Lorsque l’approche technique devient un obstacle à l’établissement de rapports humains
05 / 1993
Octobre 1986 : Une équipe de volontaires de l’AUI intervient au Salvador suite au tremblement de terre qui avait frappé ce pays.
Malgré un travail satisfaisant sur le plan technique, le bilan de l’intervention est marqué par une certaine frustration. En effet, l’équipe a l’impression d’avoir "raté" quelque chose... ou d’être passée "à côté de la plaque".
Avec du recul, des échanges et à la lecture des rapports d’intervention, il nous semble que le problème majeur qui s’est posé se trouvait dans l’approche même de l’équipe. En effet, si l’association a toujours insisté sur la nécessité d’une polyvalence et d’une adaptation aux situations et priorités locales, l’équipe était partie avec une approche de techniciens, voire d’experts, dont la mission était un travail d’urgence... du sauvetage.
Passée cette limite, ils ne se sentaient pas prêts à assumer d’autres tâches telle la reconstruction, comme en témoignent quelques extraits de rapports individuels :
"Je ne me faisais aucune idée du lancement et d’une aide à la construction d’un bâtiment, (...)la première idée proposée par P. et P.A. était de travailler avec les gens dans les quartiers pauvres, je ne voyais pas la finalité. Je préférais travailler à un projet collectif et non individuel (ex. sanitaire, dégagement d’une source d’eau potable)." (B.S.)
Le rapport d’une volontaire, Catherine M. est très claire à ce sujet : "D’abord, je suis partie de Paris dans l’esprit de faire du sauvetage et non de la reconstruction..."
Une synthèse de plusieurs rapports de l’époque souligne que malgré les différentes pistes de travail existantes dans le domaine de la reconstruction "l’équipe (...), axée sur les problèmes de sauvetage, a préféré, étant donné les conditions, partir ("Nous ne sommes pas prêts pour cette deuxième urgence").
Le rapport souligne aussi un manque de préparation de l’équipe : "Les volontaires n’avaient aucune notion sur le pays et sur les problèmes politiques et de niveau de vie."
En conclusion : "La formation des volontaires est à revoir sur bien des points (...), plus polyvalente (...)et non seulement sur le plan strictement opérationnel mais aussi sur le plan connaissance des pays sujets aux catastrophes (problèmes politiques, démographiques, langues utiles etc...)."
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, El salvador
Dans l’optique de l’AUI, la période dite "d’urgence" est le moment privilégié pour engendrer des dynamiques de partenariat à moyen et à long terme. Au Salvador, l’intervention fut techniquement réussie et pourtant, l’équipe est passée à côté de cette dynamique recherchée.
L’analyse des rapports d’intervention montre que l’équipe s’est basée sur une approche purement technique. Les propos des volontaires semblent traduire un malaise par rapport à une relation directe avec les populations : on traite avec un projet et non avec des personnes (alibi de l’expert).
L’expérience montre la nécessité de mieux préparer les volontaires aux différents contextes culturels qu’ils risquent de rencontrer. L’apprentissage technique doit s’accompagner d’une approche humaine et interculturelle. Le choix des volontaires doit aussi prendre en compte leurs capacités de communication et de contact. C’est un préalable nécessaire à toute démarche de partenariat.
Informe
ROBERTS, Tom, AUI=Action d'Urgence Internationale
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