06 / 1996
Construire une automobile occasionne autant de dommages à l’environnement que de l’utiliser pendant toute sa durée de vie. Les constructeurs ont donc une responsabilité majeure dans le contrôle des sources de pollutions, mais peuvent-ils en faire l’effort par eux-mêmes ? Volvo, constructeur automobile suédois, montre que c’est possible. Son président, dès 1972 (Conférence internationale de Stockholm)décide de s’attaquer aux sources de pollution à tous les stades du "cycle de vie" des automobiles : fabrication, utilisation et destruction.
Au niveau de la fabrication, les principaux responsables sont les solvants utilisés pour le traitement des surfaces et les peintures. Depuis 1991, Volvo utilise un procédé de traitement des chassis dans lequel les solvants ont été entièrement éliminés. En ce qui concerne la peinture, les émissions toxiques ont été réduites de 80 %. Les ateliers de Volvo émettent 15 grammes de solvant par m2 de carrosserie peinte, alors que les normes allemandes, parmi les plus sévères du monde, fixent le seuil maximal à 35 grammes par m2.
De 1986 à 1990, Volvo a obtenu de ses sous-traitants qu’ils réduisent de 70 % les quantités de CFC (responsables de la destruction de la couche d’ozone)utilisés pour la fabrication des plastiques et a proscrit définitivement certains des produits les plus toxiques. Depuis lors, les sites industriels appartenant à Volvo ou à ses sous-traitants font à tour de rôle l’objet d’audits environnementaux.
C’était déjà Volvo qu", en 1974, avait inventé le pot catalytique, puis un convertisseur catalytique destiné à réduire les émissions de gaz d’échappement au démarrage. La firme produit également des moteurs diesels "propres", dont les émissions d’oxydes de carbone et d’hydrocarbures sont réduites de 60 % par rapport à un modèle classique et des systèmes de climatisation sans CFC. C’est le seul constructeur européen à avoir fait des recherches sur l’utilisation du méthanol combustible en lien avec les Américains.
Pour faciliter le recyclage des voitures usagées, Volvo priorise les plastiques recyclables, les marque par catégorie pour faciliter le tri et mène des recherches sur des systèmes automatiques de dépeçage et de tri des pièces récupérées. La firme estime que les questions d’environnement conditionnent sa survie à long terme et entend rester en pointe dans ce domaine.
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, Suède
Les convictions d’un président n’expliquent pas tout et il est sans doute dans l’intérêt bien compris de Volvo de se situer à la pointe de la recherche technique dans ce domaine. D’abord en terme d’image, dans un pays où la conscience écologique est particulièrement développée. Ensuite en terme de stratégie industrielle : il serait intéressant de savoir par exemple si Volvo a pu monnayer les brevets de ses découvertes auprès des autres constructeurs. Il peut également s’avérer judicieux pour un constructeur d’être performant dans ce domaine s’il estime qu’à long terme, la pression de l’opinion publique tirera les normes à respecter vers le haut : en prenant l’initiative, il impose à ses concurrents une "course écologique" dans laquelle il est bien placé et qui pourrait en laisser quelques uns sur le carreau. Enfin, le constructeur audacieux propose ainsi au législateur des axes vers lesquels faire porter ses efforts et évite des mesures plus contraignantes, comme la limitation de la circulation automobile en ville. Les ressorts de la concurrence et du capitalisme pourrait-ils être habilement utilisés pour inciter les entreprises à diriger le progrès technique dans un sens favorable à l’environnement ? Au lieu de trainer les pieds, pourraient-elles passer à l’offensive ? Quoi qu’il en soit, l’exemple de Volvo montre déjà que la recherche peut donner à l’automobile les moyens d’être beaucoup plus propre qu’elle ne l’est aujourd’hui...
L’auteur de l’article est Senior Vice-Président de Volvo.
Livre
SEZE, Amaury Daniel de, L'Etat de l'environnement, La découverteFPH, 1993 (France)
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