Comment contrôler les groupements et les entreprises tout en leur laissant l’initiative (Entente de Diouloulou, Sénégal)
07 / 1998
a) Le fonctionnement jusqu’en 1990.
"En 1990, nous avons tenté de changer de système de travail. Entre 1986 et 1989, il y avait deux "Comités" (Bureau social et Bureau du GIE) et c’était la rencontre des 2 bureaux qui gérait les activités. Le GIE (Groupement d’Intérêt Economique) gérait tout l’aspect économique de l’association. C’est vrai que dans le bureau social, nous avions un trésorier général de l’association, mais il ne gérait que le fonds qui allait dans les activités sociales (achat de médicaments, de matériel pour les bureaux, ...). Pour ce qui est des activités économiques, c’est le GIE qui gérait. C’est un peu une branche autonome de l’association. Cependant, l’assemblée décidait des activités que le GIE allait gérer. Partant de là, le GIE siégeait avec ses techniciens et prenait ses propres décisions. Il a toujours été dit que chaque trimestre, il rendait des comptes au CA qui, à son tour, tenait au courant l’Assemblée Générale. Au sein de l’association, le suivi de toutes les activités se fait directement par le coordinateur d’activités.
b) Un changement nécessaire pour plus d’implication des membres.
On voyait que cela marchait très mal, car les responsables n’étaient pas acteurs dans les domaines entrepris par l’association et connaissaient donc mal les activités elles-mêmes. Donc, on a dit que le Comité de Gestion devait pouvoir regrouper tous les responsables d’activités, plus le Coordinateur et éventuellement le Président de l’association. Comme ça, en cas de problème au niveau des entreprises, ce sont ces responsables-là qui peuvent dire : "Nous avons tel problème" et qui peuvent même donner des propositions de solution. C’est ainsi que l’on a dit : "Le Comité de gestion sera désormais constitué des responsables d’activités ; il se réunira tous les 26 de chaque mois, pour étudier les problèmes de chaque activité". Et puis, comme on s’est lancé dans un domaine économique, il fallait que les gens constituent des entreprises réelles (pas seulement des entreprises de nom). Pour cela on a mis en place un système de marketing. On a formé deux jeunes en marketing qui étaient chargés de publiciser nos produits.
c) Le fonctionnement actuel.
La prise de décision interne, au niveau de l’association, fonctionne désormais comme suit : par exemple, pour préparer une campagne, mon groupement doit cultiver deux hectares de mil et deux hectares d’arachides. Les gens s’accordent sur un principe, le groupement qui ne réalise pas ce qu’il a dit, est sanctionné par une amende de 30.000 CFA (300 FF). Si c’est une personne qui "déraille" au niveau de l’association, immédiatement le Bureau Social se réunit, étudie le problème et le soumet au Conseil d’Administration. C’est au Conseil d’Administration que la décision est prise : faut-il sanctionner la personne ou le groupement fautif ? Car dans les statuts il est bien dit que : "le groupement qui n’a pas respecté ce qu’il a dit a une amende de 30.000 CFA". Si c’est un animateur qui ne fait pas son travail, il est écarté immédiatement.
d/ Les rôles de l’Entente de Diouloulou vis-à-vis des groupements membres.
L’association (L’Entente de Diouloulou) est en quelque sorte seulement le coordinateur, le contrôleur de ce qui est allé comme apport pour un projet appuyé par un bailleur au groupement. Nous ne voulons pas qu’un groupement fasse ce qui n’est pas dit dans le projet ou n’arrive pas à gérer correctement ce projet. Il va de soi que l’association contrôle puisqu’elle doit se justifier au niveau du bailleur. Son coordinateur d’activités fait le suivi et met en place des outils de gestion au niveau des groupements. Parce que dans chaque groupement au moins, l’association a un répondant qui est l’animateur résident, qui fait lui aussi le point sur la situation des activités qui sont menées au niveau du groupement. L’association est là en tant qu’appui technique, sur les formations, la gestion ou des choses comme cela. L’association aussi a ses propres activités. Par exemple, les boutiques ne sont pas des activités des groupements. Mais dès qu’il y a un financement pour un groupement, l’association balance tous les fonds directement au niveau du groupement. C’est le Conseil d’Administration qui prend les décisions, l’assemblée donne les grandes lignes. Et puis il y a le bureau exécutif pour exécuter l’ensemble des projets. Si c’est pour quelque chose qui doit être rapidement exécuté, quelquefois le bureau exécutif prend l’initiative de la décision et en fait ensuite part au CA pour lui rendre compte. Mais la plupart du temps, c’est le CA qui prend les décisions. Le comité de gestion, lui, est une cellule technique n’ayant aucun pouvoir de décision".
organización campesina, administración de empresas, desarrollo local
, Senegal, Diouloulou
Devant les difficultés de coordination et de critique des activités, l’Entente de Diouloulou s’est réorganisée. Notre interlocuteur décrit le système qui a été mis en place, un système qui permet à la fois de respecter la responsabilité et le financement propre de chacun des groupements et de mettre les responsables de l’association face aux problèmes rencontrés par les différents responsables d’activités sociales et d’activités économiques.
Cette fiche est la quatrième d’une série de 4 fiches composées à partir d’un même interview de Pascal Mané.
Entretien avec MANE, Pascal réalisé à Diouloulou en juillet 1998.
Entrevista
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