis (surtout)est une entrave à la création de traditions scientifiques indépendantes et à la formation de communautés scientifiques véritablement autonomes. Il devient de plus en plus urgent de transferer du Nord vers le Sud le "centre de gravité" de l’enseignement de niveau doctoral. Il faudrait pour cela réviser les modes de coopération entre les pays-hôtes du Nord (qui offrent souvent des bourses)et les pays en développement. Les crédits substanciels qui continuent d’être dépensés par les pays offreurs de bourses pourraient être utilisés par les universités du Sud pour établir ou renforcer des programmes de doctorat dans des disciplines prioritaires pour leur pays. Cette consolidation des Universités nationbales contribuerait à améliorer les structures des communautés scientifiques naissantes. (...)Les Universités nationales ainsi renforcées gagneront en légitimité en renforçant leurs liens, non seulement avec les autres institutions de recherche et d’enseignement supérieur, mais aussi (et surtout)avec la société civile topute entière. De nouvelles formules devraient être trouvées pour permettre à l’Université de s’affirmer comme institution socialement pertinente". Ces propositions sont bien sûr à relier aves le problème de la "fuite des cerveaux" que J. GAILLARD aborde plus en amont dans son article. "L’incapacité du principal employeur, c’est à dire de l’Etat, à offrir à un scientifique de son pays un poste de chercheur ne lui laissera pas d’autre choix que de quitter son pays s’il veut continuer à travailler en tant que scientifique. Une lourde charge d’enseignement et d’administration, pas assez de temps pour la recherche, des équipements et des installations médiocres, ainsi que l’isolement vis à vis de la communauté scientifique internationale, autant de facteurs qui pèseront très lourd dans la décision d’émigrer, notamment pour les scientifiques et les ingénieurs relevant des disciplines experimentales (biologiques). Lorsqu’ils se préparent à émigrer, les scientifiques préfèrent toujours aller dans les pays industriels qu’ils connaissent le mieux, c’est à dire ceux où ils ont fait leurs études. Les Etats-Unis sont donc de loin favoris, suivis par la Grande Bretagne, la France, le Canada, et l’Australie. Aux Etats-Unis, plus de la moitié des doctorats en ingénierie délivrés depûis 1981 ont été attribués à des étrangers, dont près de 70% sont Asiatiques, en 1985, les étrangers y occupaient 40% des emplois post-doctoraux !... "
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Interêt de la suggestion de transferer les crédits pour bourses à des étudiants de pays du Sud vers des aides au renforcement des structures universitaires et de recherche de ces pays. A souligner par ailleurs, comme le fait d’ailleurs le corps du texte dont ne sont ici présentées que quelques conclusions, l’extrême disparité des pays en voie de développement quant à l’importance (voire même l’existence)de communautés scientifiques nationales. Aucune comparaison n’est à cet égard possible entre un pays comme l’Inde et la quasi-toyalité des pays d’Afrique.
Le texte dont on a présenté ici quelques éléments est, sous le titre "La naissance difficile de communautés sciientifiques" extrait de l’ouvrage collectif : "La quête incertaine: Science-Technologie-Développement"
Livre
GAILLARD, Jacques, LA QUETE INCERTAINE. Science-technologie-développement, EconomicaUnited Nations, 1994 (France)
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