02 / 1993
"Une ville se raconte", fut au départ le nom d’un projet. "Une ville se raconte", se Rencontre - destiné à assurer l’implantation locale d’un théâtre, à aider les habitants de la ville à se mettre à la recherche de leur historicité et de leur habitabilité. Un projet qui donna naissance à une association.
L’intérêt de la devise de l’association : "Culture par la rencontre" est multiple :
1)elle synthétise et fixe en une expression l’expérience vécue dans l’histoire des origines du mouvement. La rencontre décisive, fondatrice, reste celle qui eut lieu entre les comédiens du théâtre du Campagnol et la population de la ville de Chatenay-Malabry.. Cette rencontre ne doit pas être sous estimée. C’est elle qui justifie en quelque sorte l’axe animation/création et formation, élément porteur, dynamique de l’association, même si, à partir de 1985, celle-ci conquit une personnalité propre, plutôt centrée sur l’animation, tandis que le Théâtre du Campagnol se construisait de son côté une réputation à un niveau international.
C’est dire que les dimensions individuelles et collectives, loin de s’exclure, traversent les projets personnels et organisationnels. C’est évoquer aussi une figure du militant d’"Une ville se raconte", esquissée dès son origine : c’est une personne de plusieurs appartenances : animateur/comédien, résidant/étranger, jeune/vieux, artiste/professeur, et une personne également capable de s’adapter à plusieurs logiques, capable d’être médiateur.
2)La devise est porteuse de sens par rapport à la démarche artistique, aux valeurs qui y sont engagées. La création théâtrale fait l’objet d’une réflexion commune, en même temps que l’environnement fait l’objet d’un travail d’exploration et d’enrichissement ; l’oeuvre de créativité se situe déjà à ce niveau.
L’exploration des espaces de vie est le moment de la rencontre entre des personnes animées par des désirs, des intérêts communs, et un environnement plus ou moins porteur. C’est de ce jeu complexe entre attentes et stimulations, qui a cassé bien des habitudes mentales et des habitus passifs, qu’a pu surgir un projet possible.
Cette façon d’ouvrir les systèmes, voire de se situer à la marge de plusieurs systèmes a joué en retour sur le style même de l’activité théâtrale proprement dite et sur sa reconnaissance immédiate par les habitants de la ville. Les premières pièces représentées jouent sur l’effet de miroir ; renvoyant aux gens leurs propres discours et se faisant, le leur révélant. Effet qui était redoublé puisque "les acteurs", ceux qui renvoient la parole qu’ils se sont appropriée, appartiennent à la même ville.
3)La devise est porteuse de sens pour les acteurs en présence, leur positionnement et leur pratique de négociation.
Il y a un travail de confrontation à faire continuellement entre finalité d’un côté, lecture de la situation de l’autre. Le compromis entre le possible et le souhaitable est alors le fruit d’une double négociation:
- négociation interne d’une part entre les auteurs du projet, d’autre part entre ses auteurs et les acteurs périphériques (adhérents, bénévoles).
- négociation externe entre les auteurs des instances extérieures détentrices de projets concurrents, parallèles ou plus englobants. La négociation porte notamment sur les zones d’interférences du projet avec ses voisins (les services sociaux, les centres d’action culturelle), ou son emboîtement avec des ensembles plus vastes (l’éducation nationale, les grands théâtres, la municipalité ou le département), vis-à-vis desquels l’association se situe dans une partielle dépendance.
L’intérêt de cette devise comporte cette caractéristique, dans la mesure où elle continue d’orienter les pratiques, d’intégrer la multidimentionalité : on évite ainsi les dérives totalitaires ou technicistes ou le piège idéologique qui menace bien des projets.
culture populaire, histoire du développement, interdépendance culturelle, décloisonnement des disciplines, éthique, acculturation, identité culturelle, participation populaire
, France, Châtenay-Malabry
Il y a la volonté sous-jacente de montrer que la "culture par la rencontre" n’est pas le label d’une association, mais que beaucoup l’ont vécue avant de l’institutionnaliser. Le projet réalisé reconnaît sa modestie par rapport aux ambitions qui le fondèrent. La relativité qu’il acquiert le situe dans la mémoire d’une histoire qui récapitule à sa façon les trois mots clefs. Ils ont valeur de témoignage et non pas de normes. La devise semble cependant faire problème en temps de crise : quelle est la vocation de l’association ? Ce qui renvoie à des questions de fond : comment comprendre l’efficacité d’un mouvement ; comment mesurer sa pertinence, à quelle aune ? C’est également la question de l’esprit. Dès lors qu’"Une Ville Se Raconte" se définit comme lieu de dialogue et de rencontre, est-il légitime, souhaitable de demander en temps de crise une parole unique et des actes identiques ?
Littérature grise
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