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Alphabétisation et autogestion

Document de référence méthodologique du programme d’alphabétisation pour l’autogestion des périmètres irrigués villageois - PAAP

Anne FONTENEAU

10 / 1994

Le fort taux d’analphabétisme des populations rurales sahéliennes constitue un lourd handicap pour l’autogestion d’une activité économique. De nombreux projets de développement ont donc intégré, dans leur déroulement, un volet alphabétisation conçu la plupart du temps, selon le schéma suivant : acquisition d’un certain niveau d’alphabétisation puis approche du contenu technique de la formation. Le projet ACOPAM "Appui associatif et coopératif aux initiatives de base dans le Sahel", fruit d’un partenariat entre les pays sahéliens, la Norvège et le BIT (Bureau International du Travail)est centré sur la formation des producteurs ruraux. Il a donc longtemps suivi la même démarche avant de constater son faible taux de réussite. D’où la mise au point par le projet BIT/ACOPAM d’une nouvelle approche méthodologique dont l’idée maîtresse est de lier le contenu de l’alphabétisation à l’objectif de formation, dans le cas présent, la gestion d’un périmètre irrigué villageois (PIV). C’est là l’origine du programme d’alphabétisation pour l’autogestion d’un périmètre irrigué villageois (PAAP). Les hypothèses de base du PAAP reposent sur plusieurs constatations tirées de la pratique. Les exploitants des PIV expriment avant tout une demande de gestion plutôt qu’une demande d’alphabétisation d’où l’apprentissage prioritaire des chiffres et du calcul afin de maîtriser l’approvisionnement en intrants, l’amortissement de la motopompe, la gestion de la caisse...De plus, le nombre limité de signes à savoir identifier et tracer dans le cas du calcul (dix chiffres et quatre symboles d’opération)permet une mise en pratique rapide qui augmente la motivation. Pour la gestion d’un PIV, seuls quelques mots doivent vraiment être connus (gasoil, huile, phosphate...)ce qui conduit à une approche d’abord limitée et sélective des lettres de l’alphabet. Plutôt qu’une alphabétisation uniforme et de masse, un enseignement adapté aux réels besoins des auditeurs est préféré : formation complète pour les membres élus du comité, plus restreinte pour les exploitants. Enfin, le programme intègre l’utilisation de la calculatrice. Un PAAP se compose donc de trois phases. La première s’intéresse à l’apprentissage des chiffres, des nombres et du calcul. Elle sert à l’introduction de deux documents de gestion, la fiche de stock et le livre de caisse. Les notions de mesure de longueur, de poids, de temps sont approchées avec le mètre ruban, la bascule, la montre d’où la découverte des lettres et groupes de lettres m, h, l, mn, kg. La deuxième phase aborde la reconnaissance d’images représentant les principaux éléments intervenant dans la gestion du PIV et l’écriture des termes leur correspondant. Ceux-ci servent alors à remplir les documents de gestion déjà connus plus le reçu. La troisième phase complète l’alphabétisation avec la lecture et l’écriture des lettres pour la composition des textes. La formation en gestion est renforcée par l’utilisation de la fiche de suivi de la motopompe. Les trois phases du PAAP nécessitent environ trois mois et se terminent chacune par un test d’évaluation. Un matériel didactique pour l’alphabétiseur (qui a suivi une formation spécifique)et l’auditeur a été mis au point (livret de cours, cahier d’exercices...). Mais en se limitant aux frais indispensables, on arrive à un coût total de formation d’un auditeur de 2272 FCFA (22,72 FF).Fonctionnalité de l’apprentissage et faible coût expliquent le succès du PAAP expérimenté depuis 1991 au Mali autour de Mopti, Gao, Tombouctou. Concrètement, dans les PIV concernés, les documents de gestion sont mieux tenus. Certains exploitants nouvellement formés ont pu remettre en cause des chiffres proposés par le comité de gestion, inaugurant ainsi une certaine forme de contrepouvoir dans les villages. Le recouvrement des redevances et la commercialisation ont été facilitées par la maîtrise de la bascule. La demande de journaux, la correspondance échangée entre paysans et structure d’encadrement illustrent l’adhésion des villageois à cette méthode.

Palabras claves

alfabetización, cooperación internacional, desarrollo autónomo, desarrollo rural, método pedagógico, metodología, educación y cambio social


, Mali, Mopti, Gao, Tombouctou

Comentarios

Ce document présente donc une conception de l’alphabétisation entièrement basée sur les besoins des exploitants de PIV, d’où l’importance accordée à l’apprentissage de la gestion. Fruit d’une réflexion et d’une expérimentation sur le terrain, le PAAP a cependant pu être adapté aux impératifs d’une coopérative de pêche, d’un centre de santé, d’un projet de crédit-épargne. Il a été utilisé au Mali dans six langues : bambara, bozo, fufulde, songhaï, songhoï et tamachek. Une difusion accrue de la méthode, "en dehors du cercle des collègues convaincus", dans d’autres domaines et d’autres pays ne peut qu’être encouragée.

Notas

BIT : Bureau International du Travail ; PAM : Programme Alimentaire Mondial.

Fuente

Documentación gris

ACOPAM; BIT, 1994/03/00

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