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dialogues, propositions, histoires pour une citoyenneté mondiale

Rêves et réalités en pays Soninké

De jeunes Français issus de l’immigration découvrent le Mali

Jean Yves BAGLAN

06 / 1994

"La maison du monde d’Evry, groupe Peuples Solidaires de la région parisienne, a organisé à la Noël 1991 la première rencontre de jeunes adultes Evryens à Kayes (Mali)dans le cadre du nouveau jumelage-coopération Agglomération Nouvelle d’Evry/Kayes".

Une vingtaine de jeunes français, issus majoritairement de l’immigration (malienne, espagnole, italienne, antillaise)étaient du voyage. Ce séjour en pays Soninké, terre de migration et d’émigration peut permettre de réfléchir aux objectifs de ces voyages dans le Tiers Monde. Bien que souhaitables, ils présentent deux dangers :

- celui de réaliser un voyage uniquement touristique ou d’aventures, facilement critiquable.

- celui de partir avec de bonnes intentions sans réel projet ,ni compétence. En effet, "le Sud n’a pas besoin de notre main d’oeuvre française non qualifiée et bénévole".

Ce séjour à Kayes, la deuxième ville du Mali, avait pour but de faire de la formation-découverte, de faire comprendre aux jeunes, par la rencontre et la confrontation, ce que sont les sous-développement et leurs contraintes. Si ce séjour comportait un mini-chantier humanitaire -la réfection d’une case de passage, future maison du jumelage- celui-ci "était conçu comme support à l’entrée en relation ; l’objectif étant bien de découvrir un pays du Sud, de vivre un peu le quotidien d’un peuple".

Ce chantier à mi-temps a permis de prendre conscience des contraintes culturelles, sociales, économiques ou encore administratives qui pèsent sur le développement du Sud. "Cela permet tout simplement de se rencontrer mais, surtout, d’attendre la peinture qui n’arrivera que dans deux jours parce que nous avons dévalisé le stock de Kayes en achetant une dizaine de pots. D’acheter des clous sans en acheter une boîte, de prendre conscience de la valeur, ici, du matériel que nous trouvons en France dans des grandes surfaces".

De plus, la confrontation, la vie en commun ont fait émerger les barrières culturelles et enlevé aux participants quelques-unes de leurs idées-reçues sur le Tiers Monde. Par exemple, "notre culture du repas/rencontre où l’on se parle se heurte au repas/silence, respect de la nourriture d’où l’on sort rapidement. Le silence de certaines personnalités (...)dérange. Pour nos amis maliens, cela cache une rancune cachée, donc un être dangereux".

En outre, ces rencontres peuvent aussi permettre de remettre en cause nos propres valeurs : "Combien du groupe disent avoir trouvé la-bas un bonheur vrai, présent, la solidarité... Pourtant, est-ce que les termes sont applicables à nos hôtes? Nous avons toujours tendance à calquer nos conceptions sur leur vie. Non, la solidarité n’existe pas au Mali, au sens où nous l’entendons en France. Oui, beaucoup plus qu’en France, il existe une vie collective. Traditionnelle, culturelle, elle aussi nécessaire à la survie".

Il est bon de noter, en conclusion, "qu’il faut tisser avec les pays du Sud, cet autre côté du miroir, un lien multiforme qui est peut-être l’essence même des jumelages, un lien qui donne un visage au pays d’origine, qui le sorte du fantasme. Peut-être pourra-t-on enrayer le racisme et donner au développement le sens d’un avenir commun".

Mots-clés

éducation au développement, interdépendance culturelle, formation, projet de développement, partenariat


, Mali, France

Source

Articles et dossiers

EMMANUEL, Pierre in. PEUPLES EN MARCHE, 1992/02, 69

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