Volontaire au sein d’une association en Allemagne, Ségolène Charvet expérimente la diversité culturelle à deux pas de chez elle, au cœur de la bonne vieille Europe.
« Mes rencontres interculturelles, j’ai été amenée à les vivre à plusieurs niveaux et à plusieurs reprises. J’ai participé à un programme européen (1) qui m’a permis de voyager en Europe, puis de partir au Bénin. En ce moment, je réalise un volontariat au sein d’une association en Allemagne. C’est essentiellement la composante de l’échange qui m’attire, à travers la confrontation à l’altérité et à l’interculturalité qui permet d’entamer une réflexion personnelle.
Auparavant, je pensais que la « véritable » rencontre interculturelle se déroulait de l’autre côté du monde. Je ne m’attendais pas à être aussi surprise par les pays européens que je considérais toujours comme proches et accessibles, et dont je croyais avoir décodé les cultures et les modes de vie.
Aujourd’hui, je me trouve bousculée d’être immergée dans une nouvelle culture, bien qu’elle soit européenne : mon quotidien est un condensé de situations cocasses et embarrassantes. Elles sont de fait le miroir de mes habitudes et valeurs sociales, de mon éducation et de mon histoire. Cela me ramène à des instants vécus au Bénin, où ma nationalité rappelait l’histoire coloniale française : je me retrouvais à porter un poids que je n’avais jamais imaginé jusqu’alors. Mon binôme allemand m’a révélé que ce que je ressentais pour la première fois de ma vie, lui, le vivait depuis sa naissance en Europe au sujet de la Seconde Guerre Mondiale ; ce n’est qu’en Afrique qu’il a pu apprécier une identité « neutre ».
Il me semble qu’en Allemagne je parviens plus facilement à dialoguer avec des jeunes européens qui ont vécu à l’étranger et qui ont l’expérience de ces instants incertains : je ressens comme une empathie de leur part à mon égard. Cela m’amène à me questionner sur ma propre démarche envers l’étranger lorsque je suis dans « ma » culture. J’accepte peu à peu que la frilosité de certains envers moi soit en réalité un respect de ma personne et de mon espace, une timidité dans la relation à l’autre, mais ce n’est jamais de l’indifférence… Tout simplement le fruit d’une construction sociale des rapports humains.
Je perçois maintenant l’importance d’entamer une action de plaidoyer auprès de nos représentants politiques. Jusqu’à présent, l’ouverture des frontières s’affiche dans une logique économique. Je la voudrais citoyenne, sociale, culturelle, qu’elle soutienne les initiatives humaines dans l’idée d’alimenter les échanges de jeunes, afin qu’ils pratiquent une mobilité formatrice comme outil de construction de soi. Car finalement, l’interculturalité est aussi là où on l’attend le moins ! »
dialogue interculturel, diversité culturelle
L’impossible dialogue des cultures ?
Propos recueillis par Rosie Westerveld - Association Génération Coopération (GéCo)
Altermondes n°16 - décembre 2008 > février 2009, www.altermondes.org