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Le groupe ’Intermediate Technology’ a aidé la Fédération des Sociétés des Pêcheurs d’Inde du Sud à construire de nouveaux types d’embarcations pour les pêcheurs artisans

Pierre GILLET

05 / 1995

En visitant les plages des districts de Quilon, Trivandrum ou Kanyakumari dans l’Inde du Sud, on est presque certain de trouver les pêcheurs débarquant leurs captures de bateaux en contreplaqué. Et probablement, de bateaux en contreplaqué de type "cousu et collé"! ("stick and glue")construit par un des ateliers du réseau de la Fédération des Sociétés des Pêcheurs d’Inde du Sud (en Anglais: SIFFS).

La SIFFS a quatre centres de construction des bateaux: Muttom, Anjengo, Quilon et Veli. Ils produisent plus de la moitié du nombre des embarcations en contre plaqué construites dans cette région.

Avec l’aide du Groupe de Développement des Technologies Intermédiaires d’Angleterre, SIFFS a été ,dans les dix premières années, un leader de la construction des bateaux. En fait, la première embarcation construite au chantier de Muttom en 1982 est toujours en service.

Aujourd’hui, la plupart des pêcheurs qui utilisent ces bateaux en contre plaqué, opéraient jadis en pirogue monoxyle, en canöe à clins ou sur kattumaram traditionnel. Un kattumaram (à ne pas confondre avec un catamaran ou embarcation à deux coques; note du traducteur)est construit avec des arbres de bois léger reliés ensemble solidement.

Dans cette région, il y a, en principe, 2 types de canots en contre plaqué - les canots pontés et les canots ouverts ou "vallams". Les premiers sont des embarcations insubmersibles et sont en général préférées par les anciens pêcheurs en kattumaram pour travailler à la ligne ou au filet.

Les vallams ouverts, par contre, sont utilisés par les pêcheurs qui, auparavant utilisaient les pirogues ou les canots à clins pour la pêche avec filets maillants ou dérivants.

Au cours des années 80, la motorisation et la difficulté croissante d’obtenir les bois d’une taille et d’une qualité correcte ont forcé les pêcheurs à chercher d’autres alternatives. Puis, ils se sont mis aux embarcations en contre plaqué. Ils ont trouvé que celles-ci, par rapport à leurs bateaux traditionnels, étaient plus sûres, plus rapides, plus solides, aussi faciles à échouer et capables de transporter plus. Elles étaient aussi appropriées pour la pêche au large en eaux plus profondes.

Les besoins des pêcheurs changent constamment. En conséquence, SIFFS, soit modifie, soit crée de nouveaux modèles.

A Quilon, les pêcheurs de lagune ont voulu remplacer leurs embarcations traditionnelles à clins. Pour eux, SIFFS a créé le thoni.

La limitation du coût

Tandis que les pêcheurs, en général, affirment que le thoni est une bonne embarcation, personne n’en a actuellement fait une commande ferme. Ceci parce que le thoni est plus cher que ce qui est utilisé à présent.

Le supplément d’investissement que le thoni représente ne sera pas compensé par un rendement accru, car, ils travaillent toujours de la même manière.

Quand les pêcheurs de Pozhiyoor ont voulu une embarcation plus grande qui les aiderait à transporter aisément les grandes quantités de filets dérivants, SIFFS a répondu en créant le modèle "Pozhiyoor" de 28 pieds de long. Ceci a été un grand succès chez les pêcheurs de cette région et SIFFS reçoit maintenant un grand nombre de demandes pour ce modèle.

Concerné par les signes croissants de la surpêche dans les eaux littorales, SIFFS a tenté de développer la pêche dans les eaux plus profondes, en construisant les embarcations du large et la série PV de ply-vallams. Celles-ci ne sont pas encore populaires chez les pêcheurs.

SIFFS encourage maintenant l’usage des glacières et taudes, qui pourront être utilisées comme voiles (et quelques pêcheurs pratiquent déjà le "voile+moteur", avec des moteurs de diesel construits localement). SIFFS espère que ceci mènera les pêcheurs éventuellement à "la pêche restante" en leur permettant de rester sur place plusieurs jours au lieu de rentrer le soir même.

Les changements de modèle ont été aussi faits, en tenant compte de la disponibilité des matières premières appropriées. Les bateaux en contre-plaqué marin de bonne qualité est devenu rare en Inde, et devient un produit de plus en plus difficile à obtenir. L’inde fabrique de grandes quantités de contre-plaqué de qualité marine, mais c’est en utilisant des bois importés d’Afrique et d’Asie Sud-Est.

Par conséquent, le prix du contre-plaqué a augmenté de 20%, rien qu’au cours de l’an dernier. Et cette même année, le chantier de Muttom (le plus grand du réseau de SIFFS)a dû arrêter la production pendant trois mois, à cause de la non disponibilité de multiplex marin.

La SIFFS expérimente actuellement une technique différente dite "en liteau" (stripped plank). Cette méthode utilise le bois local et bon marché, qui est coupé en bandes plus petites et usinées de façon telle qu’elles présentent un côté convexe et un côté concave le long de chaque bord. Ces bandes s’ajustent l’une à l’autre et peuvent être collées et clouées ensemble. Les bandes plus petites, de 20mm de largeur par exemple, peuvent être utilisées pour les courbes.

Une couche de polyester-fibres de verre recouvre le bateau pour protéger le bois contre les tarets et la détérioration due au contact long et direct avec les eaux de mer. Ceci est particulièrement nécessaire quand les embarcations ne sont pas échouées chaque jour, mais sont mises à l’ancre jusqu’au prochain embarquement.

La construction à "liteau" rend les embarcations robustes et est en elle-même, très facile à apprendre.

Mots-clés

pêche, technologie appropriée


, Inde

Notes

L’auteur est responsable des Programmes à la SIFFS, Trivandrum.

Source

CHERIAN, Philippe

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