09 / 1995
A Chambéry (Savoie), Ouranos Art’s et Ouranos Travail Amitié Partage sont deux associations nées d’une volonté assidue d’un groupe de personnes bénévoles. Leur projet était d’accueillir des sans domicile fixe rejetés des structures d’accueil traditionnelles pour cause de mauvais comportements (alcoolisme répété, violences…), et de trouver avec eux des possibilités de logement adapté à leur situation. C’est ainsi qu’en 1989, 6 d’entre eux réhabilitaient un local dans un immeuble mis à disposition par un propriétaire privé, puis 10 autres retapaient une vieille ferme dans les mêmes conditions. Ces projets étaient cependant remis en cause en fin de bail (de la durée d’amortissement des travaux)ou lors de changements de propriétaires fonciers, obligeant les personnes mobilisées sur ce projet à se remotiver sans cesse…
Éric, 27 ans, SDF pendant 10 ans a trouvé là un cadre suffisamment souple et des motivations à rester mais il souhaite maintenant construire sa propre maison. En effet, avec d’autres résidents et l’aide d’Ouranos Art’s, ils ont expérimenté un procédé de construction en structure/bois (Évolutoi…t)reconnu fiable par un cabinet spécialisé (Véritas). Cela a renforcé le projet d’une auto-construction en accession à la propriété, seule solution pérenne et adaptée à leurs besoins et modes de vie.
lI faut dire qu’Ouranos, avec ses bénévoles appuie en ce sens, motive, soutient… et recherche des solutions et des partenaires. C’est ainsi que ce projet appelé ÉVOLUTOI…T a été retenu par la Direction de la Construction et de l’Habitat en février 1994 dans le cadre d’un appel de proposition « un domicile pour les sans abris - Où et comment habiter ?". Une maison modèle a été présentée à l’occasion de la Foire et du Salon de l’Habitat de Savoie en 94.
Les partenaires publics se sont intéressés au projet. Pourtant, malgré le soutien d’associations telles que la Fédération des Associations pour l’Insertion par le Logement, la FNARS, la Fondation Abbé Pierre… le projet légitimé, reconnu, achoppait sur l’impossibilité d’acheter un terrain susceptible d’accueillir les 5 maisons envisagées.
L’Opac de Chambéry s’est finalement proposé pour tenter l’expérience. Mais le projet initial s’en voit transformé. L’Opac devient maître d’ouvrage et cherche les financements liés à du logement locatif. Il met à disposition un terrain pour que les personnes concernées par le projet puissent construire leur logement. Elles seront assurées d’y habiter quelles que soient leurs ressources, mais en tant que locataire. Leur temps de travail dans la construction devient un temps de formation professionnelle avec un plan de formation adapté à chacune. Sont inté-grés au projet des artisans pour les travaux de plomberie, d’électricité…, une entreprise d’in-sertion locale (l’AFTJ)pour les aspects techni-ques des travaux, Ouranos TAP et Ouranos Art’s porteurs du projet pour la prise en charge de l’accompagnement social, et un service immo-bilier à vocation sociale (Le Grillon)pour la gestion du patrimoine ainsi construit.
La modification du projet initial est vécue comme une étape supplémentaire par les porteurs de projet associatifs : « il faut faire la preuve d’un bon comportement dans l’habitat… avant que l’on nous fasse entièrement confiance, c’est lié au public visé par ce projet d’insertion par le logement…". Pour l’Opac cette réponse était la seule qu’il est en mesure d’apporter dans son domaine de compétences. Habilité à faire du logement locatif, son savoir faire technique et financier peut ici se développer. En légitimant le projet, il catalyse l’investissement des différents partenaires publics intéressés (services de l’État et de la Ville, la ville de Chambéry, le Conseil Général…)et permet sa réalisation dans des temps a priori raisonnables. Il devait démarrer au plus tard à l’automne 1995, or la rentrée s’annonce difficile et la recherche des financements se reporte sur 1996, repousssant une finalisation de celui-ci au mieux au printemps 96. Que faire sinon suivre, quand l’absence de solution le voue à l’échec malgré tout l’intérêt qu’il présente ?
La réponse de l’Opac agrée tous les partenaires publics car elle permet de trouver une solution à un projet qui sort de l’ordinaire. Elle oblige aussi à clarifier, ordonner et hiérarchiser les étapes et les budgets sollicités pour la réalisation. Pour autant, elle ne répond pas vraiment à celui-ci : elle propose aux porteurs de projet de s’adapter et de se mouler aux cadres administratifs et financiers connus de tous les partenaires plutôt que de chercher des solutions innovantes, expérimentales (telles que La Réunion a pu en trouver avec le Logement Évolutif Social en accession par exemple). Elle modifie en profondeur le projet initial en passant de l’idée d’accession à une location. Ouranos accepte la modification pour des raisons pragmatiques : la réalisation des logements qui seront habités par les personnes concernées vaut mieux que le non aboutissement du projet initial et permet de maintenir leur motivation et leur mobilisation. Mais cela reste fragile et risque d’être remis en cause si le temps de réalisation du projet s’allonge encore pour raisons techniques.
acceso a la propiedad, acceso a la vivienda, autoconstrucción, inserción social, capacitación profesional
, Francia, Chambéry
Cette fiche est co-produite par le CR-DSU et HABITAT FORMATION, 12 rue Poncelet, 75017 PARIS. Tel 44 15 14 00.
Contact : Ouranos, tel 07 46 54 01/ 79 60 07 36
Entretien avec BASTIAN, Albert
Entrevista
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