Paix des cultures et culture de paix

L’AFAA est peu connue du grand public alors que, de tournées d’artistes, de troupes et d’orchestres les plus prestigieux, à l’étranger, en expositions telles que "Vikings" à Paris, elle est l’organisatrice de la plupart des grandes manifestations culturelles internationales réalisées par la France depuis qu’elle s’est donné pour mission, en 1922, de favoriser les échanges artistiques entre la France et l’étranger.

Financée principalement par le Ministère des Affaires étrangères, elle se présente elle-même comme une "auxilliaire discrète de la diplomatie" contribuant largement à faire de la culture française une composante essentielle de la politique internationale de la France et de la coopération artistique une des coopérations majeures.

A l’occasion de son 70e anniversaire, Jean Digne, son directeur, déclarait : "la culture est devenue un secteur de consommation fantastique. Nous évoluons désormais dans une époque post-industrielle où les services sont prépondérants. Les artistes ont donc un rôle capital à jouer, et ce d’autant plus qu’il y a un monde à reconstruire depuis la fin des grands blocs. Les artistes, plus que tous les autres, construisent des mondes par obligation existentielle".

Les grandes expositions ont permis au public français de découvrir d’autres civilisations et participent ainsi à la recherche du dialogue. Mais ce sont les créations récentes qui manifestent le plus cette volonté d’imaginer de nouvelles relations. "Déborder le cadre de la tournée, se mettre à l’écoute renforcent durablement les relations avec certains pays." C’est dans cet esprit que l’AFAA a pris en compte la transformation politique des pays de l’Est. Des danseurs et chorégraphes diront par exemple combien a été "unique et bouleversante" pour eux l’expérience d’échanges avec des artistes roumains à partir de 1990 : "elle m’a appris ce que liberté - ou manque de liberté - veut dire ! ".

L’opération Cargo 92 a réalisé le voeu de Jean-Louis Barrault, qui était de "faire d’un bateau l’ambassade itinérante de la civilisation d’un pays", et fêté de manière éclatante le Cinquième centenaire de la rencontre de deux mondes en emmenant quatre troupes françaises, mêlant le théâtre de rue, le rock, la chorégraphie contemporaine et le théâtre visuel, en Amérique latine. Cette grande tournée populaire touchera un public de plus d’un million de personnes, dans six ports de la côte et quarantes villes de dix-sept pays. Il en naît une nouvelle aventure, "El Expresso del hielo", un train-spectacle de feu et de glace qui traverse la Colombie à la fin de l’année 93, en associant artistes et techniciens français et colombiens. Dans le pays réputé le plus violent de la planète, ce train magique, transportant légende colombienne et saltimbanques venus d’un autre continent, qui revitalise un réseau et des villages délaissés, est apparu comme le train de la paix.