Une action pilote de formation et d’insertion par l’économique
Alain FORGEOT, Cécile LACHERET
11 / 1993
En France, la création d’entreprises par des étrangers est en progression constante (+ 61 % entre 1982 et 1990), suite notamment à la crise économique et sociale qui a touché les actifs étrangers plus durement que les autres. Les femmes étrangères ou issues de l’immigration ont une part non négligeable dans cette progression : elles cherchent ainsi à s’insérer dans le tissu économique, social et culturel, non seulement pour des raisons matérielles évidentes, mais aussi pour être reconnues en tant qu’actrices capables de se prende en charge, de s’affirmer et de réussir.
Créer une entreprise n’est pas une tâche aisée, surtout lorsqu’on est une femme, et immigrée ou étrangère de surcroît. Elle exige connaissances théoriques et pratiques et ténacité.
L’IRFED EUROPE a mené du 26 avril au 11 juin 1993 une action pilote de formation à la création d’entreprise avec un groupe de 18 femmes de cultures, origines et nationalités diverses, en situation de précarité devant l’emploi. Elles étaient toutes porteuses d’un projet de création d’entreprise économiquement viable et techniquement réalisable et réellement motivées pour le concrétiser.
La sélection des participantes a été réalisée en plusieurs étapes. Suite à l’annonce du stage (par mailing à 540 organismes pertinents, sur minitel par l’Agence nationale pour la création d’entreprises et par divers autres moyens), 108 personnes ont été convoquées, 69 ont participé par petits groupes à des réunions d’information sur le stage, souvent prolongées par des entretiens individuels, 38 ont été reçues pour un second entretien, 11 pour un troisème. 18 ont été retenues après un bilan orientation préalable sous forme d’un entretien approfondi avec un conseiller pédagogique permettant de mesurer avec elles la validité de leur projet et leur motivation.
"Conçu de manière souple de façon à pouvoir être modulé en fonction des besoins du groupe, le programme du stage, qui s’est étalé sur sept semaines, a consisté en plusieurs modules d’un ou deux jours chacun : marketing, comptabilité et gestion, organisation, communication, questions juridiques, administratives et fiscales, dispositifs d’aide et d’appui à la création d’entreprise, financement et développement de l’entreprise, initiation à l’économie et à la comptabilité nationale, etc."
"Tout exposé ou intervention alliait une présentation générale du sujet et une prise en compte du projet de création de chaque participante, s’appuyait sur un aller-retour constant entre le général et le particulier et sur une alternance entre travail en grand groupe, en petits groupes et individuel. Les projets de chacune ont ainsi été intégrés à la démarche pédagogique collective et le groupe s’est très rapidement senti concerné par le projet de chacune."
Du temps de travail individuel a été réservé pour le montage du dossier de projet de chacune. D’autre part, "chaque semaine, du temps était consacré à des activités plus méthodologiques telles que préparation d’un questionnaire pour la visite d’une entreprise, élaboration d’une grille d’avancement des dossiers des projets, réalisation d’une grille d’analyse des fonctions d’une responsable d’entreprise, etc." Deux visites d’entreprises ont été organisées en fonction des projets des participantes, ainsi qu’une rencontre avec des femmes chefs d’entreprise de différentes origines et nationalités. Un journal de bord a permis aux participantes de mettre en commun leurs remarques, commentaires et propositions et de constituer un dossier qui permettait de suivre ensemble les progrès de chacune.
Un support pédagogique, "La boîte à outils de la créatrise" a été élaboré spécialement pour le stage sous forme d’une soixantaine de fiches techniques sur cinq thèmes : statuts juridiques des entreprises, formalités administratives, aides à la création, problèmes de financement, adresses utiles. Il a été remis aux stagiaires dans un classeur leur permettant d’insérer leurs propres notes.
Le dernier jour a été consacré à l’évaluation du stage avec les participantes. Elles ont apprécié son contenu et sa démarche pédagogique, en particulier la valorisation de la diversité de leurs origines. L’une d’elles a conclu ainsi : "Ce stage était différent des autres. Il nous a permis de sortir de l’isolement, d’avancer, d’apprendre les unes des autres". Une autre : "Il a ouvert nos horizons et nous a donné confiance en nous".
Dès le départ, un accompagnement après la fin du stage était prévu. Les participantes peuvent "s’adresser à l’IRFED pour tous renseignements, aides pour l’élaboration ou le suivi d’un dossier, mise en rapport avec un organisme relais ou une personne ressource. Pour tout appui spécialisé (juriste, expert financier, comptable...), un système de chèques-conseils a été mis en place qui leur donne un crédit de trois heures de consultation auprès d’un spécialiste, à choisir de préférence parmi le réseau de partenaires de l’IRFED.
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, Francia, Paris
Il faut souligner l’intérêt de la démarche pédagogique adoptée pour le stage : "Axée sur la réalité et le vécu des participantes, elle a été participative, interactive et interculturelle et a permis de développer à la fois la solidarité du groupe et l’autonomie personnelle". Notons également que le suivi des participantes après le stage n’est pas une pratique habituelle des stages de formation ’traditionnels’.
Tableaux, statistiques.
Informe
PADRUN, Ruth, IRFED EUROPE, 1993/08
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