La philosophie chinoise s’adapte à la réalité alors que la philosophie occidentale la transforme
09 / 1996
La philosophie chinoise ancienne repose sur la notion d’un tout unique dans lequel on peut distinguer deux composantes : le Yin et le Yang.
C’est la dualité dans l’unité. Sun Yat Sen (Premier Président de la République chinoise)s’inscrit dans cette tradition en affirmant que "la matière et l’esprit se complètent en s’affrontant ; ils sont à la fois antithèse et unité".
Par contre, l’ontologie occidentale est fondamentalement dualiste : le monde, pour elle, est caractérisé par la juxtaposition de deux principes opposés : de Descartes à Kant (les phénomènes et les choses en soi).
Les Orientaux privilégient l’unité, les Occidentaux, l’opposition.
D’un côté, une vision intégratrice qui correspond à un mode de pensée totalisant ou organique. De l’autre, un raisonnement linéaire et mécaniste fondé sur l’exclusion qui a excellé dans le développement des sciences et de la logique. Alors que le propre de la philosophie chinoise est d’explorer les voies de l’unité.
C’est en transformant leur environnement que les Occidentaux cherchent les voies de la liberté, alors que les Chinois les cherchent en eux-mêmes en tâchant de mettre en harmonie monde intérieur et milieu extérieur.
C’est parce que la philosophie occidentale met l’accent sur les contradictions et les oppositions qu’une tradition démocratique a commencé à se développer dès l’époque de la Grèce Antique.
C’est parce que leurs homologues chinois se sont attachés à les concilier qu’a été élaborée l’idéologie politique de la "grande unité" qui a fourni la base du despotisme féodal.
Cette philosophie, qui a assuré l’unité et la stabilité du pays, a favorisé, en revanche, le conservatisme en étouffant l’individu, en formant un "peuple docile", en renforçant le patriarcat, en soutenant le despotisme et en perpétuant le système féodal.
La philosophie chinoise s’adapte à la réalité, alors que la philosophie occidentale la transforme. C’est la raison fondamentale pour laquelle l’Europe occidentale - et non la Chine - a donné naissance au capitalisme...
On peut dire que ces deux modèles sont respectivement le produit de la "civilisation du silence" propre à l’Orient et de la "civilisation du mouvement" propre à l’Occident et que l’opposition entre ces deux cultures illustre les contradictions de notre époque.
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démocratie, philosophie, idéologie, politique culturelle, système de valeurs, dimension culturelle du développement
, Asie, Chine
Communication au XVIII° Congrès mondial de Philosophie, Montréal, 1983.
L’auteur de cette communication est un philosophe chinois
Compte rendu de colloque, conférence, séminaire,…
JINGSHAN, Liu
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