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Au Cambodge, l’association Outreach s’adresse prioritairement aux femmes en développant des programmes d’éducation à la démocratie et à la défense de leurs droits

Bérengère CORNET

03 / 1994

Durant les 23 années de guerre au cours desquelles les droits les plus élémentaires des Cambodgiens ont été bafoués, la notion d’éducation à la démocratie s’est peu à peu vidée de son sens. Jusqu’aux élections de mai 1993, les associations, quelles qu’elles soient, ont été discréditées, du fait de la propagande et des abus opérés par un certain nombre d’organisations politiques pendant la guerre. Aujourd’hui, seules deux provinces sur huit ont mis en oeuvre dans leur programme éducatif l’éducation à la démocratie et à la défense des droits humains.

Malgré cela, OUTREACH, une ONG cambodgienne née en 1991 et soutenue financièrement par le CCFD, emploie une dizaine de formateurs engagés dans des programmes d’éducation aux droits de l’homme et à la démocratie dans la quasi totalité des provinces du pays. Ils touchent ainsi plusieurs milliers de personnes.

Les femmes font l’objet d’une attention particulière. Actuellement, 25 à 30% d’entre elles se retrouvent chefs de famille. A cause de la guerre, beaucoup sont veuves ou ont été abandonnées. Aussi, doivent-elles continuer à assumer les responsabilités de leurs maris, comme elles l’ont fait pendant la guerre lorsque ceux-ci étaient au combat. Le plus souvent à la tête d’une famille nombreuse, elles se voient matériellement contraintes à travailler à l’extérieur de chez elles. N’étant pas formées, elles exercent des emplois précaires et sous-payés (dans la restauration par exemple)et ne peuvent prétendre à d’autres activités plus rémunératrices et gratifiantes (enseignement).

Pourtant, le mouvement d’émancipation féminine qui est né pendant la guerre doit se poursuivre. On constate en effet que les femmes cambodgiennes n’ont pas l’habitude de s’impliquer dans un mouvement ou un parti politique. Au Parlement, elles sont moins de cinq (sur un total de cent-vingt personnes). Seul un cinquième des femmes ont fait des études et commencent à percevoir l’enjeu que représente la démocratie comme vecteur de changement social et le rôle qu’elles peuvent elles-mêmes jouer dans cette transformation.

Il est donc urgent que les femmes bénéficient d’une éducation à la démocratie, à la prise de responsabilité sociale et à la défense de leurs droits. Parallèlement, il faut qu’elles puissent bénéficier de formations professionnelles adaptées à leurs besoins et qualifiantes. Mais il est également nécessaire d’éduquer les hommes au respect de la femme, de les ouvrir aux réalités vécues dans d’autres pays dans lesquels la femme est mieux insérée dans la société.

Récemment, les droits des enfants et des femmes ont été inclus dans la constitution royale du Cambodge avec l’ensemble des droits humains, ce qui est tout à fait novateur. La campagne d’opinion réalisée par certains médias n’y est certainement pas pour rien.

Les femmes représentent aujourd’hui 60 à 65% de la population cambodgienne. La reconstruction de la société et la consolidation de la paix passeront forcément par elles.

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