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Chocs de cultures : concepts et enjeux pratiques de l’interculturel

Une lecture du livre de C. Camilleri et M. Cohen-Emerique

Claire BARTHÉLÉMY

12 / 2006

L’ouvrage collectif Chocs de cultures : concepts et enjeux pratiques de l’interculturel s’intéresse aux « différences culturelles au quotidien », particulièrement dans les pratiques professionnelles en France. L’objectif de ce livre est de proposer des analyses permettant de réussir la communication et donc les projets mettant en rapport différentes cultures. Une partie traite des questions des immigrés en France, une autre de l’exportation du modèle français à l’étranger.

Les problèmes de communication peuvent venir de l’ethnocentrisme ou des préjugés des interlocuteurs, mais il peut aussi y avoir de véritables conflits culturels, identitaires.

La solution proposée par cet ouvrage pour la conciliation entre les cultures est le recours à l’interculturel, notion délimitée à partir d’une analyse théorique du culturel ainsi que de développements sur le plan pratique, professionnel, dans le domaine de la santé, de l’action sociale, de l’enseignement, de l’entreprise, des associations, de la coopération, etc. C’est cette partie qui est la plus intéressante, la partie théorique étant assez classique et donnant d’ailleurs de bonnes définitions concernant culture et identité, notamment dans le contexte industriel où la diversification des identités se développe.

Margalit Cohen-Emerique écrit un chapitre sur les travailleurs sociaux et les migrants. Elle y souligne l’importance pour le travailleur social de connaître la culture du migrant et de s’y intéresser en s’adressant directement à lui.

Elle met cependant en garde par rapport à la notion de culture d’origine. Tout d’abord, l’identité culturelle d’un individu est complexe ; en plus en l’occurrence s’ajoute un élément qui est lié à la situation de migrant ; enfin le travailleur social a lui aussi une identité culturelle qui entre en cause dans son analyse et dans la communication avec le migrant.

Pour que l’aide apportée atteigne son but, il faut arriver à reconnaître l’identité du migrant. Pour cela il faut s’écarter des préjugés et même parfois du racisme, mais aussi des représentations personnelles et culturelles du travailleur social. Margalit Cohen-Emerique analyse aussi les « mal-entendus » qui font écran à cette reconnaissance identitaire, qui sont liés aux techniques et attitudes professionnelles : la prééminence accordée au verbal, alors que la métacommunication traduit les dimensions cachées de la culture d’un individu, ainsi que la grille d’interprétation des dires et des conduites, le procédé d’attribution qui a pour but de découvrir l’origine des difficultés des personnes. L’auteur conseille de tenter de décoder les conduites, d’être attentif aux détails, mais aussi de se décentrer, de chercher les cadres de référence de l’autre, de prendre de la distance.

Tous ces éléments tirés de la pratique professionnelle, que l’on retrouve de diverses façons dans les autres développements de ce livre, conduisent à une même conclusion ou remarque : l’importance de la connaissance du facteur culturel pour aborder les relations interculturelles.

Connaissance de la culture de l’autre, mais aussi de sa propre culture ; connaissance des mécanismes culturels, de la formation de l’identité culturelle individuelle et collective, des diverses dimensions de la culture.

Quel enseignement est prodigué, de manière continue ou ponctuelle, aux professionnels ayant à travailler dans un contexte interculturel ? Une de mes amies a suivi la formation d’éducateur spécialisé dans laquelle on lui a dispensé des cours sur l’interculturel : « C’était par exemple sur les différentes perceptions de la marginalité ou de la folie ou encore du handicap selon les cultures. Et puis on parlait aussi de nos préjugés en tant qu’occidentaux sur certains modes de vie culturels qu’il n’était pas toujours facile de dépasser dans une situation d’aide à la personne. » Une autre est actuellement en Mauritanie au Centre culturel français pour deux ans comme volontaire internationale : « non je n’ai eu aucune information ou formation au sujet du dialogue interculturel ou sur la culture mauritanienne… ».

Mots-clés

choc culturel, dialogue interculturel, malentendu culturel, travailleur social

Source

Livre

CAMILLERI Carmel, COHEN-EMERIQUE Margalit. Chocs des cultures : concepts et enjeux pratiques de l’interculturel. Paris : Éditions L’harmattan, 2003. Collection Espaces Interculturels. 398 p.

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